Bon, mettons les choses dans l’ordre. Le monstre, c’est la Lotus Omega (Ou Carlton de l’autre côté de la Manche) qui, en 1990, vient faire de grosses traces de pneus sur le bitume. Pourtant, à ses côtés dans les show room, Opel propose un coupé qui vient troubler les petrolheads… Le Calibra, qui malgré sa ligne renversante, n’aura pas droit à sa version Lotus… Mais ça, c’était sans compter sur un certain Günther Artz…
Haaaa ce cher Günther. Oui, autant être clair, quand on s’appelle Günther, on ne peut qu’en vouloir à la terre entière, mais aussi et surtout à ses parents ! Est-ce que cela a engendré de la frustration, en tout cas, Günther Artz, en guise de thérapie, il s’est défoulé sur les bagnoles.
Au début des 70’s, il ouvre une boite spécialisée dans la lucrative vente de flottes de véhicules pour les entreprises. Mais totalement féru de préparations et de custom, ce cher Günther profite de ses Deutschmarks pour se monter des caisses perso totalement délirantes… Il commence avec une Karmann Ghia sur laquelle il fait greffer un Flat 6 de Chevrolet Corvair ! Puis il passe à une VW 411 de 1969 qu’il équipe d’un Flat 6 de Porsche 911 et baptise Nordstadt Express…
En 72, il prend un châssis de Porsche 914 et lui colle un Flat de 911, le 2.7 l de la Carrera RS qui développe 210 ch. Puis il recouvre le tout avec une caisse de Cox 1303 pour en faire la Nordstadt Carrera Beetle. La voiture du peuple passe alors la barre des 100 km/h en 7,3 secondes et accroche les 213 km/h en Vmax. Il se rend vite compte que ses voitures font parler d’elles et qu’elles profitent plutôt pas mal à son business. Certains clients lui demandent même de leur en faire une… Günther Artz décide alors de la commercialiser sur commande spéciale.
En 78, Celeste di Santolo, son carrossier d’origine italienne, récupère une Porsche 928 accidentée et lui colle une caisse de Golf élargie et rallongée. Cette fois encore, il est possible de commander la Nordstadt Golf 928.
A partir de 1980, les choses s’accélèrent. La Nordstadt devient Artz. Pendant que Günther ouvre une concession Opel, en parallèle, il continue de modifier, de swapper et de préparer des caisses. Il va se faire connaitre avec des versions Shooting Brake des Porsche 928 et 924 Turbo. Il va également transformer le cabriolet Golf en Speedster, s’attaquer aux Audi 200 et Quattro ou encore proposer une Jetta cabriolet ou un Scirocco Pick Up et Station Wagon (Le Sciwago) ! En 89, il frappe un gros coup en récupérant un châssis de Corvette qu’il rhabille avec une caisse de Kadett adaptée au châssis de l’américaine.
En 90, Opel a lancé sur le marché la violente et bestiale Omega revue et corrigée par les sorciers de chez Lotus. Mais aussi, l’un des plus beaux coupés des 90’s, le Calibra, dont la version la plus affutée débarque un an plus tard avec un 2.0l turbo 16s de 204 ch, aidé par 4 roues motrices.
Pensez bien qu’il n’en faudra pas plus pour que l’idée se mette à germer dans l’esprit de Günther… Prendre l’une et la cloner avec l’autre. Et en 92, il donne naissance à la Lotus Calibra ! En fait, toute la mécanique, la transmission, les trains et l’habitacle de l’Omega se sont retrouvés dans le coupé. Sauf que pour recevoir tout ce monde, il a fallu rallonger le Calibra de 20 cm et lui faire prendre 10 cm en largeur. Mais attention, on n’est pas chez bricolo et bricolette ! C’est toute la structure qui a été modifiée. Ici pas d’extensions d’ailes, mais la caisse a été coupée en son centre et élargie… Toit, pare brise, lunette arrière, coffre, capot et pare chocs. Pour la longueur, l’avant a pris un peu de porte à faux mais c’est surtout les portes et le vitrage qui ont été rallongés.
La qualité de la réalisation et de la finition sont juste hallucinantes. On y voit rien, sauf dès qu’on la pose aux côtés d’un Calibra d’origine. Effectivement, à ce moment là, on se dit qu’il y a quelque chose qui cloche, mais le taff est tellement bien fait, que même à ce moment là, on cherche encore d’où vient cette prise de volume.
Il n’empêche qu’entre son look, son passage à la propu’ et son 6 en ligne biturbo de 377 ch, ce Calibra Lotus aurait largement mérité sa place avec sa grande soeur… D’ailleurs, on se demande encore pourquoi Opel ne lui a jamais offert de remplaçante, elle l’aurait bien méritée. Quoiqu’il en soit, cette initiative signée Artz est restée unique. La voiture, il l’a conservée, d’ailleurs comme chacune de ses réalisations. Et depuis, Günther va très bien !
© Jürgen Reitz and Hermann Dinklage
wahoo, je n’avais jamais entendu parler de cette Calibra, et pourtant j’en achetais des magazines de bagnoles dans les 90’s 😉 elles sont où désormais toutes ces Artz, possible de les voir ??