Porsche Carrera GT – La dernière des Mohicannes…
par Rémi | 16 juin 2020 | Street |
Il y a des caisses qui affichent une puissance de démon, capable de déployer des perfs de missile balistique sur simple appel du pied droit, sous la flotte, et avec une seule main sur le volant. Et puis il y a les autres. Celles où vous devez vraiment vous sortir les doigts. Celles qui ne misent pas tout sur les chiffres. Celles qui ne rigolent pas. Et voici probablement la dernière d’entre elles. La Porsche Carrera GT.
En 2000, au Mondial de l’Auto à Paris, pour la presse comme pour le public, le choc est violent. La Porsche Carrera GT Concept a été développée dans le plus grand secret. La ligne est à couper le souffle. Et surtout, elle ne ressemble pas à une caisse allemande. Seule sa sobriété esthétique la rattache Outre-Rhin. Elle fait le même effet qu’une 904 GTS sur Tim quoi… Et selon moi, il faudra attendre l’Audi A5 en 2007 pour revoir une ligne aussi latine sur une voiture de boche… Enfin une voiture de chleu… Enfin vous avez compris quoi.
En 2003, la Carrera GT débarque sur la route. Son V10 hypercarré cube 5.7L, produit 612 chevaux et hurle à n’en plus finir jusqu’à 8400 tours/min. Ce bloc dérive du V10 qui devait motoriser le nouveau prototype Porsche LMP2000. D’ailleurs, si ce projet est tombé à l’eau, c’est en partie pour débloquer des ronds et financer le développement du Cayenne. Donc dites vous bien que sans le Cayenne, on aurait jamais eu la Carrera GT. Moi je me le répète à chaque fois que j’en croise un. Ça m’aide à contenir la nausée…
Contrairement à la Ferrari Enzo et à la Mercedes-Mclaren SLR, ses rivales toute désignées de l’époque, la Porsche compte trois pédales et une grille en H. Curiosité technique, la Carrera GT embarque un embrayage en carbone-céramique qui permet grâce à un diamètre ridicule (moins de vingt centimètres) d’installer le moteur au plus bas dans le berceau. Cet embrayage en a fait suer plus d’un, et les chanceux qui ont pu essayer la belle allemande rapportent tous à quel point il mord brutalement et déteste qu’on le fasse cirer. Il est aussi connu pour rendre l’âme assez prématurément ; genre au bout de 30000 bornes…
Il va falloir se cracher sérieusement dans les mains pour remuer l’allemande. En cas d’excès d’optimisme, il n’y aura pas d’ESP pour venir sauver votre honneur, voir vous sauver tout court… A l’ancienne on vous a dit ! Seul un antipatinage calibré très permissif et un ABS vous aideront à garder vos quatre roues à peu près en ligne.
En extraire la quintessence demande de sacrées compétences derrière le volant. Walter Röhrl lui même disait que c’est une voiture « à ne pas mettre entre les mains du premier imbécile venu ». Et non, je ne parlerai pas de Paul Walker. Mais bon… La chausser avec de bonnes gommes peut aider à rester en vie avec cette furie…
L’exemplaire que vous avez sous les yeux est plutôt exceptionnel, il se pare d’une teinte Arancio Borealis qu’on a plutôt tendance à voir chez Lamborghini. Original, surtout que la plupart des Carrera GT ont été peinte en gris métallique. Dans l’habitacle, c’est carbone sur le pommeau, le volant et le frein à main. Les étriers de freins eux, sont peints en noir.
Alors ? Est-ce que cette auto est la dernière de son espèce ? Aujourd’hui, les supercars arborent des perfs d’un autre monde, elles affichent une puissance à quatre chiffres, souvent produite par un ensemble hybride, les watts passent au sol par des boîtes à palettes sophistiquées, et tout est tellement encadré que ma grand mère pourrait boucler le Nurb’ avec. Il y a quand même un certain regain pour les boîtes manuelles, les blocs atmo, les propulsions, mais un tel concentré de frisson bien analogique ? On a pas revu depuis la Carrera GT…
magnifique exemplaire
Je pense que cette voiture a aussi été la réponse de Porsche à BMW concernant la Z8. De plus, quasi aucun préparateur ne s’y est attardé (hormis Gembella et sa Mirage GT), preuve qu’il s’agissait bien d’une voiture de course homologuée pour la route. Étonnamment, elle a quand même été produite à 1270 exemplaires; ce qui est énorme pour un collector.