La Corvette C4 a permis au constructeur américain de pouvoir enfin se frotter aux références européennes, technologiquement plus abouties que la sportive de Détroit. Pour combler son déficit technique, Chevrolet, aidé par Lotus, créait la ZR1 … Et pour enfoncer le clou Callaway la transformait en Sledgehammer !
Quel doux nom ! Le marteau du forgeron, communément connu comme « La Masse » … voyez la poésie la dedans ?! Le bon gros outil de bourrin qui pulvérise tout sur son passage … Car « pulvériser » est le verbe qui colle le plus à la Callaway.
Mais abordons d’abord le cas de la ZR1. Chevrolet cherche à se frotter aux sportives européennes, mais attention, la cible est haut placée, Testarossa, Countach, … les reines de la route en cette fin des années 80. Le problème c’est que la Corvette est rustique ! De la cylindrée et des chevaux ? Ce n’est pas un problème, les américains savent faire … Mais, pour les faire passer au sol, c’est une autre histoire …! Et face aux européennes, c’est un peu comme, à part les chevaux, chercher un point commun entre le turf et le rodéo …! Alors ils sont allés chercher en Europe pour demander de l’aide … auprès de Lotus. Le sorcier anglais va apporter son savoir faire, et le V8 5.7 l LT1 culbuté se verra paré d’une culasse à 4 soupapes par cylindre, une évolution qui va permettre à la Vette de prendre 375 ch voir de dépasser les 400 à partir de 1993. Chiffre qui ferait sourire aujourd’hui mais en 93, 400 ch ça faisait encore peur ! La voilà rentrée dans la cour des grandes. Niveau châssis, elle adopte un train avant à double triangulation ainsi qu’un innovant multibras à l’arrière, guidé par une originale suspension pilotée à 3 modes de fermeté. Le top du top à l’époque ! Pour finir, elle est équipée d’une moderne et encore peu courante boite ZF à 6 vitesses manuelles. L’objectif est atteint, elle devient aussi performante et efficace que les sportives allemandes ou italiennes citées plus haut, mais sait garder un caractère joueur à l’américaine pour un budget bien moindre … Tout aurait pu s’arrêter ainsi, une fin de conte de fée, vous voyez, ils furent heureux et patati et patata … Hé bien non !
Il a fallu que Mr Callaway, aille chez le concessionnaire Chevrolet à coté de chez lui pour se porter acquéreur d’une Corvette. Pas la ZR1 en plus (en même temps en 88 elle n’y était pas encore en concession, mais bon, on fera comme si ok ?!), le modèle d’en dessous, le 16 soupapes ! Il avait pris soin de se grimer afin qu’on ne puisse le reconnaitre, le coup de la grosse moustache et du chapeau … Ho le Village People … Raté, c’est Mr Callaway ! Une fois rentré chez lui, il se dit « Tiens, si je rangeait un peu mon atelier » et comme par hasard, il tombe sur une paire de turbocompresseurs … des Turbonetic TO4B … mais qu’allait t’il donc bien pouvoir en faire ? Ou les ranger ? Il se tourna, fixa la Corvette encore en rodage, puis les 2 turbos, puis la Corvette, puis les turbos et continua ce petit jeu pendant un moment ! Ces mouvements de va et vient causèrent alors un choc psychique rare « le touchage de fil intra-cranien » ! Faut préciser que Reeves Callaway pilote depuis 1973, qu’il créée sa boite en 1977 et se spécialise dans les kits turbo pour BMW, VW, Mercedes, Porsche, Alfa Roméo, … s’attaquant même à une caisse de Nascar. La Corvette, il va en faire sa Joconde … Le moteur, reçoit alors une prépa digne de la Nascar justement. Pistons forgés Mahle et renforts en veux tu en voilà ! Le système de refroidissement est fait sur mesure, et optimisé pour le rendement des deux grosses turbines ! Le bouilleur nécessite donc de beaucoup d’air pour bien respirer, mais dégage inversement énormément de chaleur … Qu’à cela ne tienne, la scie sauteuse est ton amie ! La caisse se trouve alors ornées de prises d’air qui ne sont pas là pour être belles, mais efficaces ! Donnant par la même occasion un côté « violent ».
Pour finir, Mr Callaway lui donne alors un nom qui va lui aller comme un gant … Sledgehammer … On dirait le nom d’un groupe de heavy métal ! Et elle le porte bien, parce qu’ainsi armée, la Corvette devient une arme de destruction massive, rien ne lui résiste … Pas même ses pneus arrières qui ont du être réalisés spécifiquement par Goodyear … Faut dire qu’à plus de 400 km/h il encaissent de sacrées contraintes ! Ha oui, parce que la Sledgehammer c’est … 898 ch, 1050 Nm, 0 à 100 à 3,9 secondes .. seulement puisque pendant la 1ère seconde les pneus cherchent le grip … et 410 km/h (record de vitesse homologué jusqu’à l’arrivée d’une fameuse Veyron !).. le tout à l’américaine, c’est à dire avec la sono Bose, la clim auto, les vitres élec, les sièges en cuir réglables électriquement en 3D, bon ils ont quand même rajouté un arceau et des harnais, pour pas que le passager saute en route surement ! Et les pneus qui partent en fumée à chaque pression sur l’accélérateur … avant de chercher le chrono, vous chercherez l’adhérence ! Non pas que Goodyear ne maîtrise pas le sujet, mais avec une telle avalanche de couple, les boudins de 315 font ce qu’ils peuvent, et sont vite débordés.
Dernier détail, Callaway est rentré dans la postérité grâce à sa Sledgehammer … « Sa », car finalement il n’y en a eu qu’une seule et unique ! Et vous savez quoi ? Elle va être mise aux enchères en janvier, si elle vous intéresse prévoyez quand même entre 750.000 et 1.000.000 de $ !
© akvette
Voilà, dorénavant vous pourrez briller lors de vos prochaines soirées parking, en racontant à vos potes la belle histoire de la Sledgehammer. Alors … Merci qui ?
Crédit photos : Callaway cars
Vous pouvez nous aider en participant à notre cagnotte qui n’attend plus que vous !
J’adore ce sujet !!!!!! Et la façon dont il est traité……
Je pensait qu’il y avait plusieurs exemplaires car dans l’option auto de l’époque, l’exemplaire était vert….
Florent Laloux Et là y’a rien ?
Ah si, quand même…