Quand l’Aston Martin DB4 débarque en 1958, le succès est au rendez vous. Mis à part qu’à l’époque, Aston est une des marques les plus performantes avec un palmarès impressionnant qui grossit course après course. Du coup, une version route se doit d’avoir à ses côtés, son clône passé en mode course. Et c’est donc logiquement que la DB4 voit arriver un an plus tard la DB4 GT…
Et les modifications sont bien plus poussées que c’qu’on l’imagine en voyant les deux voitures. La DB4 est une grand tourisme classe et qui ne cache pas son gabarit. La DB4 GT semble bien plus trapue et musclée… et ce n’est pas une illusion d’optique puisque son empattement a été raccourci. Ses phares sont frenchés et carénés sous une bulle en plexi, laissant apparaitre le regard des futures DB5.
Elle perd son pare-choc au profit de trois prises d’air qui viennent refroidir les freins et le moteur. Chaque aile arrière reçoit sa trappe à essence puisque pour tenir la cadence, la DB4 GT est équipée d’un réservoir de 136 litres… et pour le remplir, deux orifices, ça va plus vite qu’un seul !
Dans l’habitacle, on retrouve l’ambiance Aston, même si les places arrière ont laissé leurs places au réservoir et à une roue de secours. On retrouve aussi les équipements course, arceau, baquets, coupe circuit, harnais… mais en dehors, c’est toujours cuir, moquette et quelques touches de chrome !
Au niveau du châssis, la DB4 était une évolution de la DB3 qui avait montré ses talents en accrochant plusieurs podiums aux 24h du Mans. Mais afin de l’affuter, l’objectif de ses concepteurs a été de la rendre bien plus agile en réduisant son empattement de 12,7 cm mais aussi de réduire son poids. Pour ce faire, la carrosserie est réalisée selon la technique Superleggera de Touring, à partir d’un treillis de tubes de faible diamètre afin de gagner du poids sans pénaliser la rigidité. Le châssis est ensuite habillé de tôles fines afin d’économiser encore de précieux kilos. Enfin, la lunette arrière et les custodes latérales fixes sont en plexi. La cure d’amaigrissement permet de gagner 83 kg par rapport à la DB4… la GT affiche seulement 1269 kg.
Enfin sous le capot, le 6 en ligne de 3670 cm3 est gavé par trois Weber. La culasse 12 soupapes reçoit deux nouveaux arbres à cames plus pointus ainsi qu’un double allumage. Le gazier développe 302 ch à 6000 trs et sort 366 Nm à 5000 trs, transmis aux roues arrière via une boite manu 4 vitesses synchronisées.
302 ch, 1269 kg, l’Aston Martin revendique 245 km/h en pointe, et passe le 0 à 100 en 6,4 secondes. Mais au delà des perfs, c’est l’efficacité qui va faire sortir la DB4 GT du lot… D’ailleurs avant sa présentation officielle qui aura lieu fin 1959 à Londres, la marque confie une voiture à Stirling Moss au mois de mai pour participer à l’International Trophy. Ce sera sa première sortie… et sa première victoire !
Elle accrochera d’autres victoires à son palmarès sur les circuits de Goodwood, à Brands Hatch ou encore à Oulton Park, mais ne réussira pourtant pas à effrayer les italiennes de Maranello. Aux côtés des 75 DB4 GT, Aston fera dessiner une robe par Zagato, et 19 DB4 GTZ viendront agrandir la famille, sans pour autant réussir à remporter plus de courses. Elle sera abonnées aux podiums et aux places d’honneur… Mais avec le level du plateau GT de l’époque, c’est une véritable prouesse !
Quoiqu’il en soit, l’Aston Martin DB4 GT fait partie de ces monstres sacrés du sport auto… car au delà de ses performances et son ADN forgé par la course, elle a su aussi être belle.
© Tom Shaxson