Lincoln Cosmopolitan Carrera Panamericana – Un bateau pour une course de voitures !
par Thierry Houzé | 13 juin 2022 | Racing |
Imaginez que vous avez à participer à la Carrera Panamericana. Quelle voiture prendriez vous ? Une truc vif, nerveux, avec des watts, idéal pour sauter de virage en virage le plus rapidement possible. Eh bien aux States, comme on est chauvin, on prend un coupé Lincoln Cosmopolitan. Voilà, oubliez la compacte surexcitée ou le muscle car nascarisé…là, on est plutôt en format paquebot !
En même temps, la Carrera Panamericana, c’est une course bien débile. Six jours pour parcourir plus de 3000 km. Autant le faire au volant d’une caisse capable d’encaisser et… confortable. Car si lors des cinq premières éditions de 50 à 54, les européennes allaient faire le voyage, derrière, c’est une armada de Chrysler, Hudson, Oldsmobile, Cadillac, Packard, Buick ou encore Lincoln, qui allait mettre la pression aux affutées Mercedes, Lancia, Ferrari, Porsche ou autres Jaguar. D’ailleurs lorsque la course fera son come back en 88, la Studebaker Commander deviendra la reine de la course avec 24 victoires en 31 éditions.
A la base, la Lincoln Cosmopolitan, c’est du luxe à tous les étages. Positionnée au sommet de la gamme et proposée en coupé, berline et cabriolet. L’opulence américaine dans toute sa splendeur, concentrée sur quatre roues. Des dimensions de paquebot de la route avec plus de 5,6 m de longueur sur 2 de large… rien à voir avec la 4CV de Christophe qu’on pourrait presque mettre dans le coffre de l’américaine. Sous le capot, un gros V8 au rendement agricole mais avec un couple à tordre l’arbre de transmission dès le ralenti. Il fallait bien ça pour remuer les 2,2 tonnes de tôle et de chrome. Malgré son statut, la Lincoln Cosmopolitan connaitra une courte carrière de 6 années, composée de deux générations.
Pour l’anecdote sachez que lors des élections présidentielles de 48, Truman, qui prolonge alors son mandat de 4 années, a un compte à régler avec General Motors qui refusait de lui fournir des voitures pendant la campagne présidentielle. Une fois réélu, il décide de bouleverser les habitudes et fait commander 10 Lincoln Cosmopolitan limousines, assemblées par Henney Motor Company et modifiées par la Hess and Eisenhardt Company. Les neufs premières seront des berlines fermées alors que la dernière perdra son toit pour devenir un cabriolet de plus de 6 m pour 2900 kg, motorisée par un V8 de 153 ch accompagné d’une transmission hydra-matic. En 54, Eisenhower le fait équiper d’un toit en plexi. Surnommée Bubble Top, il est resté en service jusqu’en 65. C’est donc la Cosmopolitan qui fera entrer Lincoln à la Maison Blanche, marque devenue tristement célèbre puisque c’est à bord d’une Lincoln Continental Limousine SS 100 X Cabriolet qu’il a été assassiné le 22 novembre 63 à Dallas.
Quoiqu’il en soit, c’est un coupé Cosmopolitan de 54 qui va servir de base pour aller se frotter à 11 reprises à la Carrera Panamericana. Achetée en 2002, elle est transformée pour participer à l’édition 2005. D’ailleurs, c’est par la route qu’elle va faire le trajet Los Angeles – Tuxtla Gutiérrez afin de prendre le départ de la course.
Repeinte en blanc cassé, elle garde son look d’origine et se contente d’un capot largement équipé d’écopes et d’attaches rapides, des casquettes de phares, des poignées lissées et d’un coupe circuit sur l’aile avant gauche. Les jantes en tôles sont en 6 et 7 x 15″, chaussées respectivement de Firestone Destination LE2 et Mickey Thompson Sportsman S /T en 225/70 et 255/65. Le freinage est assuré par des disques et étriers de Bronco à l’avant et Mustang à l’arrière. Au niveau des suspats, c’est un panaché d’éléments Ford et Chevrolet… Pont de Torino avec barres et suspensions de Suburdan à l’arrière et à l’avant, des ressorts courts de truck associés à des barres oscillantes renforcées et maintenues par des amortos compet full alu.
Dans l’habitacle, l’inutile a été viré. Ne reste q’un arceau, une paire de baquets Cobra Monaco Pro avec harnais Ultra Shield, un extincteur automatique, un levier de vitesses Hurst, des tapis de sol en caoutchouc, des panneaux de portes en tôle, des combinés Grote, un tachy Pro Tach, un GPS et une batterie de manos pour veiller au grain du gazier.
Le V8 de 341 ci (5.6 l) Lincoln Y-block OHV a été renforcé et débridé. Il est maintenant forgé (bielles et pistons) et shooté par des arbres à cames Clay Smith montés dans des culasses de 368 ci. Le collecteur a été emprunté à un truck Ford avant d’être gavé par un carbu quatre corps Edelbrock 600 cfm. L’allumage électronique est signé PerTronix et le refroidissement a été optimisé avec un gros radia alu de Ford Explorer et un ventilo XXL électrique avec commande forcée au tableau de bord. Enfin l’échappement est confié à un collecteur sur mesure qui débouche sur deux lignes en side pipe.
Si d’origine il envoyait 225 ch aux roues arrière, là, il en fait passer pas loin de 300 avec un couple qui dépasse la barre des 500 Nm, largement encaissés par une boitoto GM 700R4 avec convertisseur de couple. Ca n’en fait pas une supercar, même si il y a largement de quoi enchainer les 3300 km à plus de 200 à l’heure, le pied droit soudé à la tôle. Sans oublier la fiabilité puisque sur ses 11 participations, elle en a terminé 10.
© GenauAutoWerks via BaT
J’aime l’esprit des courses « historiques » à l’américaine, avec look presque d’origine mais intérieur qui n’a plus rien à voir!!!
Plus coolant que l’Europe et son « boulons sur écrous d’origine »!!!!
Un autre monde!!!