’74 Lotus Europa Twin Cam Special – Revolution à Hethel
par Thierry Houzé | 7 novembre 2020 | Street |
Les origines de la Lotus Europa (Europe selon les marchés) risque de vous scotcher. En 63, Ford entre en contact avec quelques constructeurs anglais pour trouver une sportive compacte et légère, équipée d’un bloc central arrière, pour aller chasser les Ferrari sur circuit, notamment aux 24h du Mans. Ils sont trois à répondre aux géant américain… Lola, Cooper et Lotus.
Alors que chez Lotus on pensait que les relations avec Détroit allaient peser dans la balance, ce sera finalement Lola avec sa GT Mk6 qui sera sélectionnée pour servir de base à celle qui allait devenir la GT40. Mais ceci est une autre histoire… que je vous ai déjà racontée en jogging comme en civil.
Il n’empêche que dans les années 60, Lotus utilise une recette bien rodée. Préparer un châssis poutre, l’habiller d’une caisse en poly, afin de contenir le poids, puis y greffer des éléments de grande série revus, retouchés et modifiés par les sorciers anglais. Le faible poids fait le reste et transforme la voiture en teigne affutée pour les petites routes. En 65, le projet Ford perdu, Chapman décide alors de transformer l’étude Europa en une nouvelle sportive économique. Pour cela il lui faut un moteur. La déception vis à vis de Ford va alors pousser le génial ingénieur à aller voir ailleurs… et il va terminer chez Renault qui accepte de lui fournir le 4 cylindres et la boite de la R16 TL, que les motoristes vont se charger de faire passer de 56 à 82 ch grâce à la greffe d’une nouvelle culasse, d’un échappement direct et d’un carbu double-corps Solex. Les sièges sont directement moulés à la carrosserie, et l’ensemble affiche à peine plus de 600 kg sur la balance. En 67 l’Europe / Europa débarque sur le route. C’est une révolution car elle est la première Lotus à adopter un moteur central arrière… Une architecture qui deviendra la signature des future sportives de la marque, et aujourd’hui encore !
La voiture n’est pas un foudre de guerre, mais son bloc respire bien, ne rechigne pas grimper dans les tours alors que son poids fait le reste. D’autant plus qu’elle est compacte, vive et que son bloc central arrière lui offre un équilibre et une agilité hors pair… le tout dans un confort quasi inexistant.
Quelques mois après sa sortie, Lotus présente un version plus excitée. Le 4 cylindres est revu par les motoristes de Lotus associés à ceux de Cosworth. Sa cylindrée grimpe à 1594 cm3, il est coiffé d’une culasse double arbres et équipé d’ne boite 5 Hewland. Les suspensions sont revues et le freinage compte désormais 4 disques. En avril 68, Lotus a écoulé 644 Europa… que Chapman considère comme un semi-échec. Il décide alors de revoir la copie. Et à partir d’avril 68, l’Europa S2 vient remplacer l’Europa S1.
Le châssis et le moteur ne changent pas. Mais de vais sièges apparaissent, les vitres peuvent s’ouvrir, la carrosserie et maintenant boulonnée et plus collée (pour éviter les grincements), un nouveau tableau de bord est dessiné, habillé de bois et accompagné d’une console centrale. En option, on trouve des vitres élec, l’autoradio, des enjoliveurs, le pare brise teinté, l’assistance au freinage… bref, l’Europa a sacrifié sur la balance une partie de sa sportivité au profit d’une montée en gamme flagrante. Fin 71, la S2 a trouvé 4293 preneurs.
Tout ça c’est bien, mais pourtant, pour les fans de spot, l’Europa souffre d’un gros défaut. Son moteur qu’ils jugent trop roturier. Même s’il fait le job, ce n’est qu’un Renault ! Du coup en 71, il est remplacé par un Ford twin cam revu par Lotus, gavé par deux double corps Dellorto et qui développe 115 ch. Le châssis est un peu plus long, la carrosserie un peu plus haute, la Special est née. Elle évoluera deux ans plus tard avec le 1558 cm3 « Bog Valve » qui poussera la chanson jusqu’à 126 ch à 5500 trs pour 660 kg. De quoi l’envoyer à 190 km/h après avoir franchi la barre des 100 km/h en 8,5 secondes.
C’est l’une d’elle qui défile sous vos yeux, habillée en Monaco White. Elle a reçu des jantes Panasport en 5,5 x 13″ chaussée en Cooper Super Trendsetter. Le 1.6l a troqué ses Dellorto pour un duo de Weber son refroidissement a été optimisé et fiabilisé.
En fait, j’me suis rendu compte qu’en dehors de la méchante GTU qui a participé aux 24h de Daytona en 78, c’est la première fois que je vous cause de l’Europa. Et pas la dernière, on va essayer de vous trouver un rare JPS.
© wob via BaT
La régie aurait dû fournir dès le 1er jour la version Gordini de 85CV . Et monter le où les arbres à cames dans la culasses. Ça l’aurait amélioré et “anobli”. Mais Billancourt était déjà “têtu” et privilégiait Alpine.