Au milieu des années 90, Renault Sport brille en F1. Son innovant moteur V10 qui équipe Williams puis Benetton squatte les podiums tous les week-ends, c’est l’euphorie à Viry-Chatillon ! Au département rallye par contre c’est un peu moins la teuf… La Clio Gr.A fait plus que se défendre, mais on est loin de l’épopée R5 Turbo : il était temps de réagir !
Pourtant la marque est restée impliquée officiellement, mais elle n’est plus en mesure de jouer les premiers rôles. Pourquoi ? Et bien parce que la réglementation ne joue pas en faveur des constructeurs tricolores ! En effet, depuis la saison 87 ce sont les Groupe A qui tiennent le haut du pavé et chez Renault on n’a pas l’arsenal adéquat.
Contrairement au Groupe B, courir dans cette catégorie nécessite une base produite à au moins 2500 exemplaires par an. Du pain béni pour les constructeurs généralistes, mais vous savez bien que nos marques Françaises manquent souvent un peu de burnes en termes de véhicules sportifs. Fatalement, avec un fer de lance atmosphérique à traction avant, Renault n’allait pas faire grand chose face aux 4×4 turbo reines de la discipline !
Mais en 94 l’horizon s’éclaircit… Soucieuse de redynamiser son Championnat du Monde des Rallyes, la FIA cherche à attirer les grands constructeurs et crée une catégorie aux specs plus souples : les Kit Car. En gros il s’agit de permettre au petites tractions atmo d’aller chercher les grosses 4×4 en leur autorisant un poids rikiki, des trains roulants maousse et une prépa moteur du Seigneur : une aubaine pour Renault dont la Clio va recevoir une bonne dose d’hormones !
J’imagine sans-peine la goutte de sueur qui a coulé de la nuque au SIF de la concurrence la première fois que les boys de Viry ont descendu la bête du plateau : l’engin est carrément bestial ! La petite Wiwi reçoit un bodykit de golgoth : plus 7 centimètres de chaque coté, j’en connais plus d’une qui apprécierait ! Les ailes larges permettent de passer des 17 pouces : vu le gabarit de la Clio, autant dire que c’est scotché au sol.
Ces épaules de déménageur sont accompagnées d’un pare-chocs avant rase bitume très échancré et d’une prise d’air de capot supplémentaire. En haut du hayon trône désormais un becquet massif qui va avoir la lourde tâche de garder le train arrière au sol. Parce que oui, ici on est pas chez Maxi Tuning, donc s’il y a un kit large, c’est que sous le capot un truc un peu plus velu qu’un 1.9d officie !
Renault fait confiance à son bloc F7R pour animer la bête, mais attention, lui aussi a été piqué aux anabos. Doté d’un équipage mobile forgé et gavé par une admission 4 papillons, le 2 litres crache maintenant entre 250 et 270 bourrins selon les evos ! Lourd, d’autant que cette puissance est haut perchée puisqu’elle est délivrée aux alentours de 8500 tr/min.
Et ouais, ça hurle… Les Kit Car atmosphériques ont durablement marqué les tympans de ceux qui les auront vu évoluer au fer rouge. Concernant la transmission, il y a eu plusieurs options que Renault utilisait selon le pilote et la surface. 6 ou 7 rapports, manuelle ou séquentielle, on était un peu en phase de transition à l’époque !
Cerise sur le gâteau, le pitbull Renault est svelte ! C’est pas parce qu’on a des formes qu’on pèse un âne mort : 960 kgs ! Et elle est là la clé du succès : avec son châssis agile, son poids plume et son moulin débordant de haine, le petite Clio compense son absence de turbo et en remontre à bien plus costaud qu’elle !
Aux mains des funambules Jean Ragnotti et Philippe Bugalski, cette petite bombe aura marqué son époque. Une magnifique pompe à feu ultra spectaculaire et intouchable sur asphalte sec !
©Artcurial.com
L’intégration du dash board course dans la console d’origine en dit long sur la qualité de réalisation de cette « bête « officielle.
A combien maintenant le prix de la merveille???