En 1975 Citroen touche le fond, entrainant Maserati dans sa faillite… Alors que Peugeot va racheter la marque aux chevrons, pour l’italienne, ce sera plus compliqué puisqu’elle sera d’abord mise sous tutelle avant d’être récupérée par De Tomaso. C’est à ce moment là que la gamme Biturbo va voir le jour, sauf pour un modèle, une berline, qui va devenir le symbole de l’opulence baroque italienne, la Maserati Royale !
La Quattroporte n’en était pas à son coup d’essai. Le modèle a vu le jour en 63, dessinée par Pietro Frua et motorisée par un V8 de 4.2 l pour 260 ch. Trois ans plus tard, il passe à 4.7 l pour 290 ch. 776 exemplaires sortiront de l’usine de Modène jusqu’au début des 70’s où elle laissera sa place à la Quattroporte II… Elle sera le dernier modèle Maserati commercialisé avant le rachat par Citroen, et la première Quattroporte signée par Bertone. Sous son capot, on retrouve le V6 3.0 l de 210 ch qui remuait déjà la Merak et la SM… et qui aura bien du mal à convaincre les habitués de la marque ! En 75 Citroen est placé en redressement judiciaire… cela signera l’arrêt de la Quattroporte II après seulement 13 exemplaires commercialisés.
Comme je vous le disais brièvement dans l’intro, après la faillite de Citroen, Maserati est alors repris par un fond de gestion qui appartient à l’état italien, le temps de retrouver un repreneur digne de ce nom. Et ce repreneur s’appellera De Tomaso…
L’objectif d’Alejandro De Tomaso n’est pas de faire de Maserati la nouvelle spécialiste de la mobilité partagée… quoique ! Alejandro souhaite développer une nouvelle gamme de sportives, 2 et 4 portes, plus accessible et qui serait motorisée par un V6 biturbo de 2 litres de cylindrée pour répondre aux normes italiennes et éviter les taxes.
Mais en parallèle à la future Biturbo, Maserati va relancer la Quattroporte. Surtout que la marque ne veut pas rester sur l’échec du V6 anémique et préfère opter à nouveau pour un V8. Et ça tombe bien car il y a celui de la 1ère version… Une p’tite remise aux normes plus tard et voilà donc la luxueuse berline italienne de retour avec un 4.2 l de 260 ch et un 4.9 l de 280 ch.
Au delà de la Quattroporte, celle qui nous intéresse, la Maserati Royale, va débarquer précisément le 16 décembre 1986 à l’occasion du 60ème anniversaire de la marque. Alejandro veut faire de la Royale une série limitée de 120 berlines premium 100% sur mesure.
La voiture est motorisée par le V8 4.9 l et accompagné au choix d’une boitoto ou d’une manuelle ZF. Par contre, chaque client choisit la teinte de son palace roulant et compose l’aménagement de l’habitacle comme il le souhaite… Cuir, bois, couleurs, finitions, accessoires, sachant que rien n’est trop beau, ni trop luxueux. A tel point qu’une fois blindée, elle deviendra la voiture officielle des gouvernants italiens, du président Sandro Pertini ainsi que de ceux du Senat et du Conseil italien.
Bien qu’Alejandro ait mis le paquet pour séduire les richissimes clients potentiels, il n’enregistrera que 53 commandes de Royale, loin des 120 espérées. Aujourd’hui, entre sa ligne disproportionnée, son luxe vulgaire, ses matériaux outranciers, et son image baroque et kitsch à souhait, elle est devenue aussi délicieusement personnelle que rare et tous ses défauts se sont transformés en qualités qui lui donnent ce caractère typique et irrésistible… surtout 30 ans plus tard !
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