Supercharged Lotus Elise… Quand les ricains s’y mettent !
par Thierry Houzé | 10 octobre 2020 | Street |
Aux States, quand ils pompent une idée aux européens, faut toujours qu’ils en fassent trop ! On avait le jambon beurre, ils en ont fait le Big Mac. On avait Jean Dujardin, ils en ont fait The Rock. On avait Benny B, ils en ont fait Public Ennemi. On avait Casimir, ils en ont fait King Kong. On avait Fantomas, ils en ont fait Dark Vador. On avait la Lotus Elise, ils en ont fait… un monstre de 400 ch !
Une Lotus, c’est tout l’opposée d’une caisse américaine. D’un côté t’as un concept qui va chercher sa sportivité en limitant son poids au max afin d’exploiter le châssis aux p’tits oignons pendant que de l’autre, t’as un paquebot motorisé par des réacteurs de navette spatiale. Les muscle cars ont beau être devenues méchantes, efficaces et excitantes, elles n’ont pas pour autant succombé au régime british du Light is right si cher à Colin Chapman. Donc quand une Lotus est une ballerine, une américaine, c’est plutôt un joueur de football américain qui cherche à tout déboiter sur son passage.
Pendant des années, l’Esprit était la seule à revendiquer la philosophie Chapmanienne sur le sol américain, considérée comme une caisse d’épicuriens, de ceux qui avaient compris que tout ne tourne pas forcément autour du nombre de chevaux qui se cachent sous le capot. Son côté décalé associé à son statut d’européenne, et au prestige de son blason, en faisaient aussi un déplaçoir de choix pour les fins connaisseurs. Et même si elle s’était offerte une image en béton armé grâce à Hollywood, ses ventes sont restées anecdotiques. Enfin, Lotus lui a quand même collé le V8 en 96 pour séduire les américains… m’enfin, avec déjà 20 ans de carrière derrière elle, la concurrence propose pas forcément mieux, mais plus moderne…
Du coup, en 2003, quand l’Esprit prend enfin une retraite bien méritée, il faut lui trouver un remplaçante sur le marché américain. Et ce rôle va être confié à l’Elise… Oui, d’une supersportive aux accents de GT qui n’a cessé de grossir et de prendre du poids au fil de sa carrière, on passe à une sportive pure et dure, au confort et à l’équipement minimaliste, voire inexistant, misant sur son rapport poids / puissance et son efficacité… Alors autant l’Elise a bien trouvé sa place sur le vieux continent, autant, au pays des burger et des V8, fallait quand même avoir le couilles pour oser proposer un truc totalement décalé. D’autant plus que l’offre a continué avec l’Exige et l’Evora. Enfin bon, rien de bien folichon puisqu’après une petite période d’euphorie de 2005 à 2010 (avec plus de 2000 voitures vendues par an), Lotus écoule aujourd’hui moins de 100 bagnoles par an chez l’oncle Sam.
Enfin il n’empêche que notre petite anglaise quotidienne, est sortie d’usine en 2008 pour traverser l’Atlantique, dans sa pétillante robe Chrome Orange. 800 kg d’alu et de fibre, mus par un bloc Toyota 1.8l, le 4 cylindres 2ZZ-GE de 192 ch, celui qu’on retrouvait sous les capots des Celica et Corolla TS. Bref, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes… jusqu’en 2012 où son proprio, va avoir l’envie de courir en SCCA à son volant. Et là, tout va changer…
Esthétiquement, l’Elise va prendre cher. Kit large avec fender flare rivetés. Lèvres avant qui grimpent jusqu’aux ailes. Diffuseur alu à l’arrière et aileron XXL en carbone sur platines réglables. Dans chaque aile ont retrouve des Bogart Racing en 17 » chaussées en slock Hoosier Racing. Elles cachent un freinage d’origine, avec un double maitre cylindre, pour un réglage avant – arrière.
Tant qu’on est au niveau du châssis, la p’tite anglaise est maintenant posée sur des amortos Öhlins réglables accompagnés de ressorts Hyperco pour rouler 16mm plus bas. Devant, la barre antiroulis plus grosse est une Blackwatch Racing, tout comme les différentes bagues, roulements et rotules. La direction plus directe, est signée Sectro 111 V2.
Dans l’habitacle, rien ne change… si ce n’est le harnais pour le pilote, le volant Sparco alcantara, quelques manos et des commutateurs pour les pompes à essence et celle de refroidissement intermédiaire air-eau. Les experts auront remarqué le tableau de bord venant d’une Série 2 phase 1 de 2006. En effet, le faisceau était plus adapté au nouvel ECU qui doit désormais géré un p’tit nouveau sous le capot.
Le 4 cylindres Toyota est toujours là. Sauf qu’il a été entièrement refait, forgé et équipé de soupapes Ferrea ainsi que d’un compresseur Whipple de chez BOE. La ligne est libérée, « inoxée » et décatalysée. Toutes les périphéries ont été revues et le gaziers développe désormais la bagatelle de 399 ch et 360 Nm. Tout ce beau monde file aux roues arrière via une boite 5 manuelle Toyota E153 en duo avec un DGL Kazz 1,5 voies emprunté à une MR2 Turbo.
Bref, quand les ricains se penchent sur une Elise, même si la bas a déjà largement le level suffisant, ils en en font quand même un missile gavé aux hormones. 400 ch… 800 kg. Oui, on est de l’ordre d’un rapport poids / puissance de 2. C’est mieux qu’une 812 Superfast…. en tout ça lui a permis d’accrocher le titre national dans sa série du SCCA 2014… et comme c’est américain, c’est street legal !
© glagola1 via BaT
Une merveille cette voiture