Dans les années 80’s, quand tu roulais en Porsche 928, t’étais quand même bien calé ! Les femmes t’admiraient et la vie devenait facile. Mais, il restait encore une marche à franchir pour se positionner réellement tout en haut de la pyramide sociale et ainsi passer du statut d’homme exceptionnel à celui de Dieu… Et pour y arriver, il fallait juste rouler en Porsche 928 Koenig !
Aaaahhh Koenig ! Dans les années 80 et 90, c’était le pâté de tête de la préparation… même encore aujourd’hui, se pointer dans une supersportive signée par le préparateur allemand, c’est le symbole du « Wahouuuu » pour toute une génération abreuvée à Option Auto et à ce qu’on commençait à appeler du bout des lèvres : le tuning. Mais pas le truc mastiqué, coloré et luminescent qu’on croise à la sauce « Entreprise Pedro : la maçonnerie générale qu’il vous faut ». Non, Koenig c’était pas forcément la subtilité des lignes, mais dans le genre « coup d’tatane dans les roubignoles », on n’faisait pas mieux !
Koenig, a été créée en 1977 par Willy Koenig, un riche homme d’affaire allemand qui avait fait fortune dans l’édition… Déçu par les performances de sa dernière Ferrari 365 GT4 BB qu’il venait d’acquérir, il décida de s’ouvrir son propre garage pour lui coller les chevaux qu’il lui manquait. Puis en y étant, il lui rajouta un kit pour lui donner un plumage au niveau du ramage. Mais voilà, son monstre allait attirer et surtout, des clients qui lui demandèrent de s’occuper de leurs bagnoles… l’histoire était en marche.
Sauf que Willy Koenig était quand même bien chtarbé… et que peu de choses le freinait. Il se fit rapidement une réputation, et les engins qui sortaient de ses ateliers étaient tous aussi délirants que puissants… d’ailleurs, sa spécialité était la greffe de turbos à peu près partout où il pouvait en mettre… Et si ça passait pas, il foutait un compresseur, montait la cylindrée, enfin tout était bon pour aller chercher le plus de watts possible au fond d’un moteur. Les voitures devenaient ultra larges et les puissances annoncées pouvaient dépasser les 1000 ch. Mais Koenig ne s’attaquait qu’à l’élite du marché auto, 512 BB, Ferrari 308, Testarossa, Countach, Diablo, Mercedes Classe S et SEC, BMW 850, Jaguar XJS… Il les rendait toutes d’une violence rare et si le client avait peur, il pouvait au moins s’offrir un kit carrosserie Koenig ! Et nous n’étions que dans les 80’s et 90’s… A l’époque, les rois de la préparations de « guedins », c’étaient Koenig, Ruf et Gemballa, qui ont surement du inspirer un grand nombre de préparateurs japonais.
Maintenant que les présentations sont faites, nous reste plus qu’à parler de la Porsche 928, paquebot de la flotte de Zuffenhausen à partir de 77, elle définissait l’ambition de l’état major de Porsche, qui voulait sortir la marque de cette monoculture 911. Sa technologie et son dessin allait révolutionner la famille des GT, mais fâcher les Porschistes qui ne juraient que par le Flat 6 dans le cul et n’étaient pas encore prêts à accepter le V8 sur le train avant ! Bien qu’avant gardiste, performante, séduisante, moderne… et fraichement auréolée du titre de Voiture de l’année 1978 (Jusqu’à aujourd’hui, elle reste la seule sportive à l’avoir remporté), la Porsche 928 ne fait pas l’unanimité et son prix, largement supérieur à celui de la 911, la réserve à l’élite. Elle trouvera quand même sa place, et ses 18 ans de carrière permettront à Porsche d’en écouler plus de 60.000 exemplaires, tous modèles confondus.
Et maintenant, j’aurais presque envie de laisser la parole à Jean Claude Van Damme, un des philosophes modernes les plus réputés, qui disait : « 1 + 1 = 2… Mais 1 + 1, ça peut aussi faire 11 ! » Et cette logique implacable va parfaitement pour passer au paragraphe suivant qui va donc réunir la Porsche 928 et Koenig…
Elle défile devant vos yeux depuis le début de cet article… une Porsche 928 S4 de 88 avec son V8 de 5.0l, ses 320 ch et une boitoto… Eh oui, véritable GT, beaucoup en ont été équipées. Il n’empêche que la voiture a été commandée neuve par un client de Bahreïn qui, avant de se la faire livrer, lui a fait faire un tour par les ateliers de Willy Koenig. La voiture a reçu son kit XXL, fait en acier et reprenant les mêmes principes de fixations de les éléments d’origine (Oui, en plus, Willy faisait les choses comme il le fallait !). Le V8 et l’habitacle ont été laissés d’origine… Seul des combinés Bilstein sont venus rabaisser la voiture de quelques centimètres et un jeu de BBS s’est chargé de remplir les laaaaaaaarges ailes, avec ce cul qui pourrait jalouse n’importe laquelle des soeurs Kardashian !
En 2017, la voiture a été entièrement restaurée par le Porsche Centre Kuwait… Eh oui, Porsche qui restaure une Koenig, va demander la même chose chez nous…! Sachant qu’elle n’affiche que 17.118 km… et qu’elle va bientôt être vendue aux enchères par RM Sotheby’s, les 11 et 12 Avril à Essen. Estimée entre 5à et 60.000 €, j’oserais presque dire qu’il s’agit d’une sacrée affaire… Enfin, me reste plus qu’à gagner au Loto d’ici là…
© RM Sotheby’s via Ahmed Qadri