J’ai en souvenir un journaliste qui essayait une Saleen S7 Twin Turbo… Il arpentait les rues d’une mégapole américaine en suant à grosses gouttes. Jamais auparavant il n’avait conduit une voiture aussi radicale ! L’embrayage, la visibilité, les freins, la direction… un véritable calvaire. Il concluait en disant que la Saleen n’avait sa place que sur un circuit en mode grosse attaque… et sur DLEDMV !
Peter Saleen créée sa structure en 1983 et commence par engager des Mustang en « Showroom Stock Car Endurance Race » qui, comme son nom l’indique, est un championnat d’endurance où s’affrontent des voitures d’origine. Saleen s’impose et se forge très rapidement une solide réputation auprès des fans du poney car. A tel point que Ford n’hésite pas à le consulter dans le développement de ses futures Mustang.
Le préparateur propose dès 1985 une Mustang compressée, vendue directement par le concessionnaire Ford de Manchester dans le New Hampshire. L’année suivante, la voiture est engagée en SCCA et remporte les 24h de Mosport.
Un partenariat se dessine alors avec Ford et Saleen devient rapidement la branche sportive officieuse du constructeur, et la vente de sportives clés en main (Mustang, Focus, F150, Explorer…) se développe, ainsi que celle de voitures prêtes à courir et notamment éligibles aux 24h du Mans.
Mais le 19 aout 2000, sur le circuit de Laguna Seca, Saleen enfonce le piston en présentant sa première supercar développée à 100% en interne, la S7. Basse et large, le missile affiche un look bestial, simple et agréable… Enlevez lui ses badges et des novices peineront à reconnaitre une sportive américaine dans ses lignes. Pourtant elle est bien née à Corona en Californie, et est le fruit d’une collaboration multiple…
Saleen est à l’initiative du projet, de son développement, du moteur et de la direction. Hidden Creek Industries s’est chargé d’étudier la réalisation technique et l’aspect financier. Le châssis, la suspension et l’aéro sont conçus par Ray Mallock Ltd. Enfin au niveau du la conception de la carrosserie et de l’habitacle, Saleen s’est appuyé sur Phil Frank.
La Saleen S7 devient la 3ème supercar américaine avec un moteur placé en position centrale arrière, après les Vector W8 et M12…
Quoiqu’il en soit, contrairement à beaucoup d’initiatives plus dictées par un égo exacerbé, la Saleen S7 est imaginée et développée avec une réelle étude financière et une production calibrée, orientée en priorité sur un engagement en sport auto. C’est d’ailleurs la version course qui va d’abord être assemblée et testée, puis une fois validée, Saleen va alors la passer en version route et se charger d’en faire un modèle homologuée et homologable, avant d’en assembler les modèles nécessaires aux différentes homologations.
Quand c’est fait dans l’ordre c’est bien fait… Puis surtout, Saleen ne s’est pas embarrassé de la civiliser ! A la rigueur l’habitacle est passé en mode soft avec cuir, moquette, clim et sono. Mais pour le reste, c’est en mode racing, sans compromis…
Monocoque carbone pour maintenir le poids à 1250 kg. Derrière le pilote, un V8 tout alu d’origine Ford (Forcément… le 351 Windsor). Le gazier cube 7.0 l et développe 558 ch pour 712 Nm, transmis aux roues arrière via une boite 6 manuelle. Enfin, là c’est en atmo… et ça ne va pas durer !
En 2005, Saleen fait évoluer son monstre et la S7 devient S7 Twin Turbo (la S7 continuera d’être quand même commercialisée jusqu’en 2006)… Voilà, pas besoin de traduction. Le V8 passe à 750 ch et les perfs font un bond en avant. Le 0 à 100 est pulvérisé en 3 secondes et 400m en 10,5… niveau Vmax, Saleen annonce 399 km/h… et ce n’est pas fini car à partir de 2006, les plus exigeants pourront cocher la case « Competition Package ». La voiture reçoit alors des nouvelles suspensions, un kit aéro avec spoilers, dont celui de l’avant largement aéré qui se prolonge sur un fond plat pour se terminer avec un diffuseur XXL. Enfin le V8 passe à 1000 ch pour plus de 400 km/h… Ca commence à tutoyer l’élite !
Et encore, Saleen s’est à un moment penché sur une version ultime appelée Le Mans Edition, dont l’aéro était encore une fois retravaillée dans ses moindres détails et avec le V8 shooté à 1300 ch. Mais impossible de savoir s’ils en ont assemblées d’autres que le prototype de présentation.
Au niveau compet’, la Saleen S7 R (Développée avec Oreca) a arpenté toutes les séries où elle était la bienvenue, American Le Mans Series, FIA GT avec bien entendu les 24h Du Mans où elle a remporté la catégorie GT1 en 2010.
Saleen va produire au total 100 voitures… 14 S7 R, 20 Twin Turbo, 2 avec l’option Competition Package, 1 ou 2 LM Edition et le reste en S7. En 2009, le dernier modèle est vendu. Saleen a voulu lui donner un succession avec la S5S Raptor, mais le projet n’ira pas au delà d’un proto de présentation. Depuis, la marque se fait discrète, aussi bien sur route que sur piste… mais jusqu’à quand ?!
En attendant, elle joue aux stars à Hollywood en faisant des apparitions, « Bruce tout puissant », « Iron Man »… Ou en faisant une entrée remarquée dans le clip de 50 Cent « Candy Shop »…