Au début des années 30, l’Amérique se remet doucement du crack boursier de 1929 et l’industrie auto reprend des couleurs. Chez Chrysler, on révolutionne le design en proposant une élégante Airflow qui arrive sur les routes en 1934. Mais c’est sans compter sur Lincoln, la division luxe de Ford, qui s’apprête la lancer sa Zephyr…
Dans les années 30, nous sommes en pleine période de l’aéronautique. L’aviation est en pleine évolution. En parallèle, le design vit sa période « Streamline Moderne », connu aussi comme le style « paquebot ». Bien entendu, les constructeurs vont s’en inspirer et le dessin des autos va commencer par abandonner les lignes droites et les pares brises verticaux, pour les courbes et les pans inclinés ou arrondis.
La 1ère a réellement révolutionner le genre est la Chrysler Airflow en 1934. Le dessin est innovant, tout en courbe, l’aérodynamisme fait son entrée dans le monde de la voiture. C’est un véritable succès… d’estime ! Mais pas commercial… on ne bouleverse pas les clichés et les codes établis aussi rapidement que ça, et ce genre d’épisode se répète régulièrement au fil des générations. Trop en avance, trop moderne, il n’empêche que ça permet de faire bouger les lignes.
Il n’empêche qu’à partir de la Chrysler Airflow, rien ne sera plus jamais comme avant. En 36, c’est au tour de Ford de présenter sa vision de l’aérodynamisne via sa marque de luxe, Lincoln. La Zephyr apparait sur le marché. La caisse est magnifique, toute en courbe, et malgré un gabarit digne d’un Big Mac, elle reste fluide, élégante et extrêmement moderne. Sous le capot, on retrouve le sempiternel V8 mais Lincoln propose également un V12. Le seul de la production américaine. La 2nde guerre mondiale allait freiner la production de la Lincoln Zephyr et quand les Etats Unis entrèrent dans le conflit en 1942, toute l’industrie auto américaine fut stoppée et monopolisée pour l’effort de guerre.
Et la Zephyr « Scrape » dans tout ça ? J’y viens. Elle a vu le jour en 1998 et est officiellement le 1er projet custom à pouvoir se poser sur le bitume via des suspat’ hydrauliques. C’est donc comme cela qu’on devient une icône.
Née d’une collaboration entre Terry Cook, l’éditeur de Hot Rod Magazine, et Ramsey Mosher, un spécialiste des autocars personnalisés et customs…! Scrape est une interprétation moderne du style Streamline et combine parfaitement le dessin de la Lincoln Zephyr avec une esthétique moderne.
L’engin a nécessité 4500 heures de boulot. Pour faire simple, un châssis Chevrolet de 1978 reçoit l’avant d’une Zephyr de 1941 et le cul d’un modèle de 1939 ! Les ailes sont modifiées et élargies, à l’avant elles reçoivent des phares de Ford frenchés (Incrustés et intégrés dans les ailes) et le capot cache un V! Small Bloc Chevy de 350 ci accompagné dune boitoto 3 vitesses. Vous aurez compris que Scrape n’est pas là pour le time attack mais plutôt pour le show et le crusing. Le volant est d’origine Zephyr, les sièges électriques sont piqués sur une Cadillac, et sont habillés de cuir noir et blanc. Pour rester dans le style cocon, Terry Cook y a fait monter la clim, les vitres élec et la direction assistée.
La caisse est une véritable institution. A sa sortie, elle s’est offert pas moins d’une 20aine de « best of show » aux USA et au canada, notamment à la messe custom de Meadowbrook, au Louis Vuitton Classic de Manhattan et à l’incontournable SEMA. Elle a même eu droit à sa version Hot Wheels au 1:18 et gagnée le surnom de “Bo Derek, a Big 10” de la part du roi du custom, George Barris himself.
Une fois la récolte de titre terminée, elle a été vendue aux enchères lors du concours de Peeble Beach en 1999 pour la coquette somme de 250.000 $… pour une classic modifiée ! Elle est restée alors tranquillement exposée sous les projecteurs du Petersen Automotive Museum de Los Angeles jusqu’en 2013 où elle s’est une nouvelle fois retrouvée aux enchères. Elle a été rachetée pour « seulement » 55.000 $ par Barry Weiss, un excentrique collectionneur qui a fait fortune dans la production de musique et qui participe aujourd’hui à l’émission « Storage Wars ».
De couleur mauve depuis 1998, Barry fait repeindre la Zephyr en noir. Il fait également remplacer les suspat’ hydrauliques par du pneumatique. Elle refait aujourd’hui parler d’elle car Barry va à son tour s’en séparer. La Lincoln Zephyr « The Scrape » va à nouveau se retrouver sous le marteau du commissaire priseur de la future vente de Santa Monica le 24 juin prochain… Sa côte, entre 300 et 400.000 $ ! A suivre…
© RM Sotheby’s
Ca c’est magnifique !
Ce zephyr parut ya pres de 15 ou 20 ans dans un Nitro
Ralentisseurs interdits