Comment faire quand on est designer italien et qu’on aimerait bien bosser avec un constructeur américain ? Eh bien on prend l’initiative de construire sa propre bagnole en essayant d’attirer les projos. C’est la méthode qu’a appliquée Zagato pour essayer de séduire Cadillac… et ça a donné naissance à une caisse originale.
L’histoire est simple. Nous sommes en 1970 et chez Zagato on aurait bien aimé collaborer avec Cadillac, alors la référence américaine du premium. Mais voilà, du côté de Détroit on connaissait bien entendu le carrossier italien, mais on lui préférait son grand rival, Pininfarina.
Du coup, chez Zagato, on a essayé de faire différemment. Et c’est donc comme des grands qu’ils ont décidé d’imaginer la Cadillac Eldorado Mk7. Ca passe ou ça casse. Mais ce qui est sur, c’est que la vision toute « Zagatoïenne » de l’américaine s’est avérée être vraiment… spéciale !
Déjà par son architecture puisque le moteur, un V8 de 6l, a migré vers l’arrière. Au passage, il a vu l’arrivée de 2 turbos basse pression pour lui faire sortir 375 ch ! Oui, niveau rendement on a connu beaucoup mieux, surtout pour une respiration artificielle !
Au niveau de la boite, on peut parler de castration mécanique avec une Hydra-matic 3 rapports. Vous savez le genre de bois où vous avec un décalage horaire entre le Kick-down et le moment où la boite se réveille et se dit qu’effectivement, elle pourrait tomber 1 rapport.
Au niveau de l’habitacle, c’est digne d’une Cadillac des 70’s. Tout y est électrique, les vitres, les sièges, la clim et l’autoradio. On s’attendrait à y croiser un micro-onde et une Nespresso, mais en 1970, ça n’existait pas.
Esthétiquement, le toit est plat. Aucune trace du fameux double bossage, signature du carrossier italien. Cela n’empêche pas la Cadillac Eldorado d’avoir une gueule qui ferait plus penser à une GT anglaise plutôt qu’à une américaine. Les phares sont des pop-up, l’empattement est long, essayant de réunir une face avant fine et légère à un cul qui semble lui, peser 2 tonnes ! Kate Moss avec le cul de Nicki Minaj…!
En tout cas Zagato a exposé la voiture au salon de Turin en 71… Et les gars de Cadillac n’y ont porté aucune attention ! Tout comme les clients qui sont totalement restés indifférents au délire… sauf 1, Luigi Chinetti, importateur officiel Ferrari pour les Etats Unis, de passage à Turin pour jeter un oeil aux nouveautés, mais surtout, passer dire bonjour au Commandatore.
Il est séduit par la voiture et fait une proposition à Zagato qui accepte illico. Il la fait aussitôt rapatrier aux USA où il a l’intention de la revendre à de riches amateurs d’engins exclusifs et uniques. Il la rebaptise Cadillac Zagato NART du nom de son écurie de course (North America Racing Team) qui lui sert justement à promouvoir les Ferrari en course d’endurance sur le sol américain, et l’expose au salon de New York.
Elle ne sera pas vendue, et va finir stockée au fond d’un box, avant d’être rachetée en 87 pour 10.000 $ par un ferrailleur de l’Illinois. En 2006 il la met en vente chez RM Auctions lors du rassemblement de Monterey. Elle va changer de main pour 20.000 $ et se retrouver quelques jours plus tard sur Ebay où elle repart à 24.600 $.
Son nouveau proprio, un certain Philippe Olczyk va la faire entièrement restaurer. Elle est alors repeinte en rouge Ferrari et reçoit le logo de l’écurie NART sur les flancs et les initiales sur les fesses. Une fois finie, il l’inscrit chez Bonhams pour une vente qui va avoir lieu à Monaco. Il lui colle un prix de réserve de 500.000 $ ! La voiture ne trouvera pas d’acquéreur et se retrouvera en dépôt vente dans un garage Belge où elle va y rester de longs mois avant de disparaitre à nouveau. Elle est aujourd’hui toujours en vente, dans un garage en Italie, au prix de 124.000 $ !
C’est marrant cette collection de spéculateurs qui se sont vautrés à chaque fois… et ce manque de reconnaissance pour une caisse atypique mais pourtant unique, véritable mélange des genres. Américaine, Zagato, Ferrari… c’est sûrement pour ça qu’elle a du mal à trouver ses fans !
© Signatures éventuelles
Cette caisse me fait penser aux dernières capri des années 80 vu de l’avant, et a une …A310 vue de l’arrière !!!
Et ces jantes mal assorties qui lui donnent encore plus un coté » artisanat de fond de garage » …
On dirait une grosse alpine A310
J’ai pensé aussi à l’Alpine A310, surtout de profil. Du coup j’ai appris que celle-ci était dérivée d’un proto dessiné en Italie en 1967 !
https://alpineplanet.com/alpine-a310-lourd-succession/