La Dauer EB110 c’est l’histoire d’un italien, d’un autre italien et d’un allemand. L’Italien rentre dans un bar et dis « C’est moi qui fabrique lé plou belles voitoures dou monde« , l’autre italien lui répond, « Si, ma oujourd’oui tou est mort, et ta bouate est a mio ! » Et l’allemand de rétorquer « Gartez fôtre boiteu, ich, che prends ke che k’il y a de plus chénial tetans et che fais en faireu ein trük encor plus chénial » Bon je ne sais pas bien les raconter, en plus mon accent allemand à l’écrit est à chier.
Le premier italien, c’est Ettore Bugatti, fondateur de la marque et expatrié d’Italie vers l’Alsace dont il est tombé amoureux. La patronyme de l’auto est d’ailleurs un hommage à son fondateur : EB110 = Ettore Bugatti, 110 pour les 110 ans de l’anniversaire de la naissance du patron.
Le deuxième Italien c’est Romano Artioli, homme d’affaire et repreneur de Bugatti en 1987 avec de grandes ambitions. Il créa l’EB110 en 1991 et mit la clé sous la porte en 1996. Certains diront que c’est à cause de sa tête qui ne passait plus les portes, lui dit que c’est un complot de certains constructeurs… Si l’histoire vous intéresse, prenez un peu de temps et matez la vidéo ci-dessous…
©Kidston.TV on Vimeo.
Ce qui nous amène à l’allemand de l’histoire. Lui c’est Jochen Dauer, ancien pilote de course et patron de l’écurie éponyme. Il est reconnu pour avoir avoir aligné la Porsche 962 victorieuse des 24h du Mans en 1994. Mais aussi pour avoir transformé cette même voiture en version street legal. Bon voila le tableau est posé.
Dauer s’est mis en tête de racheter tout ce qui pouvait rester de l’EB110 pour en fabriquer une petite série. Il s’est partagé le gâteau avec Gildo Pastor (Patron de Venturi aujourd’hui) qui lui à repris les EB112. Deux EB110 en cours de fabrication termineront leur assemblage dans les ateliers Dauer.
Sauf que Dauer ne s’est pas contenté de faire un gratin de restes de la semaine comme l’aurait fait Loïs. Non, avec le stock de pièces, les plans de montage et tous les restes rachetés sur les ruines de l’usine de Bugatti Automobili, l’allemand entreprit de construire sa propre EB110 made in Nuremberg. Le V12 de la SS passe de 603 à 645cv puis plus de 700 ! Et certaines pièces carrosserie ont été remplacées par de la fibre de carbone ce qui allège la bête de quelques 200 kg. Dit comme ça on dirait une vulgaire préparation sur base de supercar. Que nenni ! La Dauer est une vraie Bugatti… Mais en mieux ! Un peu comme fourrer un bloc de foie gras avec du caviar… Mauvais exemple, le fois gras se suffit à lui-même et le caviar c’est infect. Enfin je pense que vous avez compris l’idée quoi !
L’un des rares exemplaires fabriqués (moins de 10 !), le bleu qui illustre cette page avant le drame, s’est foutu au tas comme un malpropre lors de sa dernière sortie (un mur a traversé la route sans regarder à ce qu’on sait, ou plusieurs…). Si la vue des voitures de luxe cartonnées vous donne envie de pleurer, ne regardez pas cette vidéo…
©MaksV86
Après tout vous me direz, à quoi bon rouler dans une caisse de plusieurs millions d’euros, dont toutes les pièces sont spécifiques et introuvables, dont l’huile et les pneus conçus spécialement pour la voiture ne sont sans doute même plus fabriqués et dont le seul réparateur au monde se trouve en Italie à Campogalliano, sur les ruines de l’ancienne usine ?
Non vraiment, à quoi bon ? Cette voiture en fait c’est beau, c’est rare, c’est tout ce que vous voulez mais c’est une putain de galère en vrai !
©Yo & signatures eventuelles
« dont le seul réparateur au monde se trouve en Italie à Campogalliano »
Quand même pas.
Et pour preuve, nous en avons fait une à l’atelier, en France 😀 (Chassis 7398 si je me souviens bien).