Slammed Mercedes C123… Le coupé qui traverse le temps !
par Thierry Houzé | 21 mai 2020 | Street |
Au cours du temps, on croise des choses qui vont nous marquer et laisser une trace dans leur époque par leur côté indestructible voir immortel… Le Nokia 3310, Chuck Norris, les Feux de l’amour ou encore la Mercedes W123. Cette caisse, c’est Highlander… et encore, je suis presque sûr que même si on lui enlève son moteur, elle vit encore !
La Mercedes W123, c’est une banale routière qui voit le jour à la fin de l’année 1975. Sa notoriété elle va se la faire notamment grâce à sa grosse calandre surplombée d’une étoile teutonne qui symbolise déjà le luxe et la sportivité. Mais à l’époque, les différentes crises pétrolières font qu’il est bon de revoir sa copie avec plus de modestie afin d’élargir sa gamme, séduire plus de monde, développer les ventes et donc l’état du compte en banque.
Du coup, avec la W123 Mercedes va proposer une voiture un peu plus compacte, un peu moins élitiste avec un prix de vente devenu plus accessible pour le commun des mortels. La marque à l’étoile n’avait alors probablement pas imaginé le succès qu’allait rencontrer sa nouvelle berline ! D’une robustesse à toute épreuve, la W123 allait devenir le déplaçoir préféré des rouleurs et ce, partout sur la planète. Du Maghreb à l’Europe de l’est, des USA à l’Asie, de l’Europe à l’Afrique noire, la caisse va s’écouler à quasiment 2,7 millions d’exemplaires en 10 ans de carrière.
D’autant plus qu’en 77, le coupé (C123) et le break (S123) viennent renforcer l’offre. La force de la W123 c’est d’être relativement accessible, du moins plus que ce que ne l’étaient les modèles de la marque avant elle, sans pour autant dénigrer le statut social de l’étoile qui trônait au bout de son capot. Elle savait conserver l’aura de Mercedes pour en faire une sérieuse berline d’entrée de gamme qui séduisait le quidam ou les chauffeurs de taxi. Mais elle proposait une offre de moteurs et une liste d’options pour permettre de la faire monter en gamme et aller faire de l’oeil aux chefs d’entreprises ou aux people qui cherchaient un déplaçoir classe mais discret. Mercedes venait d’inventer la logique de gamme… allant d’une banale voiture mais dont le logo permettait de flatter celui qui en tenait le volant, jusqu’au monstre premium qui vous ouvrait les parkings privés des casinos et palaces. 40 ans plus tard, c’est comme ça que ça fonctionne chez toutes les marques.
Il faut aussi reconnaitre que Mercedes a su miser sur le sport auto pour dynamiser l’image de sa voiture, mais surtout sur des moteurs diesel qui allaient représenter plus de 60% des ventes… Eh oui, à l’époque le carburant du diable cherchait à imposer sa grasse domination moutonnière !
Il n’empêche qu’il faudra deux caisses pour la pousser à la retraite… La 190 (Prémices de la Classe C) à partir de 1982 et la Classe E W124, sa remplaçante officielle, qui va arriver elle en 84. Et pourtant, dans certains pays, la W123 continuera sa carrière jusqu’en 86. Enfin, il n’y aura pas de miracle, rapidement, la W123 va devenir aussi ringarde qu’un épisode de l’inspecteur Derrick ! En dehors de l’Afrique et de l’Europe de l’est, où elles trouvèrent une 2nde vie, plus personne ne voudra d’elle. Au contraire, sa robustesse faisant que celles qu’on croisait était dignes d’un film d’horreur ! Des caisses massacrées, ruinées, rouillées, rafistolées dans tous les sens à coup de scotch ou de fil de fer, affichant parfois un tel kilomètre que le compteur avait rendu l’âme avant le moteur. La plupart du temps, elles avaient conservé un chauffeur d’origine, aussi fracassé que la voiture. Et au delà d’être ringardes, elles étaient aussi devenues ce tromblon roulant et fumant qui faisait chier tout le monde sur la route… on n’voulait pas rouler dedans, mais en plus, quand on en croisait une, on voulait presque y foutre le feu !
Et puis y’a eu les youngtimers… et les choses ont changé. De ringarde la W123 est alors devenue tendance, mais en mode youngtimers voyez ? Siiii… genre la bagnole le gars il est passé devant pendant des années sans même la calculer, voir même il faisait partie de ceux qui voulait la voir cramer. Quand il croisait un gars au volant de la Mercos, il voulait y jeter des cailloux. Puis un jour, un mag’, tel le gourou d’une secte, leur a dit : « A partir de ce soir minuit, la W123 c’est trop la classe ». Et là, le gars il a changé. Bon il a pas remarqué qu’il se faisait endoctriné et que finalement, il était incapable de se faire son propre jugement, il fallait qu’on lui dise. En tout cas, depuis de sa secte lui avait dit qu’il pouvait alors il s’est mis à en rêver la nuit, avec sa rouille et son aile fracassée d’origine… Ah oui, parce que le gourou lui a aussi dit que s’il changeait quelque chose il allait se désintégrer comme une Alfa sous la pluie ! Ah ouais, ça fait peur…
Enfin heureusement que celle qui défile sous vos yeux, son proprio il ne lit que de la bonne et saine lecture… comme la nôtre (allez, profitez, c’est moi qui régale et ce soir c’est cadeau !). Alors son coupé W123 (C123, pour les stressés !) jaune canari, un 280 CE boitoto, il l’a collé par terre en static. Il a rempli les ailes avec un set de rares mais magnifiques jantes Weds Professor 3 parties en 16′. Le bord des ailes est chromé, et sur le toit, on retrouve la galerie… Pas pour partir au camping, mais juste parce que ça fait style !
Enfin l’habitacle est juste nickel. Laissé d’origine, il est flambant et s’appuie sur une sellerie vinyle / tissu beige claire, contrasté avec un tableau de bord noir habillé de placages bois. Enfin en pièce maitresse, un volant Nardi lui aussi en bois avec branches chromées… on a juste envie de s’y lover et d’aller cruiser bercé par un bon son.
Oui je sais, vous baratiner pendant 14 paragraphes pour terminer avec deux qui vous parlent de la voiture présenté, c’est une prouesse ! Mais en même temps, cette Mercos C123 est le parfait exemple qu’il n’y a pas besoin de surcharger et d’en faire trop, ni d’aller ruiner la base d’origine. 4 jantes, tu poses, et un volant, le tout sur une caisse clinique. Comme quoi, mieux vaut une caisse clean modifiée, qu’une ruine d’origine…