Il est 8h lorsque je pose mon derrière dans ce baquet tendu de cuir noir, un petit détail fait toute la différence… un Cheval Cabré incrusté dans le cuir du dossier. Oui, le seul, l’unique, le Cavallino Rampante ! Je crois que c’est clair, on est bien dans une 360 Modena !

Le V8 ronronne doucement à travers un silencieux inox, un X-Ost Maranello, sagement callé sur son ralenti. La 360 a vieilli, c’est indéniable, mais elle garde une classe folle, une gueule à vous faire peur. Mettez là à coté un F430 et elle prendra un sérieux coup de vieux, qui en fera de même auprès d’une 458 Italia ! Quoiqu’il en soit, une Ferrari ça reste une Ferrari, ça en impose méchamment, surtout lorsque celle-ci se la joue « Dark Knight », vêtue d’une robe noire brillante et posée sur ses jantes 5 bâtons recouverte de gris Anthracite. Violente, limite rebelle la belle ! Le temps de loger la veste dans le coffre avant et le matos à mes pieds et nous voilà partis. Direction Loriol du Comtat, une bourgade à proximité de Carpentras. Et première surprise, le confort ! Ni dure, ni sèche. Les suspensions, malgré leur court débattement, absorbent les imperfections de la route avec sérénité. Pour être clair, pas de tassement de vertèbre ou le violent serrage de fesses lorsqu’on se rend compte d’une imperfection sur la route, un trou, un plaque d’égout qui dépasse, et qu’il est trop tard pour l’éviter. On contracte tous les muscles fessiers au même moment ou le bruit sourd de la roue raisonne dans tout l’habitacle, et vous frissonnez à l’idée d’avoir tordu la moitié de la caisse, d’avoir perdu la roue, le triangle, l’amorto … Et tout ce qui va avec ! Le quotidien de ceux qui roulent dans des caisses posées au ras du sol ! J’avais eu l’occasion de faire un tour en 360 Modena Spider il y a quelques années … L’absence de toit la rendait un peu plus « floue » et tremblante. Celle ci, est impériale et donc … Confortable, un toit ça change tout apparemment !

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– « J’ai quelques potes qui nous rejoignent à Loriol et on se fait le Ventoux » me fait Stéphane.

Une fois arrivé au point de rendez vous, on se retrouve très vite … Seuls ! Personne, dégun comme on dit ici. En fait, on a mal anticipé sur le temps du trajet, et on est grave en avance ! A moins que nous soyons allés trop vite pour eux ! Hola, ça provoque !

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Le spot étant sympathique, on s’improvise un petit shooting statique. Et on dresse l’oreille à chaque bruit de moteur hurlant qui approche. Piégé à chaque fois par des petits groupes de motards. Et par une 206 S16 en mode « tiouning » avec le silencieux et le flaming à la Norautal Style !

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– « J’espère qu’ils vont venir » me lance alors Stéphane.

Phrase qu’il a à peine le temps de terminer, avant de se faire interrompre par un hurlement de pistons en rut. Et là pas d’erreur possible, le bruit est loin de celui d’un silencieux Devil ! On dépasse les 4 cylindres… Et pas que…!

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Une F430, une Maserati Gran Turismo S 4.7, deux Elise, et une 997. Juste le temps de faire ouf, qu’une Camaro 45th anniversaire pointe le bout de sa béante calandre, suivie d’une 996 ! Enfin, un Cayman S vient compléter le groupe. Ouais, ça promet, et on en profite pour immortaliser l’instant au numérique. Et de changer de caleçon …! (Mais non, ne prenez pas tout au 1er degré sinon Zorro va débarquer !)

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Les présentations faites, chacun regagne son engin, et les gentlemen « startent » leurs engines dans un concert de démarreurs, de V8 italiens, flat 6, et les borborygmes en basse fréquence de la Camaro et de ses 8 gamelles ! Le rythme est celui de la balade, les routes sont tortueuses et étroites et les caisses sont basses, on va pas jouer aux chasses-neige. De temps en temps, une ligne droite permet à l’un d’entre nous d’ouvrir un peu, la route est dégagée, la visibilité est bonne, alors on libère un peu les chevaux du plaisir comme disait Bashung ! Et en parlant de plaisir, la Maserati Gran Turismo S sait en donner. « S » comme Sport … Je dirai plutôt « S » comme « Sa mère …! ». Visuellement déjà, une ligne somptueuse, pure, racée, puis auditive, car là, c’est une claque à chaque accélération ! Un « Vrooaaaappp » de toute beauté qui vous dresse les poils et vous donne le frisson. Et en plus, malgré un poids plutôt coriace, elle est loin d’être ridicule et suis le convoi sans aucune difficulté.

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Le Ventoux se présente, et ce sera par le coté Malaucène que nous lui grimperons dessus ! Pour les novices, sachez que le Géant de Provence n’a que 3 accès. Malaucène est le moins technique mais le plus « propre », route large, épingle à visibilité, dégagements … Le côté préféré des motards. Vous avez ensuite un accès en venant de Sault, petite route étroite et longue. La préférée des cyclistes « touristes ». Et enfin la fameuse montée de Bédoin, celle de la course de côte (Enfin quand il y en avait une !), et des « warriors » du tour de France … Celle des enchainements étroits sous les arbres entre les rambardes ou le flanc de montagne d’un côté, le ravin de l’autre ! Celle ou vous serrez les fesses à chaque fois que vous croisez une voiture … Et je vous laisse imaginer ce que vous serrez lorsqu’il s’agit d’un bus ! Celle de la célèbre épingle de St Estève, une épingle en plein dénivelé de 10% … Les aficionados régionaux (J’en fait parti 🙂 ) le font de nuit, « Initial D Style » mis à part que takumi aurait troqué son hachiroku contre un A310 ou une 205 GTI.  Hyper technique, hyper piégeux, le touge à la française ! Mais l’ascension de ce coté, ce sera pour une autre fois …

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La montée se présente, le rythme s’accélère, et il n’y a pas de secrets, la gazelle Boxster S pilotée de main de maitre, prend les devants, faut avouer que niveau châssis, Porsche maitrise le domaine, et le Cayman S est une vraie sprinteuse ! Dans son sillage, la Camaro ! Hé oui, les constructeurs US se sont mis au niveau des européens, aidés par l’abondance de couple de leurs big blocks qui va à merveille sur ce genre de route. Derrière la F430 suit le rythme en chantant, entrecoupée par un groupe de cyclistes, de motards ou d’un touriste. Mais il est un peu plus de 9h, et il faut reconnaitre que l’affluence est loin de celle d’un 15 Aout ! C’est propre, ça roule, mais pas de prise de risque incongrue ni irréfléchie. Chacun à sa vitesse de croisière. De toute façon sur ce genre de route, nul besoin de rouler à des vitesses supersoniques pour prendre du plaisir, surtout avec ce genre de sportives ou tous les sens en ont pour leur argent ! Nous suivons la Maserati, qui enroule sereinement, mais surement. Le ingénieurs font peut être des engins lourds, oui, presque 2 tonnes … C’est lourd ! Mais il n’empêche que la maitrise du poids ne les effraie plus, bien au contraire. L’efficacité et la facilité sont de la partie, chapeau bas ! Et derrière, tout le paradoxe, les fluettes et légères Lotus Elise suivent la cadence elles aussi.

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Stéphane quant à lui est concentré, les mains à 9h15, le majeur et l’index décollant de temps en temps pour jouer avec les palettes de la boite F1. Les rapports s’enchainent rapidement, le V8 hurle sa rage à plus de 8500 trs et nous enivre de ses vocalises dont seul Maranello a le secret ! Les freins mordent fort, et longtemps, sans faiblir. Le guidage est parfait et la motricité sans faille, malgré une route avec quelques portions humides et grasses. Mais la voiture n’est pas piégeuse, hormis une ou deux petite dérobades discrètes parfaitement gérées par un pilote concentré… Juste pour l’histoire, pour se concentrer Stéphane a besoin de se mettre le Best Of des Village People à fond ! Allez comprendre…

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En attendant il taquine méchamment, et la 360 Modena est un engin efficace, plaisant et qui marche fort. Mais tout ceci est exacerbé par deux éléments magiques, l’aura, l’âme de la voiture … Le Cavallino Rampante au centre du volant, le blason dans lequel vous vous déplacez ! Mais surtout le bouilleur qui s’agite dans votre dos et qui vous montre sa tête derrière la custode entre les deux appuis-tête ! Les 2 testa rossa, les têtes rouges ! Et ce chant … Mama mia, il vous prend au tripe au fur et à mesure que vous laissez le compte tour monter vers la zone rouge. En plus on a la stéréo avec celui de la Maserati devant nous ! Un moment magique je vous le dis !

Le temps d’une pause café au niveau du Mont Serein, et l’ascension reprend de plus belle,  jusqu’au sommet, paysage lunaire composé de cailloux, de pierres, et de caillasses (Vous voulez encore d’autres synonymes ?) ! Avec la tête dans les nuages en plus de ça, au sens propre comme au figuré … 20° en bas, 6° en haut … Effectivement ça pique ! C’est ici que nous décrocherons du convoi, laissant nos compagnons changer de terrain de jeu pour prendre la direction des Gorges de la Nesque. Pour notre part nous redescendrons par Bedoin. Stéphane me laissera prendre le volant et c’est alors une nouvelle claque. Non, ne riez pas, prendre le volant d’une Ferrari reste un moment privilégié, et impressionnant … Et je suis impressionné. Ce n’est pas une Twingo, la moindre éraflure se remboursera sur 24 mois minimum ! S’habituer rapidement au gabarit de la voiture, si l’avant passe, l’arrière pas forcément ! Bon, les chevaux sur les roues arrières, passe encore, j’en ai connu des plus méchantes. Mais tout ça, sur une route sinueuse et étroite ou croiser une autre voiture devient une épreuve à la Fort Boyard … J’ai la clé, j’ai la clé … Et Stéphane regrette déjà de me les avoir laissées sur ce genre de route justement ! Oupsssss … Alors pour se détendre il enlève les Village People et bascule sur la Compagnie Créole … Décalecatan Décalecatan … Mais finalement la voiture, à rythme « normal » est étonnante de facilité. Un vrai vélo … Hormis que la direction a tendance à suivre les ornières  et qu’il faut lui montrer que le boss, c’est vous. Pour les sensations il n’y a pas de secret, il faut la chatouiller et la chauffer un peu, la barre est haut placée. Seul bémol, la boite F1 qui demande quand même une petite adaptation pour ne pas se mélanger les pinceaux. Sinon pour le reste, ça freine, ça tourne et quand vous poussez, ben ça pousse ! Que du bonheur.

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Retour au bercail, petite discussion avec Stéphane qui, mis à part mes conneries sur les Village People et la Compagnie Créole, n’écoute que le chant du V8 en pistons mineurs ! Et lui aussi, si il devait un jour pouvoir se payer son rêve motorisé prendrait celle dont il dit que si il ne devait en rester qu’une ce serait elle … La F40 !

Concernant la voiture, sachez qu’elle est en vente chez VDR 84, elle est de 2001. L’équipement est complet, cuir, GPS Becker, pack alu …Elle n’a que 32 000 km avec un entretien et historique complet Ferrari et Noel Racing (Le spécialiste Aixois, jetez un oeil sur son site vous comprendrez !). Et croyez moi la voiture a une santé digne de sa sortie d’usine !

Allez, avec Stéphane, on vous réserve d’autres surprises pour bientôt, peut être une 911, peut être un duo mythique … Mais quoi qu’il en soit merci Stéphane et à tes potes pour cette journée de rêve vous avez tous de l’essence dans les veines.