Il existe des caisses qui reviennent de loin… destinées à une mort certaine, il va leur suffire de croiser la route d’un ou plusieurs petrolhead acharnés pour renaitre de leur rouille ! Vous imaginez bien que si j’attaque mon intro de cette manière, c’est que la rencontre qui suit vaut largement le détour. Celle de Tony et de sa Cox, « The Rotten Soul ».
La vie de cette Cox de 61 s’avère assez pathétique, surtout à ses débuts. Peu après sa sortie de show room, elle s’est retrouvée remisée au fond d’un champs, probablement suite à un problème mécanique. Doucement, elle devient la cible du temps, de la météo et sert de banque d’organes. 40 ans d’intempéries et de pillage en règle ont fini par la transformer en une caisse posée à même le sol, totalement désossée et dévorée par la rouille.
Jusqu’au jour où elle rencontre Damien, un passionné VW depuis toujours, qui venait d’ouvrir un garage spécialisé sur la voiture du peuple (Origin’All Cars) et courait en drag’ sur une Cox swappée en 2.3 l turbo, connue sous le nom de « Rusty Crasher ». Damien récupère l’épave de 61, la greffe sur un ensemble châssis/gros moteur/boite, un arrière de 1303 qui dormait au fond de son jardin, y colle un arceau, 4 roues, des baquets avec harnais et une batterie. Niveau gueule, il la passe en mode Baja et décore les portières à coup de barres d’alu. La Cox renait enfin, même si son activité routière se limite à aller s’amuser dans les champs. Elle est alors appelée « The poison apple« .
Puis un jour Damien envisage de passer sur un autre projet qui, pour être mené à bien, a besoin du moteur qui anime le Baja. Le bloc récupéré, il met le « reste » en vente. Vous comprenez que c’est là que Tony entre en jeu…
La Cox, bien que roulante, et juste débarrassée de son 4 cylindres, n’est pas pour autant de 1ère fraicheur. La coque est bonne pour être recyclée en boites de conserve ! Les longerons se sont dissouts avec le temps, bouffés par la rouille, le tout ne tenant que par miracle sur l’arceau et des « renforts » en mousse expansive ! Y’a du taff pour la remettre sur la route.
Tony de son côté avait déjà tiré un trait sur toutes les caisses modernes. Même sa Polo de 87, dont il avait le sentiment d’en avoir fait le tour, lui semblait encore trop actuelle à son gout. Branché VW depuis peu et passionné par la Kulture Kustom, les Hot-rod, les muscle car… il ne lui manquait que l’engin qui allait l’encourager à se lancer dans un tel projet. Revenir aux fondamentaux du plaisir de l’automobile… Un châssis, un moteur, une gueule sympa et rouler… point barre ! Tony est un petrolhead, un vrai.
Et quand il a vu cette Cox, son potentiel lui a sauté aux yeux. Tony admire ces gars, capables de vous monter un projet à partir de différents éléments d’origines aussi diverses que variées. On bricole, on adapte, on se débrouille… et ça donne naissance à une caisse. C’est ça le talent. Et il est bien décidé d’apprendre et de s’y mettre, et quelle meilleure base qu’une Cox pour se lancer dans un projet low cost avec une mécanique simple. Surtout que vue l’état de la base, il n’y aura absolument aucune limite ni de sacrifices. Il ne pourra que la sauver !
Le deal est alors conclu avec Damien et Lorenzo, un pote soudeur. Le trio va redonner vie à la Cox à chaque fois que leur emploi du temps le permettra… Damien trouve un flat 4 de 1200 d’occase, qu’il s’empresse de refaire entièrement. La caisse est habillée, vitres, ceintures de sécurité, volant, feux arrière, clignos’… Les freins sont scrupuleusement contrôlés tout comme les trains roulants qui, au passage sont rétrécis.
Lorenzo de son côté se charge de la carrosserie. Les trous sont bouchés et la tôlerie est reprise partout où cela est nécessaire. Lorsque Damien a transformé la Cox en Baja, les ouvrants de portes totalement bouffés l’avaient contraint à passer les portes en suicide sur des charnières simples. La fermeture se faisait grâce à des colliers qui venait se fixer à l’arceau ! Tony souhaite conserver le système d’ouverture, et Lorenzo se charge de tout reprendre en soudant de vraies charnières et fermetures. L’arceau est modifié afin de pouvoir poser des sièges d’origine. En parallèle, Tony s’occupe de refaire rapidement et succinctement l’électricité afin de pouvoir rouler.
1 mois 1/2 après le début des travaux, la Cox passe le CT et se retrouve immatriculée et assurée (Chez le spécialiste « Aviva Rod&Custom » qui se charge de prendre en compte les modifications de la voiture) ! Un temps record, pour un budget qui l’est tout autant grâce au « Rusty Garage Kustom Kulture« , le club de Tony, et de toute l’aide qu’il a reçu de la part de ses potes. Comme quoi, pour ceux qui en doutent encore, il existe une vraie communauté petrolhead, et le milieu du Kustom et de la Cox en est un parfait exemple !
Tony partage son quotidien au volant de sa Cox. Petit à petit, il refait certains éléments à neuf. D’abord les trains roulants, puis le freinage, en passant l’avant sur des disques. Il continue avec l’électricité, refaite ce coup ci dans les règles de l’art, avec commandes déportées sur un pupitre au plafond, un autre sur le tableau de bord et des manos sur la capot. Il peaufine la tôlerie, en rivetant les morceaux manquants le temps que Lorenzo passe les souder. Même chose au niveau du châssis où Tony passe du temps pour revoir les réglages dans le but de trouver le droppage souhaité sans pour autant sacrifier le comportement. Le but est de rouler, pas de se tuer au 1er virage !
Enfin, il termine par la déco en repeignant tout ce qui devait l’être, avant de simuler une patine pour donner une cohérence à l’ensemble. Quelques pinstripping et éléments fabriqués avec de la récup’ et le résultat final est totalement envoutant. « The Rotten Soul » est né !
Depuis 2 ans, Tony et sa Cox ont parcouru plus de 30.000 km de bonheur, malgré la casse de la boite et celle du moteur. Mais à chaque fois, il a pu compter sur l’aide de la communauté VW, « les Charettes de la Crau« , l' »Atelier Suchy » et les potes qui sont toujours là pour dépanner et filer des pièces.
Depuis, il a monté l’avant sur airbags, qui, comme le reste, est adapté maison à grand renfort de récup’. Il a aussi investi dans un bon poste à souder afin de continuer d’améliorer et de refaire les quelques défauts tenaces. Même si ce genre de projet n’est jamais réellement terminé, il y a toujours de quoi bosser dessus, dans le but de continuer de rouler et Tony fait tout pour que ce soit le plus longtemps possible.
Quoiqu’il en soit, cette Cox, est un véritable exemple… Celui d’un gars qui ne baisse pas les bras et sait se démerder et s’entourer pour mener à bien son projet. Celui des potes et des amis, ceux sur qui on peut compter. Celui de la passion qui fait bouger les choses. Celui d’une caisse, revenue de l’enfer et qui a su prendre sa revanche sur un destin mal barré ! Celui des rencontres aussi, celle de Bruno d' »Oldies & Cie » qui m’a parlé de Tony et de « The Rotten Soul ». Forcément, fallait bien que ça se termine sur De l’essence dans mes veines non ?!
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Superbe
Tony Dubois Rgkk Stkz jolie ta cox (y)
La classe !