’90 Ferrari 348 TB Zagato Elaborazione… C’est du style !
par Thierry Houzé | 15 janvier 2020 | Street |
La Ferrari 348, c’est la première sportive au Cavalino à voir le jour après la mort d’Enzo. Imaginez la pression qui pesait sur ces ailes quand elle débarque au salon de Francfort en 1989. Pour pouvoir rivaliser avec les nouvelles Porsche 964 et Honda NSX qui s’apprêtent aussi à pointer le bout de leurs calandres, c’est Pininfarina qui s’est chargé du dessin. Mais en 90, discrètement, Zagato va se pencher sur son cas…
La Ferrari 348, c’est un pur sang… indomptable. Ou du moins difficilement. Sous son capot, on retrouve l’évolution du V8 de la 328 qui avait déboulé sur la Mondial 3.2l… Porté à 3.4l (348… 3.4l – 8 cylindres), sa culasse est entièrement nouvelle tout comme les collecteurs d’admission et d’échappement. Bosch fournit l’injection à la place de Magnetti Marelli et le moteur est en position longitudinale centrale arrière (Transversale sur la 328). Il affiche 300 ch à 7200 trs pour un couple de 323 Nm à 4200 trs, avec caractère et un chant à vous envouter une Greta Thunberg énervée !
Au niveau du châssis, c’est un peu moins séduisant… enfin, ça c’est ce que disait les puristes du cheval cabré, frustrés de voir disparaitre avec la 348, le châssis tubulaire. En effet, à Maranello, on a préféré opter pour une cellule centrale avec des tubes de chaque côté. A l’avant ils sont renforcés par des tôles et à l’arrière, sous forme de treillis, ils reçoivent l’ensemble moteur – boite. Cela garantit un forte rigidité avec un poids contenu. Au niveau des suspensions, les combinés filetés d’origine sont raides… et l’absence d’aides rend la voiture compliquée. Comprenez par là que cette 348 n’a rien à voir avec l’image de voiture de footballeur qu’on peut aujourd’hui se faire des engins de Maranello. Méchamment vive et survireuse, pour rouler vite en 348, il faut obligatoirement des notions de pilotage, sinon, c’est la communion avec la nature assurée !
Forcément, plutôt que de reconnaitre que leur coup de volant n’est au niveau des exigences de la voiture, plusieurs journalistes essayeurs de l’époque préfèreront dire que le châssis était raté. C’est plus simple et on a moins l’air d’un con à l’arrivée. En 93, Ferrari revoit la copie et adouci le caractère de sa 348… Les 348 TB et TS deviennent GTB et GTS. Elles en profitent aussi pour passer à 320 ch.
Bon, tout ça c’est bien, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse aujourd’hui. Non, celle qui va étoffer votre culture auto, a vu le jour en 1990, avant d’être dévoilée officiellement l’année suivante sous les projecteurs du salon de Genève. Oui, alors que Pininfarina avait signé le dessin originel de la Ferrari 348, Zagato s’est permis de revoir la copie, en l’occurence une TB qui allait recevoir le programme Elaborazione que proposera bureau de style italien de 90 à 92.
La face avant reçoit un nouveau pare-choc au dessin particulier… Les lèvres inférieures avant et arrière ainsi que les bas de caisse sont peints couleur caisse. Les prises d’air latérales arrondies et débarrassées de leurs ailettes « Testarossiennes » ! L’arrière est équipée d’un nouveau bandeau triple feux. La large prise d’air du capot avant a été tronquée en deux. Celui de l’arrière perd sont style râpe à fromage. Une vitre vient laisser admirer le V8 avec de part et d’autre, des prises d’air, tout comme à son extrémité qui se termine sur un plan incliné qui fait office d’aileron. Des ouïes d’aérations ont poussé sur les ailes arrière. La trappe à essence est de type compet’. Enfin, signature Zagato oblige, la ligne de toit est rabaissée pour pouvoir intégrer le double bossage si cher au designer.
Enfin dans l’habitacle, Zagato a juste remplacé le volant d’origine par celui en peau retourné qui équipe la Challenge. Et la sellerie a été remplacée et redessinée. Pour le reste, si ce n’est les jantes 3 parties, le châssis et la partie mécanique sont identiques à leur sortie d’usine.
Malgré son style plutôt personnel et original, Zagato a assemblé et vendu 10 voitures… devenues aujourd’hui de véritables collector. Comme quoi ! En 2004, elle fut l’une des attraction du Concorso d’Eleganza de la Villa d’Este. Mais particularité, si on fait abstraction de quelques détails, il y a de la F355 dans ce dessin… d’ailleurs, au premier regard, on se croirait devant la remplaçante de la 348 shootée par un de ces rois du tuning au style douteux… Comme quoi Zagato n’a pas toujours eu le trait talentueux, même si pour ce coup-ci, il a plutôt été visionnaire !