De temps en temps sur De l’essence dans mes veines, vous savez qu’on essaye d’enrichir un peu votre culture automobile en vous parlant d’une caisse qui a marqué l’histoire… soit par sa ligne, soit par sa technologie, des fois même les 2 réunies. Aujourd’hui, c’est une Talbot Lago qui vient poser ses roues, une T150 C SS « Goutte d’eau » coupé de 1937.
Bien entendu, je ne m’appelle pas Titi Wikipédia ! Donc vous m’excuserez de ne pas chercher à rentrer dans les détails… en même temps, il y a de quoi en faire un bouquin, on va donc éviter ! Car oui, on va quand même survoler l’histoire de Talbot Lago, faut pas déconner non plus.
Elle commence avec Gustave Alphonse Clément, un industriel français qui s’associe en 1896 avec le constructeur Gladiator (propriété d’Alexandre Darracq) pour commercialiser une voiture qui portera le nom de… Clément-Gladiator !
En 1903, Gustave Alphonse rompt son partenariat et au passage, perd le droit d’exploitation de la marque Clément. Comme une statue du Chevalier Bayar trône devant le siège de son usine, il en adopte le nom et ses voitures sont désormais les Clément-Bayar. Il va alors chercher un nouvel associé de l’autre côté de la manche, Charles Chetwynd-Talbot (20e comte de Shrewsbury and Talbot). Ainsi né Clément-Talbot, une entreprise qui va assembler en Angleterre les voitures françaises Clément-Bayard… Oui c’est compliqué… on comprend pourquoi certains ont écrit des bouquins !
Mais ce n’est pas fini… car en 1919, v’là le retour d’Alexandre Darracq. Sa filiale anglaise rachète Clément-Bayard pour fonder la Clément-Talbot-Darracq Ltd. Puis, elle acquiert Sunbeam et l’entreprise devient alors la Sunbeam-Talbot-Darracq Motors Motors Ltd. En France, les voitures sont commercialisées sous le nom Talbot-Darracq. Et c’est à partir de 1922 que toute les marques sont fusionnées sous le seul nom de Talbot.
La marque se forge une solide réputation en course auto avec 3 victoires aux 200 miles de Brooklands, 1 au GP de Boulogne, 2 à celui de Provence, puis au GP de l’A.C.F., GP de Tripoli… les trophées s’accumulent.
En 1934, la marque rencontre quelques difficultés financières. C’est alors qu’Anthony Lago, un ingénieur italien se porte acquéreur de Talbot. Commercialisée sous la marque Talbot Lago, les voitures se modernisent, deviennent sportives et offre un style anglais associé à une technologie française… considérée comme la référence en la matière !
Il faut savoir également qu’à l’époque, les constructeurs proposaient à la vente le châssis, le moteur et la carrosserie. On cochait les cases en fonction du budget… sachant qu’il était donc possible d’acheter un duo châssis/moteur Talbot, et d’aller le faire habiller par un maitre carrossier.
Vous me voyez venir… nous sommes ainsi en 1936, et le modèle phare du constructeur est la T150 C (C pour Courtqui offrent 2 versions, Lago Spéciale ou Lago SS (Super Sport). Elles recevront une carrosserie dite « hors série » laissant le choix au acquéreurs. Parmi elles, certaines furent habillées par Fagoni & Falashi, une carrosserie française, oeuvre de Giuseppe Figoni et Ovidio Falaschi, créateurs du célèbre dessin appelé « Goutte d’eau »… Je vais y arriver !
Le dessin est somptueux, signe de l’âge d’or des carrossiers français. AIles galbés, roues carénées, calandre haut et phares grillagés positionnés tout en bas de part et d’autre. L’inspiration venait de la course auto, et les normes, alors inexistantes, permettaient de laisser libre court à l’imagination du créateur qui voyait son dessin devenir réalité.
Attention, cette caisse c’est une légende ! Elle est à mettre au niveau de la Bugatti Atlantic ou de la Delahaye 135, symboles des automobiles françaises à une époque où elles étaient considérées comme le fleurons de ce qui se faisait sur 4 roues ! La Talbot Lago T150 C SS embarque un 6 en ligne dont la puissance est boostée à 140 ch pour 1600 kg. Et pour profiter de tout ça, on vous propose un écrin somptueux, tendu de cuir, de bois précieux et de chrome… C’est juste sublime !
Seulement 16 coupés ont été assemblés, avec parmis eux, des carrosseries spécifiques si on prend en compte les norchback appelés « Jeancart ». Il en reste 14, toutes répertoriées, et dont chaque sortie est l’occasion de battre des records d’enchères… le ticket d’entrée débute à 3.500.000 € !
© RM Sotheby’s