Vous vous rappelez de Max Hoffman ? Siiii, ce gros concessionnaire multimarques New-Yorkais qui vendait tellement de voitures européennes qui réussissait à imposer ses choix aux constructeurs. La 300 SL, la Porsche 356 Speedster, l’Alfa Giulia Spider et la famille des Ferrari America sont toutes sorties de son imagination… et bien sûr, puisque c’est elle qui nous intéresse aujourd’hui, la BMW 507.
C’est bien connu, il est libre Max (Bim, estocade, double rotation, pivot décalé et grosse vanne en solde détectée ! Non, riez pas, on a quand même des confrères qui en font leur fond de commerce…), surtout quand Max c’est le king des importations de caisses luxueuses européennes aux States dans les années 50.
Et Max, les VW, Mercos, Porsche, Alfa, Ferrari, Jaguar et autres BMW, il les vend à la pelle ! Alors forcément, quand il décroche son téléphone pour appeler ses « fournisseurs », il a tendance à dicter les tendances. Grâce à ce cher Max, le milieu de l’automobile pourra voir débarquer des beautés roulantes comme la Mercedes 300 SL Gullwing dont il écoulera, à lui seul, 80% de la production, la 190 SL ! Il suggèrera à Ferdinand Porsche de sortir une version « custom » de son cab 356, avec un pare brise court… et v’là que débarque le Speedster, devenu un modèle à lui seul depuis…!
Il craque sur le coupé Alfa Giulia et conseille à Alfa d’en faire un Spider… C’est ainsi que les modèles de la marque vont se retrouver commercialisés de l’autre côté de l’Atlantique. Même le Commandatore va lui faire une gamme complète estampillée America !
Bref, si ce site existe, c’est en partie parce que des gars comme Max Hoffman ont réussi à faire élever l’automobile au rang de passion en faisant naitre des engins aussi envoutants à regarder qu’à conduire !
Vous aurez compris que son truc, c’est surtout les sportives et roadsters. Mercedes justement propose les 190 et 300 SL qui rencontrent le succès. Ferrari enlève le toit de ses coupés pour les envoyer chez Hoffman. Et c’est pareil chez la concurrence, Ford propose la Thunderbird pendant qu’en face, chez GM, on mise sur la Corvette C1.
En tant que concessionnaire et importateur BMW, Max Hoffman va leur faire une proposition. BMW est en passe de sortir une version découvrable de ses berlines 501 et 502. Le modèle, un cabriolet 2 portes / 4 places appelé 503, né du coup de crayon du designer maison, Albrecht von Goertz, doit être présenté au salon de Francfort 55. Hoffman leur demande alors d’en réaliser un roadster sur un châssis raccourci.
Albrecht se remet vite à la table à dessin, les ingénieurs de tapent quelques nuits blanches et à Francfort, le 503 est accompagné du 507. Il s’envolera ensuite pour une présentation sous les projecteurs du salon de New York.
L’histoire est en marche. Le dessin est vif, nerveux, sportif, sans oublier cette touche de luxe si européenne. Sous le capot, on retrouve le V8 en alliage qui anime la 502 et la 503, un 3.2 l avec arbre à cames latéral, gavé par 2 carbus Solex pour une puissance de 150 ch.
Avec 1330 kg sur la balance, la souplesse du V8 et une boite ZF sportive et agréable, le roadster 507 est une bonheur d’agilité et de vivacité. Pourtant, il va avoir du mal à trouver sa clientèle… Le cul posé entre les 2 Mercos, il est moins sportif et n’a pas le palmarès du 300SL, tout en restant moins accessible que le 190. Bref, il se retrouve soit trop cher, soit pas assez sportif… et au final, il ne s’en écoulera que 254 exemplaires entre novembre 56 et mars 59.
Bien entendu, 60 ans plus tard, le charme a largement opéré. Et même si la rareté peut justifier la valeur, le 507 s’est débrouillé comme un grand pour entrer au Panthéon des joyaux mécaniques ! Il est sûrement l’une des plus belles réussites stylistiques de la marque, et, malgré son succès tout relatif, a contribué à forger l’image de BMW. Il n’a peut être pas été rentable, mais il a fait parler de lui et continue de le faire 60 ans après sa naissance… et ça, ça n’a pas de prix (enfin si, quasiment 2 millions d’€ !).
© RM Sotheby’s via Darin Schnabel