Parmi les nombreux bolides de compétition produits par Porsche au fil de son histoire, la 911 RSR 3.0 jouit d’une aura particulière. C’est l’une des 911 les plus brutales et performantes jamais produites et son palmarès est aussi épais que le catalogue des mesures lunaires annoncées par Casteix chaque jeudi soir. En route pour une page bien rageuse de l’histoire du bolide de Stuttgart…
En compétition, la 911 a tout du véritable couteau Suisse. De l’endurance au Dakar, du rallye au DRM en passant bien sûr par les courses GT, elle s’est illustrée à peu près partout où elle a été engagée. Pour vaincre, Porsche a régulièrement produit des versions extrêmement pointues de son produit phare, et l’appellation RSR est sans équivoque : elle désigne les machines de guerre !
L’exemplaire que vous avez sous les yeux date de 1975 et fait partie d’une toute petite série. Seulement 10 exemplaires sortirent des chaînes cette année là pour être confiés à des teams triés sur le volet : celui-ci fût alloué au Tebernum Racing qui l’exploita deux saisons. 24h du Mans, 1000 km de Spa, 1000 km du Nürburgring… Elle a écumé l’Europe et s’est adjugé le titre continental 1975 en GT, rien que ça !
Il est temps de s’intéresser aux specs qui ont permis de vaincre à ce bolide… Servez vous un café et asseyez vous, car Porsche s’est bien lâché ! Le constructeur a superbement exploité la très permissive réglementation Groupe IV pour mettre au point ce missile : en gros il ne reste plus grand chose de la Carrera RS d’origine !
Déjà il faudrait être aveugle pour louper l’évolution aéro pas vraiment subtile : on décèle de suite le coté hardcore de la bête ! Spoiler percé d’une grosse prise d’air et d’écopes de freins, énorme aileron queue de baleine, mais surtout ces ailes ! Vache, y a de la courbe, on est plus mamacita que skinny là : en même temps il faut bien ça pour couvrir les monstrueuses roulettes de 10 devant et 14 derrière !
Paradoxalement ces hanches généreuses sont le fruit d’une sévère cure d’amaigrissement : le shape méthode Porsche ! Toutes les extensions ainsi que les ouvrants sont en fibre de verre. L’emploi de ce matériau est accompagné d’un vidage de l’habitacle dans les règles de l’art et de vitres en plexi, tout ça mit bout à bout donne un joli 900kg à la pesée !
Enfin un corps d’athlète c’est bien, mais il faut avoir le cardio qui va avec. Et c’est le cas, on parle d’une Porsche hein… Ramage et plumage ne font qu’un à Stuttgart ! L’iconique Flat 6 maison a subi un training sévère. Cubant désormais 3 litres, le bloc reçoit une injection Bosch, un double allumage, des arbres à cames affutés et un carter sec. Verdict du banc, entre 330 et 350 bourrins selon les réglages !
Ce bolide abat le 0 à 100 en 4 secondes et pointe à 275 km/h… Sacrée fusée ! Heureusement que les gros Avon et les freins directement piochés sur la 917 d’Endurance sont là pour la tenir par terre ! Enfin bon, il devait falloir une sacrée paire de kiwis pour emmener une pompe à feu pareille sur le Ring !
Cette Porsche, c’est 900 kg de brutalité pure, l’essence même de la GT de compétition mid 70’s. Elle est à mon goût l’ultime évolution des racers « à l’ancienne ». Une fin de lignée, avec son moteur atmo au rendement dépassant les 100 chevaux/litre… Dernier racer de l’Âge d’Or avant de basculer dans l’ère du turbo et de l’électronique.
Une conception jusqu’au-boutiste, un palmarès éloquent… Cette Porsche coche pas mal de cases pour pouvoir être qualifiée de légende ! Mais le plus beau dans l’histoire c’est qu’elle dure, puisque la bête écume toujours les circuits avec succès : elle s’est en effet adjugé sa catégorie au Mans Classic 2016 et 2018, Respect !
La largeur arrière est juste impressionnante