’88 Ruf BTR – Comprenez « Bim ! dans Ta Race ! »
par Rémi | 15 septembre 2020 | Street |
Vous voyez tous à quoi ressemble la Porsche 911 Turbo ? Non mais pas l’avion de chasse à quatre roues motrices que c’est devenu, je vous parle de la vraie Turbo, la 930, celle qui fait peur à tout le monde ? Voilà, celle-ci. Et bien chez RUF, en 83, on se dit qu’elle manque un peu de piment… Qu’à cela ne tienne, Ruf va livrer sa propre version de la 911 Turbo : la BTR !
Je vous ai déjà parlé de Ruf récemment, et je dois confesser que c’est un constructeur que je connaissais sans vraiment connaitre. Mais plus je creuse, plus je trouve de quoi rêver. Alors on va gratter encore un peu ensemble. Mais d’abord, revenons un instant en arrière. En 1981 précisément. Et en cette belle année, où Lacan se décide enfin à aller déblatérer ses conneries dans l’autre monde, chez Ruf, on sort les bouteilles. Le gouvernement fédéral allemand vient d’accorder à l’entreprise le statut de constructeur. Là, c’est la cour des grands. Et pour bien montrer qu’ils ne sont pas là pour rigoler, Ruf décide de développer une version turbalisée de la 911. La BTR est dans les cartons !
Elle arrive sur le bitume en 1983. Elle est disponible en carrosserie standard ou large, un peu à l’image des Carrera et Turbo sur la gamme 911. Et la première chose que Ruf s’est empressé de faire à la conception de l’auto, c’est un énorme doigt d’honneur à Porsche… Attendez donc, je vous explique ! La 930 Turbo est équipé d’une boîte 4. Et il faut dire qu’avec ses rapports qui tirent très long, cette boîte étouffe un peu les performances. Donc Ruf avait développé une boîte 5 façon dogleg pour palier au problème. Et cette boîte est bien évidemment montée sur la BTR. Ça tombe bien, le Flat 6 avait besoin d’une compagne à la hauteur !
Et pour le coup, au niveau du gazier, le père Alois a mis tout le monde d’accord. Le 6 à plat à peine réalésé à 3.4L se fait souffler sévèrement dans l’admission par un escargot KKK. Si la 930 Turbo impressionnait déjà avec ses 300 chevaux, la BTR en affiche 374. Hus ! Et avec 480 Nm perchés à 4800 tours, vous aviez pas intérêt à vous faire surprendre par l’arrivée de la patate. Ah ben on est pas sur un turbo moderne, ici, c’est la recette à l’ancienne. T’appuies, et t’attends. « On sert le 23 ! » Tu patientes… « Le 24 ! ». Non, toujours pas ton tour… « Le numéro 25 ! ». Nope… Mais quand ton tour arrives, crois moi, faut pas t’être assoupi « LE VINGT-SIX ! QU’EST-CE QU’ON VOUS SERT !? ».
Mais une fois en pression, la Ruf écrase tout sur son passage. D’ailleurs en 84, au concours World’s Fastest Cars, une BTR a collé la fessée à tout le monde en prenant 300 km/h et en tombant le quart de mile en 13.3 secondes. « Veni, Vidi, Vici… » Ah ! On m’avait prévenu que le latin ça me servirait dans la vie, mais je pensais pas à ça sur le moment… Pour les ignares, c’est une formule qui peut se traduire par « J’ai venu, j’ai regardu, j’ai botté des culs… » Ou quelque chose du genre. Et trois ans plus tard, la même caisse se repointe, et recolle une branlée à du beau monde : Lambo Countach, Ferrari Testarossa, AMG Hammer, personne ne lui résistera… Un avion !
Au final, plus je regarde cette caisse, et plus je me dis qu’elle est bestiale. Surtout avec le flat nose de cet exemplaire en particulier. Le « Flachbau » emprunté à la 935 de course accueille des pop-up qui permettent d’épurer la ligne générale de la voiture.Le nez plongeant ajoute encore à l’agressivité de l’ensemble. Et plus je regarde cette caisse, et plus je la trouve aboutie. Plus je regarde la Ruf BTR, et plus je trouve la 930 Turbo imparfaite. Et croyez moi, il faut sortir du lourd pour me faire dire ça…