Pour vous parler de cette magnifique Jaguar SS 100, il va falloir revenir loin dans le passé. Et vous savez quoi, j’en ai même appris sur les origines de Jaguar à l’époque où Williams Lyons assemblait et vendait des side-cars. Alors laissez moi 30 secondes, le temps d’enfiler le costard de père motor, et je suis à vous…
Commençons par le commencement et remontons jusqu’en 1922… Ouais, ça commence à dater ! A l’époque, William Lyons s’associe à William Walmsley et ensemble, ils montent la Swallow Sidecars and Coachbuilding Company. Comme son nom l’indique, la société, installée à Blackpool, fabrique des side-cars, mais également des carrosseries de voitures. En 1927, Lyons rachète un châssis d’Austin 7, une voiture populaire en Angleterre, et décide de le recarrosser en un minuscule roadster biplace qui reprend les codes stylistiques des voitures les plus prestigieuses de l’époque. La recette fonctionne, l’Austin 7 Swallow séduit et se vend bien, à tel point qu’en 1928 la marque est obligée de déménager dans des locaux plus grands situés à Coventry.
En 1929, blindés de confiance et d’argent, Lyons et Walmsley développent la gamme et s’offrent un stand au salon de Londres afin de la présenter. Les châssis sont achetés chez Standard, Fiat ou Swift et une fois chez Swallow, ils sont rhabillés. Cette nouvelle gamme compte une berline, un roadster et… une sportive appelée SS pour Standard Swallow. La SS 1 débarque à la vente en 1932 avec un 6 cylindres de 2.0l et un autre de 2.5l pendant que la SS 2 propose un 4 cylindre d’1.0l.
En 1934, la Swallow Coachbuilding Company (les side-cars avaient été abandonné à la fin des années 20) devient alors la SS Cars Ltd et en janvier 1935, après avoir racheté toutes les parts de Walmsley, Lyons en est le seul propriétaire. Son entreprise a réussi à traverser la grand dépression du début des années 30 sans trop de dégâts.
En 1935, Lyons présente sa première véritable voiture sportive, une deux places décapotable. La SS 90 doit son nom à sa vitesse maxi de 90 mph (144 km/h) et est prévue pour courir en rallye. Elle reçoit le 6 en ligne de la Standard SS 1, passé à 2.7l et posé dans le même châssis dont l’empattement a été raccourci. La voiture affiche ses prétentions, le dessin signé Lyons est élégant et sportif, tout comme l’habitacle qui reste succinct et luxueux. Mais voilà, avec 68 ch sous le capot, et malgré un poids de 1145 kg, elle peine à séduire la clientèle sportive qui lui reproche rapidement son manque de performances… 140 km/h, 400m en 23,9 secondes à 94 km/h… Il lui fallait 20 secondes de plus pour franchir la borne kilométrique avec l’aiguille collée à 119 km/h. C’est une terrible déception, puisqu’avec un tel look, elle mériterait bien mieux.
Mais William Lyons rectifie rapidement le tir en sortant la SS 100 (100 pour 100 mph…) grâce au 6 en ligne qui passe en 3.5l pour 125 ch et vient compléter la gamme. SS Cars va quand même écouler 198 exemplaires en 2.7l (SS 90 et SS 100) ainsi que 113 voitures en 3.5l. Autant dire que 90 ans plus tard, les voitures sont devenues aussi rares qu’un commentaire intelligent sur les réseaux sociaux !
En 1940, l’histoire s’arrête… l’usine doit répondre à l’effort de guerre jusqu’en 45. Sauf que le nom SS a entre temps, pris une connotation négative et William Lyons décide alors de rebaptiser sa marque Jaguar avant de reprendre la production avec la XK120 qui verra le jour en 1948. Mais ceci est une autre histoire… dont je vous ai déjà parlé. Ah, faut suivre un peu !