Les anglais sont les rois de la caisse sportive artisanale. Rien ne les arrête… faut dire aussi que quand tu peux homologuer un barbecue avec un moteur, des roues, des phares et des clignotants, c’est plus simple de s’payer un délire motorisé pour finir par se dire « ben tiens, et si on le faisait ». C’est ce genre d’idée qui a donné naissance à la Noble M400 !
Y’a pas grand chose qui arrête un anglais doué de la clé de douze ! Le gars il se paye un rêve en plein milieu de son sommeil, le genre où il colle un bloc (Ford de préférence) et quatre roues à sa baignoire et dès son réveil, il n’a plus q’une idée en tête, ouvrir une boite pour assembler ses baignoires motorisées et les vendre… C’est un peu comme ça que Lee Noble (un ancien pilote) a donné naissance à Noble Automotive Ltd. ‘Fin rassurez vous, son idée n’avait aucun rapport avec un quelconque mobilier de salle de bain – d’ailleurs je ne vous en aurais pas parlé (quoique…!) – mais plutôt de sportives radicales.
Sa marque va donc voir le jour en 99 du côté de Leeds dans le nord de l’Angleterre. Le cahier des charges des Noble est assez simple… des sportives pures et dures, des propulsions légères avec un bloc en position centrale arrière. Les voitures vont être imaginées et développées en Angleterre avant d’être assemblées en Afrique du Sud chez Hi-Tech Automotive, qui assemble aussi les Shelby signées Superformance.
L’histoire de Noble commence avec la M10, un roadster atmo qui, après moins d’un an de carrière pour 6 exemplaires assemblés, laissera rapidement sa place à la M12, un coupé d’une tonne shooté au V6 Duratec dopé par une paire de turbos pour sortir 310 (en 2,5 l) ou 350 ch (3,0 l). Pour faire simple, la M400, c’est sa version énervée dont le nom affiche le rapport poids / puissance ou 400 ch / tonne soit 1060 kg pour 425 ch.
Le châssis est inspiré de la compétition. Une structure acier sur laquelle sont boulonnés des panneaux d’alu, reçoit des trains roulants avant et arrière à double triangulation, maintenus par des combinés réglables avec barres anti-roulis. Rigide et léger, l’équipe de Noble a su trouver un compromis entre l’efficacité pure et le minimum syndical de confort pour la route… Derrière le cockpit, on retrouve le V6 3,0 l de la Ford Mondeo ST220. La culasse 24 soupapes a été revue, tout comme la gestion qui vient maintenant pendre en compte les deux Garrett GT28 qui soufflent à 0,85 bars.
La puissance file aux roues arrière via une boite 6 manuelle Getrag, accompagnée d’un DGL Quaife. Les Pirelli P Zero en 265/18 essayent de s’agripper à l’asphalte pour envoyer ce missile à 100 km/h en tout juste 3,2 secondes avant de passer la barre des 400 m en 11,2. En cas de besoin, on peut compter sur un freinage AP Racing équipé de mâchoires 4 pistons qui mordent des disques de 330 mm devant et derrière. Aucune assistance électronique ne vient aider le pilote. Même l’ABS n’a pas été jugé utile. Feeling affuté et réflexes aiguisés obligatoires !
Dans l’habitacle, oubliez l’inutile. Baquets, harnais, ventilation, manos pour veiller à la bonne santé du gazier… rien ne doit déconcentrer le pilote. Même l’autoradio a migré devant le siège passager. Il n’empêche que tout est à sa place, et même si la touche artisanale est omniprésente dans l’approche stylistique, c’est propre et bien fait.
Lors de sa présentation à la presse, la Noble M400 a impressionné le panel de journalistes anglais… peut être un peu chauvins, je vous l’accorde ! Il n’empêche que lors d’un slalom, elle va réussir à encaisser 1,05 G d’accélération latérale… un record à l’époque. Tous sont conquis par son tempérament explosif, ce caractère ON – OFF qui vous scotche et vous laisse K.O. Les perfs sont bluffantes, la puissance est encaissée, maitrisée et l’efficacité est bien là. Impressionnant pour une voiture artisanale ! Il n’en faudra pas plus pour faire entrer Noble dans la famille des fabricants de missiles sol-sol. Aujourd’hui, la marque mise tout sur sa M600… mais ça, je vous en ai déjà parlé.
Pour l’histoire, en 2006 Lee Noble va vendre son entreprise tout en conservant son poste de directeur. Deux ans plus tard il démissionne et relance une nouvelle marque Fenix Automotive. Fin 2009, il dévoile une nouvelle voiture qui reprend le concept des Noble. Une hypersportive, légère et puissante, motorisée par le LS9 de 647 ch qu’on retrouve sous le capot de la Corvette C6 ZR1. Le 20 novembre 2012, après avoir assemblé qu’une seule voiture, la société est dissoute et Lee Noble devient l’un des investisseurs de la marque polonaise Arrinera. Depuis 9 ans, c’est un peu silence radio. Mais ça, c’est une autre histoire…
© Patrick8404 via BaT
Une beauté toujours aussi létal vingt ans après. Quelques apparitions dans des blockbusters hollywoodien ont du aider à son relatif succès commercial!!!