En endurance, il n’y a pas que le Mans qui fait les 24h en courses auto, du côté de chez les manias du pétrole en Floride, il y a le Daytona International Speedway inauguré en 1959. Proche de Palm Beach, on ne fait pas que bronzer par le soleil, on crame aussi par la chaleur des moteurs et notamment un flat 6 à refroidissement par air en 1989.
Vous passeriez 24h au volant d’un Kart surchauffé avec pour seule suspension, votre colonne vertébrale ? Depuis près d’un siècle, certains trouvent leurs comptes sur cette idée complètement barrée. En dehors du fait que c’est du sport « assis », c’est peut-être un des plus éprouvants, toutes pratiques sportives confondues. Oui, c’est bien vous que je pointe du doigt les footeux. De nos jours, 4kg sont perdus par pilotes, par courses et sur 4 relais ! Ce qui fait que sur une seule voiture, 16kg de masses corporelles sont évaporées à la fin de la course.
En 1989, à votre avis, que fallait-il pour mettre la raclée aux américains sur leurs propres terrains ? Un « German-Suplex » ? Presque, une Porsche bien sûr ! Et pas n’importe laquelle, une 962-108C équipée d’un valeureux flat 6 turbo refroidi par air de 830ch. Il fallait bien ça pour s’amuser non ? 1ère au 24h du Daytona en Février ’89, 1ère au Grand Prix de Palm Beach 2 mois plus tard et gagnante également au Porsche Cup USA la même année. « Ich glaub’ ich spinne » ! (ce qui se traduirait en français : j’hallucine !)
Conduite par Derek Bell, elle assume fièrement son caractère de gagnante. Derek Bell est ce genre de taré qui gagne 5 fois les 24h du Mans. En 1975 avec Ford et en ’81, ’82, ’86 et ’87 avec Porsche. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg que représente le palmarès incroyable de Bell en endurance sur toute la surface du globe. Au volant des Porsche 962 du groupe C, il devient inarrêtable. Juste pour le fun, en 2017, il est fait citoyen d’honneur de la ville d’Angoulême. Ouais, c’est le bordel.
Cet exemplaire ici présent, la 962-108C, « C » pour groupe C, est celui qui a été le plus rapide de ceux qui ont étés construis entre 1984 et 1991. Sponsorisée par BF Goodrich et Miller Brewing Company, elle met à plat les écuries Jaguar et Nissan avec un plus petit moteur que ses concurrents. Les V8, V6 et V12 n’ont qu’à se rhabiller, le 3.0l flat 6 à air les terrorises comme un lapin devant les phares d’un 4×4. Sa dernière victoire fut celle de Bell en ’89 qui signe la 50ème victoire internationale de Porsche. C’est beau, c’est poétique, ça transpire l’essence par tous les pores et ça sent le chaud comme si on y était.
Affublée d’une livrée dorée, elle fut radiée par les pronostiqueurs comme « non-compétitives ». Ils ont peut-être pas aimé la teinte et ils se sont plantés bien comme il faut ! Bell a montré, en leur mettant le nez dans la merde, qu’il fallait pas se fier aux apparences. Une leçon d’humilité haut gradée et salée comme on aime.
Il faut l’avouer, ça doit chanter très haut dans les décibels. Un flat 6 turbo de 830ch dans les années disco, sur un machin qui doit peser trois David Douillet, ça relève plus de la magie que la 911 à tonton. Une chose est sure, il fallait être sacrément burné pour pouvoir dompter cet engin qui flirte amoureusement avec la mort. Derek Bell savait ce qu’il faisait même après avoir déposé son cerveau avant de pénétrer dans ce tombeau sponsorisé.
Il y a des héros moins connus qui méritent amplement qu’on parle d’eux, entre les Schumacher, les Hamilton, et autres Ragnotti, se cachent parfois des palmarès tout aussi incroyables dont Derek Bell en est l’exemple. Et sa Porsche 962 est au groupe C ce que la 205 T16 est au groupe B. Un objet de musée, une pépite, et même une étoile qui ne meure jamais. La prochaine fois que vous vous ferez une partie sur Forza ou Grand Turismo, pensez à moi et faites un tour sur le Mans ou sur le Daytona au volant d’une Porsche 962 C.
© Mecum Auction / Vidéo © MontyMotorsport
joli tirade sur une auto et un pilote au palmarès éloquent trop peu connu du grand public.
Dire que je l’ai croisé au Mans et qu’il m’a fallu trois secondes pour le reconnaitre, quel naze…