Dans l’esprit de la plupart des petrolheads, quand vous parlez de Goodwood, l’association se fait avec le Festival of Speed, organisé chaque année depuis 1993 par Charles Gordon-Lennox, le 11ème Duc de Richmond, dans sa propriété. Pourtant, Goodwood c’est d’abord une base de la Royal Air Force devenue à partir de 1948, un circuit automobile… Servez vous un thé, on va en parler.

Goodwood : Voyage dans le passé 1

L’histoire du circuit de Goodwood est étroitement liée à celle de Freddie March (surnom de Frederick Gordon-Lennox, 9ème Duc de Richmond), dont la famille était propriétaire du domaine de Goodwood depuis plus de 300 ans. A partir de 1936 ce passionné d’automobiles et pilote amateur, organisait une sorte de course de côte sur ses terres où il invitait ses amis et habitants de la région. Lorsque la seconde guerre mondiale éclata, il mis à disposition une parcelle de terrain pour que la Royal Air Force puisse y monter un aérodrome militaire, le RAF Westhampnett, du nom du village qui bordait le lieu. En effet, située dans le West Sussex au sud de l’Angleterre, sa position géographique était un atout précieux, d’autant plus que Sir Douglas Bader la légende de la RAF et héros de la Bataille d’Angleterre, y était rattaché.

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Une fois le conflit terminé, le Duc allait récupérer son bien, mais du coup, avec l’aérodrome qui avait poussé dessus. Il n’en fallait pas plus pur que notre petrolhead eut l’idée de transformer le lieu en circuit automobile, et peut être même lancer la mode dans le pays où de nombreux autres aérodromes ont été transformés de la sorte. Ainsi, le 18 novembre 1948, le circuit de Goodwood allait accueillir 85 pilotes et 15000 spectateurs pour la première course auto après guerre qui allait se dérouler sur le sol britannique. Une cérémonie d’inauguration eu lieu, célébrée par Freddie March qui allait boucler le premier tour de circuit en Bristol 400, la berline sportive de référence. Parmi les vainqueurs de la journée, on compte un certain Stirling Moss, au volant de sa frêle monoplace Cooper 500 cm3 (qui évoluera quelques années plus tard vers la F3).

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Goodwood va peu à peu se faire une réputation au delà des frontière anglaises. Il devient le théâtre d’une course de F1 hors championnat, des Goodwood Nine Hours, une course d’endurance de voiture de sport qui se déroulera de 1952 à 1955 puis le célèbre Tourist Trophy de 58 à 64.

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En 1966, jugé trop rapide, les autorités sportives anglaises imposent aux propriétaires la réalisation de travaux afin de « casser » les lignes droites par des chicanes. Ces derniers refusent. Le 2 juillet 1966, le British Automobile Racing Club organise la dernière course qui va se dérouler à Goodwood. Le circuit n’en devient pas pour autant inactif, trouvant un second souffle auprès des équipes qui viendront y essayer et développer leurs voitures. Mais petite à petit, il tombera dans l’oubli.

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En 1993, Charles Gordon-Lennox – le petit fils de Freddie March – lui aussi grand passionné devant l’Eternel, veut organiser un rassemblement amical de voitures de course, le Festival of Speed. Il pense bien entendu en priorité à Goodwood, une belle occasion de lui redonner vie. Mais le circuit et ses infrastructures ont vieilli et les institutions refusent de lui donner le feu vert. Il en faut plus pour décourager le 11ème Duc de Richmond qui va alors décider d’organiser son Festival of Speed sur sa propriété. D’autant plus qu’il a l’idée de reprendre le tracé de la fameuse course de côte (située sur son domaine) organisée par son grand père dans la deuxième moitié des années 30. En 93, a lieu la première édition du FOS qui depuis, est devenu un évènement incontournable pour tous les amoureux de mécaniques.

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Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car surpris et impressionné par le succès du Festival of Speed, il va alors se lancer dans un projet de restauration du circuit de Goodwood, mais en le refaisant à l’identique de ce qu’il était à la fin des années 50. Les travaux sont terminés pour fêter le cinquantième anniversaire du tracé en 1998. Et pour marquer le coup, c’est Charles Gordon-Lennox qui va à nouveau inaugurer la piste et faisant le premier tour de piste, au volant de la Bristol 400, celle là même qu’avait utilisé son grand père 50 ans plus tôt. Le Goodwood Revival voit alors le jour. Il se déroule chaque année sur un week-end et voit se rassembler toutes les légendes du sport auto qui y ont posé les roues, ou pas, le tout dans une atmosphère absolument unique en son genre où les acteurs du sport auto s’habillent exactement comme à l’époque.

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Goodwood sera aussi, malheureusement comme beaucoup de circuits, le lieu de tragiques accidents. En 62 Stirling Moss y perd le contrôle de sa Lotus Climax 18/21 pour s’écraser contre un talus. Il se remettra difficilement de cette sortie de route et décidera un an plus tard, alors qu’il reprend seulement le volant sur ce même tracé, de mettre un terme à sa carrière. Le 2 juin 1970, le sort sera plus dramatique pour un autre « grand » de la course. Alors qu’il se lançait dans un dernier tour d’essai, la McLaren de M8D de Bruce McLaren quitte la piste et va heurter un poste de commissaire qui aurait du être démonté depuis plusieurs mois. Il sera tué sur le coup.

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Stirling Moss faisait partie des habitués du lieu. D’ailleurs il avouait sans détour que Goodwood était, et de loin, son circuit préféré. Il est le pilote à y avoir remporté le plus de victoires, ce qui lui avait fait gagner le surnom de « Mr Goodwood »

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