La Lancia Fulvia est la seule traction qui a réussi à s’imposer au championnat international des marques, l’équivalent du titre mondial des constructeurs. Pourtant en face, y’avait du matos… Ford Escort RS, Alpine A110, Fiat 124, Porsche 911 S ou Datsun 240Z… Cette petite italienne cacherait-elle son jeu ?!
Avant de devenir une marque aussi excitante qu’un toucher rectal, Lancia, c’était de l’innovation technique et du sport à tous les étages. En 63, quand la Fulvia est dévoilée, elle en met plein les mirettes. Boite synchro, 4 freins à disques, suspension avant à double triangulation, mais surtout, un original 4 cylindres en V. On pourrait l’appeler VR4 puisqu’il affiche un angle fermé de 13° et est incliné de 45° afin d’abaisser le centre de gravité. La Fulvia n’est encore qu’une berline aux lignes qui n’ont rien de sexy. Mais ça fait le job et notre italienne va trouver sa place pour devenir l’une des voitures de la marque les plus vendues.
Il faudra attendre 1965 pour voir arriver le coupé. Tradition oblige puisque chez Lancia, chaque berline doit y passer. D’autant plus qu’une fois passé en deux portes, l’engagement en sport auto est obligatoire, et pou la Fulvia, ce sera le rallye… forcément !
Le coupé Fulvia est compact, le gabarit d’une MX5 avec la hauteur d’une Porsche 993. Pour un coupé, dans lequel vous pouvez caser 2 adultes, 2 gamins et les bagages… La prouesse du coupé Fulvia vient de son train avant, purement magique, capable de faire passer tous les chevaux au sol, de les maitriser et de les guider sans faille. Alors bien sûr, il faut remettre tout ça dans son contexte, dans son époque. En bas de l’échelle, c’était le 1.2l de 80 ch. Tout en haut, le 1.6l de 115 ch pour la HF Fanalone… En course, on passait les 160 ch. Avec moins de 900 kg sur la balance, et un bloc positionné en porte à faux pour appuyer sur le train avant, les ingénieurs de Lancia avaient bien calculé leur coup sans pour autant rien enlever à la qualité de leur taf.
D’ailleurs, ceux qui ne juraient que par la propu allaient bientôt entendre parler de ce coupé italien. La Fulvia va rafler les rallyes et enfiler les victoires et les podium comme des perles. RAC, Monte Carlo, Sanremo, Portugal, Costa Brava, Nürburgring, 24h de Chamonix, Safari Rally… Le sport auto est à la Fulvia ce que le parmesan est aux pâtes, et il faudra attendre l’arrivée de la Stratos pour la voir prendre sa retraite.
Celle qui défile devant vos yeux est une 1.3S de 74 (série 3), rafraichissante dans sa robe Azzurro. Elle a traversé l’Atlantique en 2016 pour se retrouver du côté de Portland dans l’Oregon où elle a reçu une p’tite cure de pompelup, histoire de la rendre un peu plus virile.
Les pare-chocs sont virés et le capot devient noir mat pour se la jouer HF avec stickers et attaches rapides. Un jeu de projos Hella vient compléter la face avant déjà bien éclairée. Chaque aile est remplie par des jantes alu Western en 15″ chaussées en Pirelli P4 de 185/60. Derrière, le freinage a été légèrement upgradé avec des étriers Girling. Le reste du châssis est laissé d’origine… ça change un peu !
Du côté du V4, le 1.3l d’origine est gavé par deux double corps Solex, il respire la santé malgré ses 90 ch qui sont largement suffisants pour remuer les 900 kg de la belle italienne dévergondée. Surtout qu’il est désormais accompagné d’une boite 5 aux rapports plus courts. De toute façon, avec ce genre de caisse, la vitesse, on s’en fout. L’important, c’est le fun et les sensations diffusés derrière le volant. Et pour en profiter, fuyez les lignes droites pour préférer les petites routes bien sinueuses.
D’autant plus que pour sortir l’arsouille, on est parfaitement maintenu par des baquets vintage. Encore une fois, on succombe au charme de ces habitacles sortis du passé… Du cuir (ou du moins du vinyle), du bois, du chrome… et l’essentiel, des commodos à tirettes et même les manivelles. Au moins ça ne tombera pas en panne. Et au pire, si ça casse, ça prend 20 secondes à réparer ou remplacer ! Pas de pollution électronique, si ce n’est l’autoradio… et encore, il est à K7, donc pensez au stylo pour rembobiner la bande.
Alors cette Lancia Fulvia 1.3S… Sportive ou pas ? Manifestement oui. Déjà avec son look d’échappée des spéciales. Puis avec son caractère qui ne vous arrachera pas la tête mais saura vous filer le sourire et faire dresser les poils. Enfin comme d’hab, ça, ça ne marchera que pour ceux qui vivent la bagnole à travers les p’tits plaisirs qu’elle peut vous donner et pas à travers sa fiche technique…
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