Ce n’est pas un scoop, mais l’architecture la plus adaptée pour une sportive, c’est le moteur central arrière qui permet la meilleure exploitation du châssis grâce au recentrage des masses entre les deux essieux. Du coup, quasiment tous les constructeurs ont à un moment, cherché à proposer leur version. Nissan a ainsi développé deux protos… l’AD-1 et la MID4. Père Motor va vous en parler.
Avant, repositionnons nous dans le contexte. Le sport auto a démocratisé le moteur central arrière. Mais sur la route, à part quelques Porsche 550 immatriculées, les moteurs sont soit devant les roues avant, soit derrière les roues arrière ! Si on fait abstraction de quelques microcars, il faudra attendre 1962 pour voir débarquer la Matra Djet et son 4 cylindres Gordini juste derrière son pilote. Rapidement, de nombreuses sportives adoptent cette architecture, mais il s’agit de sportives exclusives et destinées à une élite fortunée. Il faudra attendre 1972 et la Fiat X1/9 pour voir enfin une voiture à moteur central arrière accessible, même si la version la plus copieuse n’affiche que 85 ch, ses 920 kg lui permettent d’offrir un comportement et une vivacité rafraichissante. Mais surtout, avec 170.000 exemplaires vendus, dont 50% aux Etats Unis, elle va donner des idées…!
Nous voilà donc en 1975 (Quelle belle année !) au salon de Tokyo. Sur le stand de Nissan, les spectateurs découvrent un original petit coupé deux places, remué par un 4 cylindres placé en position centrale arrière. Le châssis est celui de la Cherry F10. Il est modifié et adapté pour pouvoir caser le petit 1.4l juste derrière les sièges du pilote et de son passager. Il envoie ses 80 ch aux roues arrière via une boite 5 manuelle. Avec 740 kg sur la balance, l’AD-1 reprend l’esprit de la X1/9. Pas vraiment sportive, mais suffisamment vive et joueuse pour donner du plaisir à celui qui en tourne le volant. Surtout que les ingénieurs n’ont pas fait les choses à moitié. Roues indépendantes, freins à disques, aéro travaillée…
La voiture est 100% aboutie et fonctionnelle. Mais voilà, l’état major de Nissan n’osera pas y aller. Malgré un accueil positif, les dirigeants se ravisent et le projet et remis au fond dans les cartons !
En 1984 Pontiac lance la Fiero… et Toyota la MR2 (Midship Runabout 2 Seater), directement inspirée du prototype AS-X présenté en 81. Les américains en tombent amoureux. Les magazines « Car and Driver » et « Road & Track » la placent dans leur Top 10. De quoi redonner des idées à Nissan.
Il faudra attendre le salon de Francfort en septembre 85 pour voir alors débarquer la Nissan MID4. Mais là, on ne rigole plus. Ce concept deux places cache en son centre le V6 VG30DE de la Nissan 300 ZX Z31, en version atmo et culasse 24 soupapes. Il est revu par les ingénieurs japonais et développe 230 ch, répartis sur 4 roues motrices et directrices via une boite 5 manuelle et un viscocoupleur qui réparti les puissance entre les deux trains, 33% à l’avant et 67% à l’arrière. Son poids est contenu à 1250 kg.
En fait, le Mid4 a permis de développer la transmission à 4 roues motrices ATTESA, qui fera le bonheur des Bluebird et Sunny GTiR, mais aussi de la Skyline R32 GTR (Dans une version évoluée appelée ATTESA E-TS). Même chose pour le HICAS des 4 roues directrices qu’on retrouvera plus tard sur les Skyline GTS et 300 ZX Z32.
Nissan y croit… La voiture subit de nombreux tests. Quelques semaines après Francfort, Nissan présente au Tokyo Motor Show, une version course de la MID4. Chez Nissan, on parle même d’une possible homologation en Gr.S (Le groupe qui devait succéder au Gr.B avant son annulation)…. Puis plus rien ! Jusqu’en 87, où Nissan présente la MID4-II au Tokyo Motor Show.
Le style de la MID4-II a évolué, ses courbes se sont arrondies. L’architecture n’a pas changé. Le moteur à tourné de 90°, il n’est plus transversal mais longitudinal. Du coup, Nissan a trouvé la place qu’il fallait pour y greffer le VG30DETT. Le V6 3.0l a donc reçu un duo de turbos, des intercoolers, mais surtout, il développe 330 ch pour 382 Nm de couple. La caisse a pris un peu de poids, 150 kg exactement. Malgré cela, elle revendique des perfs impressionnantes… 270 en Vmax et 0 à 100 en 5 secondes.
Le proto affiche une finition digne d’un modèle de série. Il est confié à des journalistes sélectionnés, qui en ressortent conquis et unanimes. Tous voient en elle la remplaçante de la vieillissante Nissan 300 ZX Z31. Mais une fois encore, l’état major de Nissan fait machine arrière. La raison est simple, la production d’une Nissan MID4-II couterait trop chère, et impliquerait un positionnement tarifaire bien trop élevé pour rivaliser avec des marques comme Ferrari, Porsche, Lotus ou Lamborghini. Du coup, ce sera la 300 ZX Z32 qui pointera le bout de sa calandre en 89.
Pour voir débarquer une Nissan avec un moteur central arrière, il faudra attendre 1996 et l’arrivée de la R390. Mais ceci est une autre histoire, que je vous ai déjà racontée…