Vous savez quoi ? Il aura fallu plus de 6 ans pour qu’une Escort Cosworth en tenue (presque) civile vienne poser ses roues sur DLEDMV ! Du coup, pour une première, il fallait bien que je vous dégote du lourd, du velu, du pêchu. Genre une Cossie stradale à la sauce WRC… Ouais, ça devrait pouvoir le faire !
Et comme d’hab, avant de vous causer du missile qui va vous poutrer la rétine, on va d’abord vous parler un peu de sa life. En l’occurence, celle de l’Escort Cosworth qui, à la base, venait remplacer la Sierra Gr.A en championnat du monde des rallyes.
Alors que l’Escort avait tout gagné en rallye dans les années 70 et 80, c’est finalement la Sierra qui va venir prendre sa place à partir de 86 avec un moteur revu chez Cosworth et une tenue de combat dessinée par Patrick le Quément qui deviendra plus tard le responsable du design chez Renault.
Mais au début des 90’s, la Sierra commence à accuser son âge face à une concurrence toujours plus affutée et excitée. Ford décide alors de repasser le flambeau à la nouvelle Escort, mais pour cela, il faut d’abord décrocher l’homologation qui passe obligatoirement par 2500 exemplaires route. Ah la bonne idée !
Ainsi, en 1992, Ford dévoile son Escort RS Cosworth dont les 200 premiers modèles, les Motorsport, seront des pures et dures, dépourvues de vitres élec et de toit ouvrant ! Par rapport à la Sierra, Ford fait le choix de conserver le même bloc qui a largement fait ses preuves. Le 4 cylindres 2.0l 16s turbo est fiable et offre un potentiel que les sorciers de chez Cosworth maitrisent parfaitement.
Au niveau châssis, l’Escort qui va bien entendu rester en transmission intégrale, offre des voies plus larges pour un empattement plus court… Voilà qui devrait assurer une tenue de route améliorée avec des réactions plus vives. Les trains roulants, les freins et la direction sont ceux de la berline. Les 4 roues motrices sont aidées par un différentiel central accompagné de visco à l’avant et à l’arrière.
Physiquement, l’Escort devient réellement bestiale. Les ailes sont plus larges, un kit complet pare-chocs avant, arrière et bas de caisse apportent plus d’agressivité. Et comme sa soeur Sierra Cosworth MK1, Ford a refait le coup de l’aileron format pelle à tarte sur le hayon. Ca envoie du steak et niveau gueule, on faisait difficilement plus direct ! Rien qu’en la regardant, on comprend qu’elle n’est pas venue pour se trainer la tôle et qu’avec elle, on va pouvoir souder sans arrière pensée.
Surtout que sous le capot aéré, on retrouve donc le 4 cylindres en position longitudinale (transversale sur les autres Escort). 2.0l 16S shooté au turbo Garrett T35 pour envoyer 220 ch à 6250 trs et 29,6 mkg à 3500 trs aux 4 roues en 16′. Mais l’escargot est du genre ON-OFF avec un décalage horaire entre le pied droit et l’arrivée de la poussée. Une pure sportive au caractère bien trempé.
Dans l’habitacle, c’est une Escort… avec baquet Recaro, fonds de compteurs blancs, volant cuir et un bloc manos sur la console centrale. Par contre, niveau perfs et grip, attachez vous s’il vous plait ! La bestiole va taper le 0 à 100 en 6,6 secondes. Passe la barre des 1000m en un peu plus de 26 avant d’aller scotcher l’aiguille à un bon 240 chrono ! Mais surtout, elle est soudée au bitume. L’autoroute, elle s’en bat les soupapes. Non, amenez la sur une petite route étroite et sinueuse et vous mettrez la fessée à quasiment tout ce que vous pourrez croiser, qu’elles que soient les conditions météo, à partir du moment où on apprend à composer avec le lag de la tornade qui souffle sous le capot. Car malgré tout, c’te caisse, c’est une caisse de rallye, poussée dans ses retranchements, elle aura tendance à ne pas se laisser faire et enverra en retour des réactions vives et viriles. Il ne faut pas avoir peur de la provoquer, de la jeter et de lui taper dans l’fond… mais il faut savoir anticiper, tourner le volant et posséder quelques compétences de pilotage pour pouvoir la maitriser quand on veut aller jouer avec ses limites.
En 94, Ford revoit sa copie… Le règlement change avec l’arrivée d’une bride au niveau du turbo. Puis certains clients se plaignaient du côté bestial de la Cossie Ph1 (On croit rêver !). Du coup, les ingénieurs lui greffent un turbo plus petit avec moins d’inertie, mais qui peut tourner plus vite… donc souffler plus fort. Ainsi, la puissance gagne 7 ch mais surtout, le couple passe à 30,5 mkg dispos 1000 trs plus bas. Les chronos y gagnent quelques dixièmes. Pour le reste c’est du copier / coller, sauf pour l’aileron qui a disparu pour rejoindre la liste des options. En 96, elle disparait des concessions.
Malgré tout, l’Escort Cosworth reste une base idéale pour tout amateur de rallye. Des projets avec des prépas délirantes ont vu le jour, affichant parfois des puissances débiles que la partie mécanique et la transmission avaient du mal à encaisser. Aujourd’hui, la tendance se calme et les amateurs deviennent un peu plus raisonnables… Non pas que je prône l’origine, mais à quoi ça sert d’en mettre trop si c’est pour voir les watts partir en fumée ou tout exploser ?!
En tout cas ce modèle italien de 92, a su rester sobre en s’inspirant du modèle qui courait en rallye. Le bloc reçoit un intercooler plus volumineux afin d’optimiser le cooling. C’est pareil pour le refroidissement du bloc et sa lubrification avec durites et réservoirs en alu. Le turbo est le Garrett d’origine, mis à part qu’il est monté sur un collecteur sur mesure qui se prolonge sur une ligne libérée. Le tout est en inox.
Esthétiquement toute de blanc vêtue, cette Cossie a troqué sa pelle à tarte pour un aileron de type WRC, voit double avec un kit optiques Morette et un rajout de pare-choc avant lui donne un chouill’ d’agressivité en plus. Dans l’habitacle, c’est manos, baquets Recaro, pommeau Sparco, volant Momo (mais pourquoi celui là ?!)… et on ne dira rien sur les pédales (Ah merde ! Trop tard…). Notez la signature de Miki Biason sur le tableau de bord. Enfin le châssis est maintenu par des combinés ORAM, renforcé par une barre antirapprochement OMP et posé sur des OZ Racing en 16′. C’est sobre et efficace… What else ?!