Voyez, autant les caisses des années 30, comme cette Hudson Eight de 1931, j’ai encore un peu de mal. J’ai l’impression qu’elles se ressemblent un peu toutes. J’suis peut être vieux, mais pas encore suffisamment pour savoir les apprécier. Question de génération. Sauf qu’une fois assaisonnée à la sauce Street Rod, ça change pas mal de choses et du coup, notre mamie des 30’s, elle devient quand même vachement sexy !
A partir de 1909, Hudson s’est d’abord fait une réputation en commercialisant des caisses robustes, performantes et fiables. Puis à partir de 1924, avec l’Essex Six, la marque devient plus accessible et populaire. Les Hudson ne sont plus réservées à une élite, les voitures se vendent et la marque passe de 7ème à la 3ème place dans le classement des constructeurs américains. Mais en 1929, la crise économique vient casser les ambitions de Hudson et les ventes s’effondrent.
En 1930, pour essayer de se relancer, on voit débarquer la Hudson Great Eight, une berline luxueuse motorisée par le tout nouveau 8 en ligne Flathead, un bloc de 3,6 l pour 80 ch à 3600 trs. Ne riez pas, l’une d’ente elles va quand même accrocher la 10ème place à l’Indianapolis 500 de 1931. Mais rien n’y fait, les ventes sont en chute libre, la concurrence est de plus en plus rude, plus en plus nombreuse. Hudson décide de reprendre son filon haut de gamme et la Great Height devient Greater Height qui, comme son nom l’indique, propose encore plus de luxe et plus de paillettes ! Le 8 cylindres gagne un peu de cm3 pour passer à 3.8 l pour presque 90 ch.
En 32, le 8 en ligne passe à 4,2 l et envoie désormais 101 ch aux roues via une boite qui, sur option, peut devenir automatique. Mais les ventes continuent de s’effondrer et en 33, après encore quelques modifications, Hudson arrête la production de la Height. Fin du game !
Aujourd’hui, les survivantes sont souvent exposées sous les lumières d’un musée ou d’un salon. Des presque centenaires dont on prend soin. Forcément, il faut une exception et on l’a trouvée avec ce modèle de 1931, passé en mode Street Rod (Comme cette Jaguar SS de 39 ou cette Alfa 6C de 38). C’est en 96 qu’elle a rejoint les ateliers de Bell & Gaines situés à Modesto en Californie. Alors que quelques puristes sont déjà passés en PLS, la vieille Hudson s’est mise à pousser de la fonte.
Parti d’un châssis fait maison, ils y ont d’abord greffé le pont arrière maintenu par des lames ainsi que des roues indépendantes à l’avant avec combinés amortos / ressorts. Quatre freins à disque et des jantes à rayons Zenith plus tard, ils y ont posé la caisse qui, pour l’occasion a été entièrement refaite et habillée en rouge. Chrome, top chop, ailes retouchées et élargies, ça garde le style des 30’s mais c’est devenu plus viril et on voit bien que l’engin cache son jeu. En l’occurrence un V8 de 427ci (7.0l) avec culasses alu, pipe d’admission Edelbrock, carbu 4 corps Weber, allumage MSD, ventilo électrique et ligne complète sur mesure. Plus de 450 ch dans une caisse de 90 ans, ça doit remuer !
Dans l’habitacle, le traitement est aussi clean que simple. Sellerie en cuir beige, moquette épaisse, sono Kenwood, direction assistée, régulateur de vitesse, clim, tout pour cruiser peinard bercé par les ronrons du V8 tranquillement drivé par une boitoto.
Cette Hudson Eight est depuis devenue une sorte d’institution. Déjà rare d’origine, elle le devient encore plus une fois devenue street rod. D’autant plus qu’à chacune de ses sorties, elle rejoint son garage avec un nouveau prix qui vient compléter une collection déjà impressionnante. Et comme nous sommes aux States, même en affichant sa gueule de méchante, elle n’a rien perdu de sa valeur, au contraire elle en a gagné !