L’histoire de Bentley est rythmée par des hauts et des bas… une habitude pour les constructeurs anglais. Jusqu’au moment où VAG est venu apporter les Deutsche Mark nécessaire à la survie d’une marque qui se limitait à faire des Rolls sportives… Et comme il fallait montrer que tout allait bien, Bentley s’est dit qu’une victoire au Mans pouvait remettre les pendules à l’heures… surtout celle qui en avaient 24 !
Bentley… rien que le nom, c’est la classe ! Et pourtant, au fil de son histoire, la marque anglaise a connu des moments plutôt sombres ! Fondée en 1919 par Walter Owen Bentley, et située à Crewe qui est d’ailleurs toujours le berceau historique de la marque, elle rayonne dans les années 20, notamment grâce aux célèbres Bentley Boys, un groupe de motoristes et gentlemen drivers fortunés qui allaient faire courir et surtout gagner les voitures anglaises à 5 reprises aux 24h du Mans (1924, 27, 28, 29 et 30).
Mais voilà, la crise économique qui pointe le bout de son nez en 1929 met Bentley dans une situation compliquée. Et en 1931, c’est Rolls qui vient sauver la marque en l’absorbant. Ainsi, à la sortie de la 2nde Guerre mondiale, les Bentley deviennent ni plus ni moins que des clones des Rolls Royce, équipés d’une calandre modifiée puisque débarrassée du Spirit Of Ecstasy. On peut éventuellement les considérer comme des versions un chouill’ plus sportives… à partir du moment où des enclumes de 2T500, qui se vautrent comme des chewing-gum en mode cuir pleine fleur, tronc d’arbre et moquette épaisse peuvent être considérées comme sportives !
Enfin en 98, VAG rachète Bentley pendant que BMW porte l’estocade en récupèrant Rolls pour 4 fois moins cher… et une bataille juridique s’engage car en fait, malgré le rachat, c’est Rolls qui possède les droits d’exploitation de Bentley. Et ça, ça fout la ch’touille chez VAG ! Il faudra attendre 2002 pour qu’un accord soit enfin trouvé et que les 2 marques soient définitivement dissociées.
Cette histoire a un effet néfaste sur l’image de Bentley, même si depuis son rachat, la marque affiche enfin une santé financière correcte. Mais pour redorer son blason, l’état major de Bentley aimerait bien s’offrir un coup de comm’, et pour cela, quoi de mieux qu’une 1ère place aux 24h du Mans. Surtout qu’en 2000, les voisins de chez Audi remporte un triplé historique en survolant l’épreuve.
Au départ, VAG voit ça d’un mauvais oeil… Les rivalités sont bonnes pour le business, sauf quand elles ont lieu dans la même famille ! Mais Bentley réussit à vendre son projet, et faire craquer les grosses têtes de chez VAG qui acceptent l’engagement de la marque et le retour des Bentley Boys dans la Sarthe pour l’édition 2001. La course se soldera par une 3ème places juste derrière deux Audi officielles. Rebelote en 2002, mis à part que là, c’et pire ! Les protos anglais terminent au pied du podium pendant que les cousines allemandes R8 se payent un nouveau triplé. La loose…!
Fin 2002, Audi Sport se retire officiellement de la compétition en confiant ses R8 à des team privés. VAG peut alors mettre tous ses ingénieurs sur la Speed 8, surtout que c’est sa dernière chance puisque le feu vert et le financement du programme avait été donné pour seulement 3 ans.
Sur la Speed 8, l’aéro est revue, et exceptionnellement, Bentley décide d’engager deux voitures aux 12h de Sebring en guise d’entrainement. Les anglaises se payent les 1ères places aux qualifs, mettant les Audi privées à 3 secondes… Mais le lendemain, les commissaires déclarent les extracteurs d’air des Bentley non conformes et elles se retrouvent sur la dernière ligne de la grille de départ. Malgré une chevauchée tonitruante et une remontée sauvage, aidées par des soucis mécaniques sur les Audi, les Bentley Boys ne feront pas mieux que 3ème et 4ème derrière deux R8.
Tout va donc se jouer au Mans… où les deux protos Bentley décrocheront les meilleurs temps des qualifs avant de survoler la course jusqu’au doublé à l’arrivée. Pari gagné, pour Bentley…
Enfin au niveau des specs, la Speed 8 recevait un V8 de 4.0l (3.6l en 2001) avec un duo de turbos bridé à 1,87 bars (Règlement de l’ACO). Le gazier développait 615 ch à 8050 trs et 1100 Nm à 3500 trs. Avec 900 kg et une aéro tip top, la caisse a su atteindre ses objectifs… avec une concurrence aux abonnés absents !
Mais là où la Bentley a marqué les esprits, c’est sur l’esthétique. A la base, un proto c’est fait pour être efficace et souvent, ça n’a rien de beau. Sauf la Bentley… qui a su jouer sur les deux tableaux. Et pour ne rien enlever à son charme, elle sait même chanter !
Enjoy…
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Ou comment l’un des plus beau protos de tout les temps fut qu’un « coup » marketing!!!