Au 1er coup d’oeil, on pourrait croire que cette Thunderbird prend tranquillement le soleil, abandonnée au fond d’un champ ou d’un terrain vague. Le banc public pour les ados du quartier. Eh bien détrompez vous. Sous ses allures négligées et rouillées, notre oiseau du tonnerre n’a jamais aussi bien porté son nom… car la foudre qui s’abat au 1er soudage du pied droit, elle balance 530 kilowatts !
Mis à part l’aspect « rouille entretenue », on doute que la Thunderbird cache son jeu… Une sorte de sleeper « désleepé » ! Car même si la caisse joue aux négligées, la garde au sol, les boudins larges et les chromes rutilants font penser qu’il y a quelque chose de louche sur ce coupé Ford de 1958.
Surtout que le millésime de 58, n’est pas foncièrement le plus élégant, mais c’est sûrement le plus bestial. Oui, pour rappel, la Ford Thunderbird a vu le jour en 1955. Appelée le « Classic Bird », c’est un élégant roadster 2 places, censé concurrencer la méchante Chevrolet Corvette. Mis à part qu’il faut croire que les spécialistes du service produits de chez Ford, se sont un peu plantés dans leurs calculs. Car le T-Bird devient plutôt la concurrente de la Cadillac Eldorado… y’a pire mais y’a plus grand chose de sportif là !
C’est un succès commercial puisque en 3 ans, la marque écoule plus de 53.000 exemplaires. A partir de 58, l’état major de Ford se dit qu’il serait bien de rajouter des places arrière, puis ça permettrait d’élargir son panel de clients. Le physique devient moins fluide. Plus grosse, plus large, elle représente l’archétype de la vision de la sportive américaine, encombrante, lourde, confortable, souple, mais qui reçoit un gros V8. On est loin de l’esprit de la Corvette, mais on s’en branle, puisque ça marche. La Thunderbird II, appelée « Square Birds » sera produite jusqu’en 1960, et dépassera les 191.000 ventes.
Enfin, une 3ème génération adoucit les lignes, la « Bullet Birds » est futuriste, plus fine, mais surtout bien plus luxueuse et élégante. Ford dépasse les 214000 exemplaires jusqu’en 73… Après elle, les générations vont se succéder, et ça va devenir du n’importe quoi, de gros coupés impersonnels, faisant doucement plonger la T-Bird dans l’anonymat jusqu’à son retour remarqué en 2002 avec un dessin rétrofuturiste… mais ceci est une autre histoire.
Celle qui nous intéresse aujourd’hui est sortie d’usine en 58. Elle trace sa route sur l’asphalte Néo Zélandais aux mains de Steve, mécano qui a plutôt pas mal bourlingué, notamment en Angleterre chez un spécialiste Ford, puisqu’il mettait les mains dans des Cosworth et autres GrB. C’est surement là qu’il a chopé le virus du turbo… Et une fois de retour en Nouvelle Zélande, il n’avait plus qu’une idée en tête, turbaliser le V8 416 Windsor de la Thunderbird qui avait sagement et fidèlement attendu son retour.
Les choses vont donc pouvoir commencer… Châssis revu et amorti par des Koni réglables. Freinage complet signé Willwood, avec étriers 4 pistons et disques ventilés. Jantes Centreline Convo Pro en 8,5 et 10 x 15′, chaussées par des BF Goodrich de 265/50 et 305/50 ! Il faut bien ça pour encaisser les charges du V8 416 Windsor… 6.8l avec un vilo de 400 Cleveland, pistons forgés Ross, arbres à cames revus, injecteurs gros débit, admission avec filtre K&N, ligne complète, gestion Autronic… enfin, Steve n’a rien laissé au hasard. Surtout le duo de Garrett GT35R monté avec 2 wastegates Tial, un intercooler XXL et 2 radia’ d’huile ! Le gazier développe désormais 720 ch comme qui rigole, et un couple à tordre l’arbre de transmission ! Tout ce beau monde est envoyé aux roues arrière via une boite de Corvette C6, un rapport de pont renforcé et raccourci, et un différentiel Detroit. Ca doit shooter la nuque au moindre soudage !
Au niveau esthétique, la caisse a été débadgée. La grille est celle d’un Thunderbird de 1960 et la peinture porte la référence « 40 years old look paint » ! Par contre à l’intérieur, c’est cuir, sièges élec’, volant bois, launch control, collection de manos et sono complète Sony et JVC.
Au final, notre vieille ricaine cache bien son jeu. Sachant qu’entre la 1er coup de clé et les photos qui défilent sous vos yeux, Steve a mis 14 ans pour trouver le résultat qu’il cherchait. Plus c’est long…
© The Motorhood