La Saleen S7, c’est déjà un engin à peine civilisé, imaginé et développé par Steve Saleen pour les courses d’endurance et le GT. Bref ! Un monstre qui vous donne un avant gout de c’que pourrait être l’enfer. Et pourtant, ils ont fait pire avec la Saleen S7 LM. Un hommage à sa carrière sportive, avec un V8 dopé par deux turbos. Ceci n’est pas un article… c’est un film d’horreur !

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Alors, la Saleen S7… c’est un menu best of. L’idée, c’est Steve Saleen qui l’a eue. Pilote talentueux, il endosse également le costume de business man quand, en 1983, il ouvre sa propre structure, Saleen Autosport, afin d’y préparer les Mustang dont il prend le volant en Trans Am, mais aussi de vendre des kits de préparation esthétiques et mécaniques. Rapidement, ses voitures vont s’avérer performantes. En 95, il décide d’engager une de ses voitures en SCCA World Challenge. Pour cela, il va avoir l’idée de monter une équipe avec son ami Bob Bondurant et l’acteur Tim Allen. Bref ! Saleen fait désormais partie des références américaines et considéré, à l’image de Shelby, comme l’un des grands spécialistes de la Mustang.

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C’est à ce moment là qu’il va aussi vouloir développer sa propre voiture. Une GT à moteur central arrière capable d’aller gagner des courses mais aussi de manger quasiment tout ce qu’elle pourrait croiser sur la route. Pour qu’elle puisse voir le jour, il va s’associer à Hidden Creek Industries qui va se charger du financement et de la gestion du projet. Pour le développement, l’étude aéro et la conception de la caisse et du châssis, c’est Ray Mallock Ltd qui va s’y coller. Une entreprise d’ingénierie anglaise spécialisée dans la conception de protos du Gr.C et qui a notamment à son actif, l’Aston Martin AMR1 et la Nissan R90CK. De son côté, Saleen va se charger du moteur.

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Le 19 aout 2000, la Saleen S7 fait ses débuts lors des Monterey Historic Races. La voiture affiche un look brutal… Le châssis est composé de trois treillis spaceframe en acier léger renforcés de panneaux d’alu. Un pour le train avant, un deuxième pour l’ensemble moteur / boite / train arrière et un central pour le cockpit. De quoi faciliter l’accès aux éléments, la rigidité et la légèreté puisque le monstre accuse seulement 1300 kg. Le tout est habillé de la caisse réalisée entièrement en fibre et en carbone. Derrière le pilote, le V8 atmo développé chez Saleen est basé sur le 351 Windsor entièrement revu pour l’occasion. Culasses, ensemble mobile, gestion, alimentation… il passe à 427 ci (7.0 l) et développe dans sa version civile 550 ch en respiration naturelle ou 750 ch sous respirateurs artificiels.

Si j’ai écrit civil, c’est surtout pour différencier la version route de la version racing. Qu’on ne s’y trompe pas, la Saleen S7 n’a pas été développé pour que 50 Cent aille faire ses courses au Candy Shop à son volant. Non ! Ou du moins, un autre type de course, de celle ou on essaye de gravir la plus haute marche du podium, où la S7 va devenir S7R (avec 760 ch et 1000 Nm de couple) s’afficher de 2000 à 2007 en ALMS, ELMS, FIA GT, aux 24h du Mans ainsi que dans certains championnats nationaux où elle va enchainer les victoires de classe et les titres en GT Britannique, GT Espagnol, dans le FFSA GT 2006 et finira par remporter la catégorie LMGT1 au Mans en 2010.

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Petite anecdote, en 2004, sur le circuit d’Imola pour la 8ème manche du FIA GT, Ferrari a mis les p’tits plats dans les grands. La marque a invité une ribambelle de guests et toute la presse automobile mondiale pour assister à la première course des deux Maserati MC12 qui, avant même qu’elles ne prennent le départ de la course, sont annoncées imbattables par Maranello… si ce n’est qu’au terme de l’épreuve, c’est la Saleen S7R qui va franchir la première la ligne d’arrivée, avec les deux MC12 dans son sillage, suivie par 5 Ferrari 550 GTS et 575 GTC !

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Entre temps, Steve Saleen a quitté le navire. En 2007, n’ayant plus trop la main sur sa société qui frise le naufrage financier, il démissionne de Saleen et fonde l’année suivante SMS Supercar… en gros, il fait la même chose mais sous un autre nom, puisqu’il n’a plus droit d’utiliser le sien. Pendant ce temps là, Saleen, maintenant aux mains de Revstone et d’actionnaires avides de dividendes, tombe dans de grosses difficultés financières avant que finalement, Steve Saleen ne la rachète fin 2011 sur la demande de Ford.

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L’histoire aurait pu s’arrêter là, avec un pedigree reconnu et un palmarès impressionnant, sachant que pour la version route, la S7 Twin Turbo avait déjà laissé de bonnes grosses traces aussi bien sur la route que dans les calbut’ de tous ceux qui en avait pris le volant, surtout si le client avait coché la case « Competition Package ». Sauf qu’en 2016, fort d’un rachat par Jiangsu Secco Automobile Technology Corporation, Sallen devient Jiangsu Saleen Automotive Technologies et Steve Saleen a voulu offrir un dernier hommage à sa supercar, 7 voitures pour commémorer le 20ème anniversaire des 7 saisons consécutives de la S7R. C’est de là que vont naitre les Saleen S7 LM… qui sont en fait des S7 Twin Turbo mais équipées d’office du fameux Competition Package avec le kit aéro marqué par l’arrivée d’un aileron, de nouvelles jupes latérales, d’un fond plat qui débouche sur un diffuseur XXL et d’une prise d’air sur le toit mais aussi de jantes forgées en 19″ à l’avant et 20″ à l’arrière, chaussées de Michelin Pilot Super Sport en 275/35 et 335/30. L’habitacle accueille deux baquets et un combiné digital avec affichage du rapport enclenché. Quant au V8, on retrouve le 7.0 l dopé en Twin Turbo, en mode vener… comprenez par là qu’il affiche un peu plus de 1000 ch et 1150 Nm, voire 1300 ch si vous l’abreuvez avec du carburant de compétition (mélange d’essence et de méthanol). En 2019, une mise à jour le faisait même grimper à 1500 ch et 1895 Nm afin d’expédier le missile sol-sil de 0 à 100 en seulement 2,2 secondes.

Aujourd’hui, Steve Saleen est en procès avec la Jiangsu Saleen Automotive Technologies qu’il accuse de lui avoir volé la propriété intellectuelle de ses idées et de ses brevets et reconnait que l’accord passé avec les chinois s’est avéré être une belle imposture. Et sur les sept Saleen S7 LM, on ne sait pas vraiment combien ont vu le jour. mais à chaque fois que l’une d’elle montre le bout de son V8, c’est pour s’échanger à plus d’1 million d’€.

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