Cette caisse, c’est un peu tout à la fois… L’occasion pour Nicko McBrain, le batteur du groupe Iron Maiden, de se délester d’un peu de tous ce cash qui s’accumule sur son compte ! Celle aussi pour Jaguar de profiter de cette commande et fêter les 50 ans de la XJ, tout en montrant que ce n’est pas parce qu’on a une image premium qu’on ne peut écouter du métal !
Iron Maiden… On est loin du groupe de boyscouts ! Du pur heavy metal né sur le sol de « God Save The Queen ! » (Pour ceux qui pensaient que c’était des ricians !). Personnellement, j’ai essayé, et je dois avouer que j’y suis jamais arrivé… 3 morceaux, et je devenais victime d’une hémorragie auditive ! Attention, ce n’est pas ma cam’, mais bon, je peux comprendre que certains soient fans, finalement c’est comme les caisses, il en faut pour tous les gouts… Puis pour être franc, et en finir avec ça, je ne suis pas équipé capillairement parlant pour la séance de rotation des cervicales en mode satanique !
Quoiqu’il en soit, Nicko McBrain, le batteur du groupe depuis 1982, va doucement sur ses 66 printemps… Même s’il arrive encore à muter en bête sauvage pendant les concerts, une fois redevenu citoyen britannique lambda, domicilié en Californie, il aime son p’tit confort, son thé, ses biscuits et ses charentaises. Et du coup, il s’est dit qu’une Jaguar, ce serait pas mal pour ses p’tites fesses. Mais pas n’importe laquelle. Nicko, son kif c’est la XJ6 Saloon série 3, comprenez par là le millésime de 79 à 92.
Si j’étais Père Castor, je vous raconterais que la XJ a vu le jour en 68 sous le crayon de Williams Lyons. Après un léger restyling en 73, c’est une toute nouvelle voiture qui débarque en 79, la fameuse série 3. Dans la lignée de ses ainées, elle est désormais signée Pininfarina et n’a quasiment aucune pièce commune avec la série 2 malgré un dessin qui a su reprendre tous les codes originels.
Jusqu’à là c’est un peu chiant… Et ça va continuer encore un peu. Car si vous suivez, et que vous n’avez pas trop oublié c’qu’on vous a appris en cours de maths, vous avez déjà percuté sur le fait qu’en étant née en 68, la berline anglaise fête justement cette année ses 50 ans de carrière. Et c’est là que les choses vont s’accélérer.
Nicko McBrain se rend donc chez JLR (Jaguar Land Rover) Classic Works, la branche classique officielle du constructeur. Oui, nous ne sommes pas chez un préparateur, ni un de ces spécialistes du cutom et encore moins un pro du restomod, mais bel et bien chez Jaguar, à Coventry, là d’où sont ressorties récemment les rééditions des Type E Lightweight ou des XKSS. Et comme il a un compte en banque sympathique et plutôt bien garni, il demande si n’y aurait pas moyen de réaliser un projet personnel sur base de XJ6 série 3. Chez Jaguar, on réfléchit, puis on se dit qu’avec l’anniversaire de la voiture, l’occasion est trop belle pour la refuser. Ca marquera le coup… puis bon, quand un peu se faire financer un coup marketing, d’autant plus par un client connu, pourquoi s’en priver ?!
La base est rapidement trouvée, une XJ6 de 84. Et 3500 heures de taff plus tard, elle est devenue l’engin qui se pavane sous vos yeux. Au programme des hostilités, la caisse, le châssis et la partie mécanique ont été entièrement refaits. Au niveau de l’esthétique, on remarque les phares modernes avec veilleuses LED de type angel-eyes. Le pare-choc avant est lui aussi modernisé, et s’intègre parfaitement avec l’ensemble. Une robe mauve métal’ vient couvrir le tout, contrasté par les quelques touches chromées, calandre, poignées, rétros… C’est magnifique, surtout avec les 4 roues à rayons chromées qui pointent en 18′ et viennent remplir les ailes.
Et le choc continue avec l’habitacle, où la finition est juste à s’en taper le cul par terre ! Cuir rouge à ourlet noir, pavillon en Alcantara, et sur le tableau de bord, ronce de sycomore, excusez du peu ! Un écran moderne y est sobrement intégré et détail bien rock’n roll, le logo Jaguar au centre du volant, repris sur son ancienne XJ6 avec la style d’Eddie, la mascotte du groupe, tout droit sortie de l’imagination de Derek Riggs. Les commodos rotatifs sont des répliques de ceux qu’on trouve sur les amplis Marshall et les pédales reprennent le dessin de celles des batteries ! Enfin, une sono de 1000 W vient déverser les douces notes d’Iron Maiden !
Au niveau du châssis, les suspat’ ont été revues, légèrement rabaissées, les amortos offrent désormais plusieurs modes de fermeté. Enfin le 6 en ligne de 4.2l perd son injection au profit de 3 carbus SU double corps empruntés à une Type E ! Pur et dur le Nicko… Une ligne complète vient faire chanter l’ensemble.
Ce qui est sympa avec ce projet, c’est qu’en dehors des considérations esthétiques, pécunières ou marketing, Jaguar a su aller au delà des clichés et de son image. C’est surprenant de voir un constructeur accepter de modifier une de ses classiques de la sorte… On se croirait plus devant un engin qui sortirait de chez Chip Foose plutôt que du département restauration d’un constructeur. Et même contre un gros paquet de bifton, je ne suis pas sûr que si Nicko avait fait la même demande à Ferrari ou Lamborghini, on lui aurait ouvert les portes ! Surtout que le constructeur et le batteur n’en sont pas à leur coup d’essai puisque Nicko est un fan inconditionnel de la marque et qu’il s’était déjà fait personnaliser un coupé XKR-S en 2012. Comme quoi, le constructeur britannique, qui vogue désormais sous pavillon indien, n’a jamais été aussi rock’n roll !
© JLR Classic Works & signatures éventuelles
Pwaaa… Sublime
Olivier Grolleau