Quand tu roules dans une caisse des 80’s et que tu veux lui offrir une bonne cure de pompelup, le mieux, c’est de taper avec un préparateur de l’époque, respecter l’identité de la caisse. Par exemple une BMW 635csi en Japan Racing et kit choucrouté… ça mérite la flagellation à coup d’Auto Plus. Mais une 635 Csi en Hartge, là ça devient violent !
Sauf que vous aurez du mal à vous payer un bonne prépa Hartge… En effet, l’année dernière, la marque a tiré le rideau dans le plus grand silence ! Car à l’image d’Alpina, Hartge était considéré comme un véritable constructeur depuis 1985.
A la base, Herbert Hartge, un pur passionné de sport auto et de compet’, s’amusait à modifier les caisses de ses frangins. Puis en 71, il décide d’arrêter de jouer et passe aux choses sérieuses en ouvrant sa propre boite spécialisée dans la préparation des moteurs signés BMW, notamment ceux qu’on retrouve sur les BMW 2002, qu’il engage sur circuit et en montagne. Les voitures allemandes au logo Hartge s’imposent rapidement et l’atelier de retrouve très vite débordé mais surtout, trop petit. Herbert est alors obligé de déménager dans des locaux plus grands qu’il va faire construire à Beckingen, juste à la frontière allemande au nord-est de Metz.
Herbert Hartge se fait rapidement remarquer par la qualité de ses préparations et la finition de ses voitures. Pour aller chercher des watts supplémentaires, il n’hésite pas à retoucher les culasses, revoir les gestions électroniques ou libérer les blocs avec des collecteurs et lignes sur mesure. Les boites sont également revues avec des rapports pour tirer plus courts.
Les châssis aussi prennent leur compte… Suspensions revues à la baisse et raffermies, géo aux petits oignons, freinages plus copieux… et bien sûr les jantes maison, avec ce dessin spécifique qui traversera les générations et deviendra la signature du préparateur.
Enfin la cure se termine dans l’habitacle où, en fonction du budget du client qui lui confie sa belle, l’équipe d’Hartge sait aussi bien faire propre et sobre que partir dans le bling bling caricaturale. La cure habituelle, c’est baquets Recaro, volant et pommeau, plus les compteurs qui vont bien, adaptés aux nouvelles specs de la voiture.
Quoiqu’il en soit, rien n’est laissé au hasard et c’est tout ça qui défile sous vos yeux, condensé dans cette BMW 635 Csi de 83, devenue Hartge H6 SP… Tant qu’on y est, il y a eu 2 voitures dans la hiérarchie 635 E24 revues par Hartge. La H6 S dont le 6 en lige était libéré par une ligne complète et passait de 215 à 240 ch. Au dessus la H6 SP qui grimpait à 252 ch grâce à sa culasse qui recevait de nouveaux arbres à cames. Pour les plus exigeants en manque de sensations très fortes, Hartge proposait aussi une cure de pompelup sur la M635 Csi qui accrochait alors les 330 ch à 6800 trs.
La ligne n’a rien perdu de son shark nose… par contre, elle gagne les logos du préparateur, le liseret latéral et des enjoliveurs d’ailes chromés, qui doivent toujours faire autant d’effet à la bar-mitsva du petit dernier ! Bien ringard mais bon, elles y sont, alors on va faire avec.
Concernant Hartge, les choses s’emballent au début des 80’s. Herbert aligne ses voitures au Championnat d’Europe des voitures de tourisme. Puis en 87, pendant qu’Hartge obtient son statut de constructeur officiel, la marque s’engage en F3 avec Eric van de Poele. En 88, Erwin Weber et Matthias Feltz engagent une M3 Hartge Motorsport au Championnat d’Europe des rallyes. Enfin en 89, 90, 92 et 93, Francis Dosières accroche le titre de champion d’Europe de la montagne et en 90, Jean-Michel Martin est champion Procar du championnat Belge.
Hartge, on en a aussi entendu parler avec la Safrane Biturbo. En fait, le préparateur allemand s’était chargé de greffer le turbo sur le PRV qui équipait l’Alpine A610 V6 Turbo. Le préparateur est allé lui en tirer 250 ch des entrailles. Sauf que pour sa Safrane, Renault voulait une double suralim’. C’est donc Hartge qui s’est une nouvelle fois penché sur le gazier pour lui virer son Garrett T3 et y coller deux KKK K04. C’est ce même bloc qu’on retrouvera sur les quelques protos de la Laguna Biturbo.
Ajoutez à tout ça une gamme de bagnoles qui valait largement son pesant de bretzels et on pouvait imaginer Herbert Hartge à la tête de sa belle entreprise éponyme, forte d’une notoriété forgée au fil de ses 50 ans… Sauf que voilà, l’année dernière, sans faire un bruit, Hartge a tiré le rideau ! Fini les 80’s… Les prépas sobres et efficaces, ça ne plait pas aux footballeurs !
© RM Sotheby‘s via Dirk de Jager
Idem pour Carlsson, l’autre boutique des frères Hartge (Rolf et Andrea, les cadets de Herbert plutôt spécialiste Mercedes et plus généralement Daimler-Chrysler du temps de l’alliance avec Startech pour les Smart et autres Chrysler Crossfire) sauf que pour eux le parapluie est fermée depuis 2015.
Sniff, je ne pourrai pas faire préparer ma modeste CLK 430 en CK 60 RS!!!
C’est triste mais tellement évident, à part quelques swaps moteur homologués ces préparateurs n’avaient pas d’avenir à l’heure où les constructeurs ont tous étoffé leur catalogue de pièces sport cosmétiques et où pullulent les sociétés de reprog.
Continuer à faire du tuning tel quel n’avait plus de sens ; soit faire de l’extravagant comme Mansory mais pas la politique de cette maison, par contre devenir un spécialiste de la restauration youngtimer BMW (voir modernisé comme RUF) ou prépa pour les courses d’époque cela aurait pu être jouable comme DP-Motorsport.
Il est vrai!!!