Si aujourd’hui les McLaren routières font partie de l’élite automobilesque, et que les nouveautés s’enchainent à un rythme effrayant (A tel point qu’on s’y perd…), beaucoup pensent que la 1ère à avoir foulé le bitume routier n’est autre que la F1. Mais ça, c’est en oubliant la M6 GT… dont l’histoire est aussi romanesque que passionnante…
Revenons dans les années 60. A l’époque, Henry Ford, vexé par Ferrari qui l’a un peu pris pour un charlot en lui faisant croire qu’il était intéressé pour lui vendre sa Scuderia, cherche par tous les moyens à aller le ridiculiser sur son terrain de prédilection, celui des 24h du Mans. Pour arriver à ses fins, il entre en contact avec plusieurs ingénieurs, préparateurs et pilotes dont l’image et la réputation n’est plus à faire. Et cette prospection va le mener à croiser le chemin d’un certain Bruce McLaren qui va accepter de faire partie de l’équipe des pilotes aux volants de l’armada des GT40. D’ailleurs, en 66 il mènera la voiture à la victoire des 24h en compagnie de Chris Amon.
Mais les relations avec Henry Ford s’arrêteront là. Depuis l’hiver 63, le pilote néo-zélandais est déjà sur son propre projet, celui de monter son écurie. Il commence par préparer et engager des Cooper en Formule Tasmane et en endurance. A partir de 66 il devient constructeur en engageant sa propre voiture, un proto CanAm ainsi que sa 1ère F1, la M2B. L’histoire de l’écurie McLaren était en marche. Et la M6GT dans tout ça ? J’y arrive !
En 1969, Bruce McLaren garde de bons souvenirs de son expérience dans la Ford GT40. Il est convaincu par le potentiel d’une telle voiture homologuée en Gr4 et des retombées qu’elle pourrait apporter en terme d’image. Surtout que dans l’écurie, Bruce possède un engin qui s’y prêterait parfaitement. Le proto M6A court en CanAm et son châssis compact pourrait recevoir une carrosserie fermée pour en faire un coupé.
Le pilote se penche sur le concept, et confie à Trojan (Son partenaire technique) de lui étudier une évolution de la M6A. Une fois prêt, Bruce lit (Level Big Master !) le projet et se lance aussitôt pour assembler 3 voitures afin de les faire homologuer. Mais voilà, le règlement vient juste de changer, et pour obtenir son ticket d’entrée, il faut une base de 50 voitures street-legal assemblées… Bruce n’a pas les moyens de les financer, et à défaut d’aller gagner dans la Sarthe, il envisage alors de commercialiser la M6 GT dans une version routière.
Le châssis en aluminium est celui de la M6A. Il reçoit un V8 Chevrolet de 5.7l qui déverse 375 ch. La caisse est en polyester. Et le tout affiche un poids ridicule de 725 kg, ce qui laisse imaginer des performances de 1er plan, une vivacité dantesque et un comportement agile et efficace. McLaren annonce 265 km/h et le 0 à 160 en 8 secondes (Le chrono d’une F50 ou d’une XJ220 !).
3 modèles vont être assemblés… 2 chez Trojan qui va se charger de modifier et adapter des M6A. Le 3ème est construit chez McLaren, va devenir la voiture personnelle de Bruce McLaren. C’est la seule à recevoir des phares en pop-up, ceux des 2 autres, signées Trojan, sont intégrés sous plexy.
Alors que le projet semble en bonne voie, tout va malheureusement s’arrêter le 2 juin 1970. Ce jour là, Bruce est sur le circuit de Goodwood pour y tester sa dernière M8D. Mais voilà, la voiture perd son capot dans la ligne de droite. Sans appui, la voiture devient incontrôlable et part s’encastrer dans le poste des commissaires de course. Bruce McLaren meurt sur le coup, il avait 32 ans, et emporte avec lui le projet M6 GT. L’écurie préférant se focaliser sur les projets CanAm et F1, elle sera d’abord suspendue avant d’être abandonnée.
Aujourd’hui, elle est le symbole de McLaren, de par sa rareté, son ADN sportif sans aucune concession, mais aussi de par sa légitimité puisqu’elle est la seule badgée McLaren à avoir appartenue à Bruce en personne.
Il faudra attendre 1993 pour voir débarquer à nouveau une McLaren sur la route, la F1, qui finalement, réalisera le rêve de Bruce en s’imposant aussi aux 24h du Mans. 10 ans plus tard, c’est la MP4 12C qui fera son entrée, suivie rapidement par les P1, 650S, 675, 570, 540, 720, Senna et 600 ! McLaren semble chercher à rattraper son retard !
Mais juste comme ça, en passant, McLaren pourrait s’inspirer des récentes Jaguar Type E Lightweight et XKSS en redonnant vie à quelques M6 GT, histoire de… enfin j’dis ça, j’dis rien !
© McLaren Automotive & Racecarsdirect
J’ai découvert ce véhicule grâce à la série télévisée » Le juge et le pilote » dans les années 80. Elle me faisait rêver.
Elle lui ressemble effectivement beaucoup, mais ce n’est pas la même voiture.
Dans la série « Le juge et le pilote » c’est une Coyote X, une réplique basée sur un kit car Mantra Montage.