En 94, l’arrivée du BPR va révolutionner le monde de l’endurance… et celui de la supercar. Ca tombe bien puisque chez Lotus, on a interrompu le programme F1 et on vient de développer un tout nouveau V8 pour le coller à la vieillissante Esprit. L’occasion pour le constructeur anglais de prouver que sa sportive en a encore dans le châssis et en faire une Lotus Esprit GT1…

Après la F1

Depuis le début des années 90’s, Lotus vit des heures compliquées. En F1, le châssis anglais voit défiler les moteurs au fil des saisons, V12 Lamborghini en 90, V8 Judd en 91, puis V8 Ford en 92 et 93 pour enchainer avec le V10 Mugen Honda en 94… mais après une saison catastrophique, Mugen préfère partir chez Ligier et Lotus arrête l’hémorragie. De toute façon les comptes sont vides et le Team Lotus (que Colin Chapman avait pris soin de séparer de la division auto) est placé en liquidation avant d’être repris par David Hunt, qui n’est autre que le frère de James Hunt. Mais ceci est une autre histoire.

Nouvelle discipline pour nouveau V8

Il n’empêche que chez Lotus qui appartient depuis 93 à l’homme d’affaire italien Romano Artioli (déjà propriétaire de Bugatti) il faut trouver autre chose pour faire la promo de la marque. D’autant plus que les ingénieurs anglais sont en train de mettre le dernier coup de clé au nouveau V8 qui devrait rajeunir l’Esprit.

Esprit GT3, GT2 et maintenant GT1

L’occasion est trop belle. Si la Lotus Esprit coure déjà en GT2 et GT3 (motorisée par le 4 cylindres turbo) l’arrivée du V8 « maison » est l’occasion de la faire monter d’un cran et de l’homologuer en GT1. Afin de la développer, Lotus ouvre une structure rien que pour elle, la Lotus GT1 Engineering où vont se retrouver une partie des anciens ingénieurs de la F1.

Règlement oblige

Conformément au règlement, le châssis est celui de la voiture de production. Il est renforcé et équipé d’un arceau tubulaire. L’avant passe en double triangulation et l’arrière en bras oscillants. Les suspensions réglables sont fournies par Penske et le freinage est signé AP Racing.

550 ch pour 900 kg

La coque est 100% carbone et en profite pour adopter les dernières évolutions stylistiques de la sportive qui affiche déjà 20 ans de carrière. Juste derrière le cockpit, le V8 3.5 l tout alu se contente d’un seul turbo pour afficher 550 ch. Il est associé à une boite 6 manuelle Hewland. Avec seulement 900 kg sur la balance, elle a tout c’qu’il faut pour aller se frotter à l’élite de la discipline.

En face, ça ne rigole pas non plus !

Si ce n’est que l’élite, elle s’appelle McLaren F1 GTR, Ferrari F40 GTE, Porsche 911 GT2 Evo et Venturi 600 LM… autant dire que si l’Esprit a été adaptée pour coller au règlement, elle se retrouve face à des monstres développés spécifiquement pour la course, avec, pour ne rien arranger, un moteur qui doit encore tout prouver, à commencer par sa fiabilité !

Heureusement, il y a Silverstone !

Sur les 11 courses que compte la saison 96, les Lotus Esprit GT1 ne verront les lignes d’arrivée qu’à 4 reprises dont une mémorable 2ème place aux 4 heures de Silverstone.  Un résultat à la maison, c’est déjà ça ! Malgré tout, à la fin de la saison, Lotus abandonne l’Esprit afin de se tourner vers la nouvelle star de la famille, l’Elise. Mais ceci est une autre histoire… oui, une deuxième !

Injustement oubliée

Malheureusement aujourd’hui, la Lotus Esprit GT1 fait partie de ces oubliées. En même temps, une seule saison, sans résultats probants, l’histoire a montré qu’on retient plus facilement celles qui gagnent plutôt que celles qui abandonnent…

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