S’il en est une qui n’a pas eu la vie facile, c’est bien la Jaguar XJS. D’abord il lui fallait prendre la place de la Type E, qui avait été la référence de sa catégorie pendant pas mal d’années. Ensuite, elle voit le jour en même temps que la crise pétrolière qui allait ruiner la carrière des caisses à gros moteur. Voilà entre son statut et son V12, il lui faudra l’arrivée de la XJR-S pour en faire une « sportive »
Sachant qu’à l’origine, elle n’était pas prévue au programme du constructeur anglais. A la base, le XJS était un coupé grand tourisme luxueux et plutôt calme. Bien que motorisé par un V12 de 5.3l pour 285 ch il était bridé par une boitoto à 3 rapports qui devait composer avec un poids qui dépassait les 1800 kg… Difficile d’avoir du sport, même si dans le jeu de l’arrivée Bling Bling, le XJS savait y faire !
A partir de juillet 81, le V12 est revu pour passer en mode High Efficiency. Il gagne 10 ch et arrête de picoler comme un trou ! Enfin deux ans plus tard, on voit arriver un 6 cylindres en ligne de 3.6l pour qui va relancer la carrière du gros coupé. Il ne lui donnera pas des ailes, mais comme il n’a plus d’enclume sur le train avant, le XJS se retrouve aussi performant et plus agile que le V12.
Sur les circuits, Jaguar veut donner une image plus sportive à son gros coupé. D’abord en IMSA à la fin des 70’s, puis en ETCC avec TWR à partir de 1982. La réputée structure sportive de Tom Walkinshaw va se charger du XJS et de son V12 pour lui faire gagner les 24h de Spa et le titre européen en 84. Le partenariat fait des éclats, à tel point que Jaguar et TWR s’associent pour donner naissance à Jaguar Sport.
Forts de ce titre en ETCC, Jaguar et TWR passent alors en sport proto avec le WSCC (World Sports Car Championship). Le succès est au rendez-vous avec le titre mondial en 87 et 88, année où la marque remporte également les 24h du Mans avec la Silk Cut Jaguar XJR-9LM. Pour fêter cette victoire, Jaguar lance en aout 89 une XJS dévergondée par TWR, la XJR-S. Le V12 5.3l n’est pas retouché, il reste à 295 ch. Par contre, la caisse s’habille avec un kit carrosserie et un aileron. En aout 90, alors que Jaguar et TWR sont à nouveau montés sur la première marche du podium des 24h du Mans avec la XJR-12, la XJR-S s’arrête après 326 voitures dont une série spéciale de 100 voitures appelée « Celebration Le Mans ».
Mais ce n’est que pour mieux revenir. Ce coup ci, le V12 est passé à 6.0l et reçoit le renfort d’une injection Zytek et d’une nouvelle gestion. Il grimpe à 333 ch pour 495 Nm de couple. Kit carrosserie, aileron, jantes Speedline en 16′, la nouvelle XJR-S offre enfin un ramage au niveau du plumage. 260 km/h, 0 à 100 en 7,4, 400m en 14,7 et 1000m en 26,9. Même si ça reste loin de ses concurrentes, Porsche 928 GT, Ferrari Mondial ou BMW 850i.
En mai 93, elle quitte le catalogue après avoir séduit 390 clients, dont 50 américains qui auront droit à une exclusive version cabriolet. Entre temps Jaguar et TWR ont finalisé la XJ220 qui, présentée en 1988, est enfin livrée en 92. Sans le savoir, c’est elle, et le gouffre financier qu’elle engendrera, qui mettra un terme au partenariat en les deux. La XJS profitera de son moteur, mis à part qu’il sera légèrement dégonflé à 303 ch.
Il n’empêche qu’au niveau classe, difficile de faire mieux que cette XJR-S ! Ce mélange de luxe, de sportivité, de bestialité, pour profiter d’un V12 qui grogne, lové dans le cuir Connolly et bercé par les effluves de noyer, il n’y avait que Jaguar pour sortir un engin comme ça !
Tout est dit!!!
Reste à parler de la fabuleuse Lister Jaguar XJS 7.0 Le Mans réservée a quelques happy few. Certainement la plus puissante, la plus aboutie et bien sûr la plus rare et donc la plus chère de toutes les XJS V12
On a une fonction recherche qui est plutôt bien foutue…
https://delessencedansmesveines.com/2015/02/lister-jaguar-xjs-7-0-le-mans-le-muscle-car-anglais-photos/
Merci pour cet historique clair, détaillé et passionnant !
Ce donne envie d’en savoir plus sur les autres naissances ou renaissances de ces véhicules qui traversent les temps, dans la même veine.