Maserati Biturbo passée en 300+… quand l’italienne cache son jeu !
par Thierry Houzé | 27 février 2023 | Street |
Attention, la bestiole qui arrive n’est pas c’que vous croyez. La Maserati Biturbo, c’est l’genre d’engin à vous coller des crises de nerf. Fiabilité douteuse, tenue de route vite débordée, style baroque… mais caractère de feu, du moins comme pouvait l’être une bestiole biturbalisée dans les 80’s. Eh bien celle qui arrive, en plus de ça, elle est véner !
En 75, Alejandro De Tomaso rachète Maserati. La marque au trident avait réussi à plomber Citroën avant de se retrouver sous l’égérie du gouvernement italien. Il va falloir repartir de zéro… mais il en faut plus pour décourager De Tomaso qui a la ferme intention de la relancer en proposant un coupé sportif et luxueux mais surtout accessible, histoire d’aller jouer dans la cour de BMW. Pour cela, il compte développer un tout nouveau bloc, un V6 cubant moins de 2.0 l et dopé aux turbos. Pourquoi moins de 2.0 l ? Eh bien parce qu’en Italie, à partir de 2.0 l les voitures étaient surtaxées. Bref, l’idée est là…
La Maserati Biturbo voit le jour en 81. Son dessin est signé Pierangelo Andreani, largement inspiré par la Quattroporte qui avait été dessinée chez Ital Design. Le style est compact, taillé à la hache. L’ADN est porté par la calandre et la trappe à essence qui arborent fièrement le trident de Poséidon. C’est sobre, sans fioriture ni d’ostentatoire pour offrir au coupé italien une classe qui a su traverser les époques sans finalement prendre de rides.
Sous le capot on retrouve un V6 Biturbo, une première mondiale. Gavé par un double corps Weber, ce 2.0 l envoie 180 ch et 253 Nm de couple aux roues arrières qui peinent à contenir la charge lorsque les deux escargots IHI se mettent à souffler. Car sous son physique de bonne soeur, notre italienne n’accuse que 1200 kg et affiche un caractère bien trempé. Sur le sec, ça peut être rock’n roll. Sous la pluie, c’est suicidaire ! Pourtant le châssis est plutôt bien né, si ce n’est qu’aucun filtre ne vient tromper le pilote. C’est en direct live avec un couple qui débarque en mode ON / OFF, du pur et dur comme on en faisait dans les 80’s, avec un cul vif, qui aime se déhancher. La Biturbo ne vous prendra jamais par surprise, il faut juste avoir des réflexes affutées et quelques notions de pilotage pour la maitriser.
La famille Biturbo va vite évoluer. A partir de 1983, au delà des frontières italiennes, le 2.0 l détaxé de la Biturbo E est remplacé par un 2.5 l qui gagne 5 ch mais surtout passe à 300 Nm de couple dispos à 3000 trs (4400 sur le 2.0 l). On voit également débarquer la Biturbo S qui, équipée d’un intercooler, affiche 205 ch. L’année suivante, l’arrivée du catalyseur vient brider un chouill’ le V6… qui retrouvera de la couleur deux ans plus tard en adoptant l’injection et un V6 2.8 l de 250 ch. La Biturbo devient alors 228 et repose sur le châssis de la berline, plus longue, plus large, plus luxueuse… plus lourde. Faisant regretter aux fans que Maserati n’ait pas osé greffé ce bloc au frêle coupé originel…
La belle transition que voilà pour cet article… car si Maserati ne l’a pas fait, d’autres s’en sont chargés. C’est donc forcément le cas de cette Biturbo E de 84. Si ce n’est que depuis, elle a bien changé. Elle a reçu un kit composé de pare-chocs et bas de caisse avant de passer en biton blanc et or. Des events ont poussé sur le capot pour venir aérer le gazier, en l’occurence un V6 2.8 l de Maserati 228 qui, pour l’occase, a été revu du carter aux culasses par l’équipe de Competition Engines basée à Colorado Springs. Nouveaux arbres à cames plus pointus avec soupapes et ressorts plus rigides, pistons forgés Diamond Racing avec segments Total Seal, vilebrequin allégé et équilibré, turbos IHI plus copieux, pompe à essence et injecteurs gros débit, une nouvelle gestion et une ligne Kleeman… que quoi passer à 330 ch et à 440 Nm de couple.
Pour essayer de les passer au sol, le châssis reçoit l’aide de combinés Bilstein / Eibach, de silent blocs en polyuréthane, d’une direction plus directe et d’un freinage upgradé caché par des jantes Panasport en 16″ chaussées de Pirelli P Zero Nero en 205/50. La boite et l’embrayage ont été renforcés et un différentiel à glissement limité vient aider à gérer la motricité.
Dans l’habitacle, on change de registre. C’est baroque’n roll ! Les épais sièges de chez mamy Georgette tendus de cuir marron, le bois précieux et la célèbre horloge au centre du tableau de bord. C’est classe, c’est italien, c’est tellement 80’s.
Au delà de sa sale réputation, la Maserati Biturbo a plutôt bien vieilli. Le seul souci est surtout d’en trouver une propre et saine, surtout que certaines ont fini entre des mains qui n’en ont pas forcément pris grand soin. Ajoutez y la rouille, la fiabilité aléatoire, les dispo des pièces, leur tarif… bref, on achète pas une Biturbo comme on le ferait avec une une 325i ou une R21 2.0 l Turbo ! En attendant, elle reste encore accessible (mais pour combien de temps ?) et change de c’qu’on a l’habitude de croiser. Pour ne rien gâcher, la cure de testo lui va bien… pensez y pour votre prochain projet.
© greggearhead via BaT