Nous sommes au début des années 60. Le constructeur anglais Lola décide alors de développer une nouvelle voiture pour remplacer sa vieillissante GT Mk6. Je ne pense qu’à ce moment là, les ingénieurs anglais ne s’imaginaient probablement pas qu’ils allaient enfanter l’une des plus belles caisses que la course auto allait voir débarquer… la Lola T70.
Lola a vu le jour en 1958 à l’initiative de l’ingénieur Eric Broadley. Depuis cette date et malgré quelques difficultés financières, la marque n’a cessé de proposer des caisses de courses dans quasiment toutes les disciplines où il est possible de courir; ChampCar, Rallye, Proto, Indy, CART, CanAm, F3000, A1 GP, Formule Nippon jusqu’à la F1, les usines de Huntingdon n’ont cessé d’assembler des châssis et des carrosseries avec pour objectifs, les performances, l’efficacité et la victoire.
Rapidement reconnue dans sa spécialité, Lola a également servi de base technique pour bon nombre de constructeurs et team privés avec entre autres, Nissan, MG, Mazda, Honda, BMW, Haas, Larousse, Scuderia Italia, Dome, Mitsubishi… et la liste est encore longue.
La marque se construit une réputation dès ses débuts avec de petits châssis légers équipés de blocs en position centrale avant. En 62, Broadley va faire parler de lui en développant 3 exemplaires de la GT Mk6, un frêle et léger prototype qui reçoit en son centre un V8 289ci de Ford… Et justement, à la même époque, le constructeur américain cherche une base pour aller pulvériser les Ferrari au Mans. Le projet GT Mk6 va alors être racheté par Détroit via un partenariat avec Lola et finir par devenir en 64 la légendaire GT40…!
Mais Broadley ne compte pas s’arrêter là. Il ressort sa planche à dessin et en 65, le 1er proto de la T70 voit le jour. Et là, c’est la grosse claque… L’aérodynamisme commence tout juste à débarquer timidement en sport auto (C’est en 66 qu’une F1 fera son entrée en soufflerie…) et les ingénieurs continuent de croire en la finesse des lignes et les appuis, bien que présents, n’ont pas encore pris la forme de disgracieux ailerons. La T70 offre alors un dessin qui est un juste équilibre entre les muscles d’une sport car et la finesse des lignes qui réussissent à la rendre juste sublime !
Sous cette robe de haute couture, le châssis a été spécialement étudié pour pouvoir recevoir un V8. Sachant que comme les GT40 et les Ferrari qui se poutrent en Europe avec des budgets démentiels, Lola va plutôt aller logner de l’autre côté de l’Atlantique en CanAm.
En 66 la MKII entre en jeu… en mode barquette. A son volant, John Surtees gagne 3 des 6 courses du championnat CanAm et la Lola embarque le titre. En 67, c’est au tour de la MKIII… elle retrouve un toit mais ne réussira pas à réitérer son exploit. En 68, le règlement change, les cylindrées sont limitées à 3.0l sauf pour les voitures produites à moins de 50 exemplaires qui peuvent exceptionnellement rester jusqu’à 5.0l de cylindrée. L’année suivante, cette règle tombe à 25 modèles… et les monstres de la catégories commencent à débarquer, Porsche 917, Ferrari 512… poussant alors la Lola T70 à la retraite.
Elle ne remportera pas d’autres titres, mais son palmarès compte quand même 3 victoires au RAC Tourist Trophy, 2 aux 6h de Watkins Glens, et un doublé retentissant aux 24h de Daytona en 69. On compte aussi à son actif le crash mythique de la Porsche 917 et de la Ferrari 512 dans le film « Le Mans ». Il s’agissait en fait de 2 Lolo T70 recarrossées.
Plus de 100 voitures sortiront des usines de Huntingdon… et je dois reconnaitre avoir une méchant faible pour ces voitures de sport des années 60, Ferrari 250 GTO et LM, GT40, Porsche 904 et 908, Shelby Cobra Daytona, Alfa Giulia TZ, Iso Griffo, Type E Lightweight, Lotus Europa… Véritables machines de course, mais qui n’avaient surtout pas oublié d’être belles…!
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