Hispano Suiza Carmen Boulogne – Un avion sans ailes ?
par Martin Gillet | 13 avril 2021 | Street |
Hispano Suiza… ça ne vous dit sûrement pas grand chose, mais sachez qu’avant de produire des VW lowcost pour les Jean-Brandon, collier hawaïen au rétro et chapeau Havana Club sur la plage arrière, l’Espagne faisait du premium aussi ! Et quoi de mieux que de tenter de dépoussiérer un nom mythique quand on veut promouvoir une hypercar sortie de nulle part…
Oui, on peut bien parler de légende à propos d’Hispano Suiza. Ce constructeur Hispano-Suisse (original le blaze non ?) était avant tout connu pour ses moteurs d’avions. D’ailleurs, la Cigogne ornant le bouchon de radiateur de ses luxueuses berlines était un hommage à l’escadrille de Georges Guynemer, célèbre as français de la Première Guerre Mondiale, qui volait sur un Spad à motorisation espagnole.
Automobile de luxe et aviation étaient intimement liées au début du siècle précédent. En effet, quand on était capable de construire un moulin qui tenait un zinc en l’air, on savait également en faire un qui propulsait une limousine ! Ironie du sort, si la guerre a fait la renommée d’Hispano Suiza, c’est également elle qui précipitera sa chute…
En 1936 en Espagne c’est un poil le boxon entre les cocos et les fafs du Général Franco… Et dans cette répétition grandeur nature du deuxième conflit mondial, l’heure n’est plus trop aux caisses de luxe. La marque est nationalisée et son activité automobile s’éteint. Mais la flamme se ravive au Mondial de Genève 2019 où non pas un, mais deux projets de renaissance sont dévoilés.
Je vous la fait courte, mais en gros c’est une histoire de droits… D’un coté une boite Suisse qui a racheté la marque à Safran, proprio de la branche aéronautique, et de l’autre les héritiers du fondateur. C’est ce deuxième projet, l’Hispano Suiza « canal historique » que vous avez sous les yeux. Pour ne rien vous cacher, elle m’a soufflé… une œuvre d’art, mais Carmen Boulogne ? C’est quoi ce nom sérieux ?
Non parce que là, comme ça, de prime abord, ça évoque plus une vendeuse d’amour Brésilienne à l’identité sexuelle trouble officiant dans une célèbre forêt parisienne qu’une redoutable hypercar… Mais ne vous enflammez pas tas de pervers, il y a une explication bien moins sulfureuse.
« Carmen », nom de baptême de l’engin, est le prénom de la petite-fille du fondateur et maman de l’actuel PDG. Quant à « Boulogne », et bien ce n’est pas le Bois, mais la commune du Pas-de-Calais où se déroulait la Coupe Georges Boillot qu’Hispano Suiza remporta 3 fois entre 1921 et 1923. Sachez aussi que son design honore un modèle de 1938 carrossé par Saoutchik… Bref, si on en venait aux specs ?
Bah en fait nan… Parce que pour en revenir aux créatures du bois, à l’instar de Gérard Lambert j’aurai dû flairer l’arnaque ! Ouais, quand j’ai choisi mon sujet je me suis laissé aveugler par ses courbes splendides et sa gueule terriblement vénère, par sa peau de cuivre et de carbone… Mais quelle désillusion à la découverte de son intimité !
Encore pire que les deux pauv’ madeleines et la demi-baguette du morceau de Renaud… Pire ! Figurez vous que ce magnifique missile Skud premium est… électrique ! Mon Dieu quel gâchis, ressusciter un nom au pedigree aussi mythique qu’Hispano Suiza, poser ce badge sur une hypercar au design diabolique, à la finition digne d’un palace parisien et y foutre un moteur de lave-linge ? Sacrilège !
Bon, un lave-linge qui crache tout de même 1114 poneys. La Carmen Boulogne abat le 0 à 100 en 2.6 secondes et pointe à 290 km/h… Mais dans un silence de cathédrale, sans odeurs… C’est d’une tristesse ! Alors oui, c’est dans l’air du temps, ça marche fort… Mais merde, comment voulez-vous vibrer pour de la mobilité sauce électro-ménager, aussi performante soit-elle ? M’est avis que Georges Guynemer n’aurait pas kiffé…
Sad! Nothing to do with the real Hispanos. Terrible design and quality
Well said!
Voilà l’excellence espagnole. Ridicule