A partir de 1981, l’Audi Quattro va devenir la légende des rallyes, d’abord en Gr.4 puis en Gr.B. Avec son 5 cylindres turbo et sa transmission intégrale, elle transpire le sport et l’efficacité. Sauf que quelques années plus tard, une originale version Audi Quattro Roadster est présentée à l’occasion du salon de Francfort sur le stand d’un certain Walter Treser. Explications…
Après une courte carrière de pilote Walter Treser va devenir le superviseur des essais de Pirelli. Cet ingénieur allemand, spécialisé dans l’automobile et l’aéronautique, finit par rejoindre Audi en 76 où il va endosser le rôle de chef de projet d’une certaine Audi Quattro. En 80 il est à la tête d’Audi Sport en charge du programme des rallyes. Outre d’avoir contribué au développement de la Quattro il va également la lancer en mondial à partir de 81, alors qu’elle est homologuée en Gr.4 (Le Gr.B n’arrivera que l’année suivante et la Quattro y sera homologuée à partir de la saison 83).
Fin 81, il quitte Audi, achète une vieux corps de ferme à seulement 12 km d’Ingolstadt et de l’usine Audi. Il transforme l’endroit en un atelier mécanique, un bureau d’étude et s’y emménage un bureau. Dès 1982, il sous traite pour Audi, accompagné d’une équipe de designers, de modélistes et d’ingénieurs. Mais son véritable projet est d’y développer et de donner vie à ses propres créations.
A l’automne 82, il va alors lancer son projet Roadster. A l’époque, Audi n’a pas de cabriolet dans sa gamme. Treser veut bien combler ce vide, mais sans se contenter de proposer n’importe quel cabriolet. La marque avait montré avec sa transmission Quattro que le public voulait des solutions techniques originales… il allait être à nouveau servi.
Dès le début Walter ne voulait pas d’une vulgaire capote mais d’un toit rigide rétractable afin de conserver les qualités d’un coupé fermé associées au charme d’un vrai cabriolet. Oui, dès 1982, Walter Treser allait moderniser et dépoussiérer le concept du coupé cabriolet inauguré en 1935 par Peugeot avec sa 401 Eclipse.
Après de nombreuses nuits blanches, Treser et son équipe vont réussir à trouver la cohérence entre le toit, sa cinématique et surtout la banquette arrière qui allait permettre de dégager assez de place pour greffer un capot capable de se relever pour accueillir ce toit une fois la voiture décapotée.
L’Audi Quattro Roadster Treser est dévoilée lors du salon de Francfort en 1983, seulement 8 mois après les premiers dessins. La voiture est encensée par le public et les professionnels. Le célèbre designer italien Nuccio Bertone est impressionné : « De nombreuses tentatives ont été faites pour fabriquer un cabriolet à toit rigide. Mais personne n’avait encore trouvé une solution aussi parfaite. »
Pourtant le dessin du Quattro Roadster est particulier. Ouvert, il affiche des proportions normales. Mais une fois fermé, ce long capot arrière déséquilibre visuellement l’ensemble. Une fois le salon terminé, et bien que le budget soit serré, Treser va développer une deuxième variante légèrement retouchée et un chouill’ mieux adaptée aux lignes du coupé.
Audi va accepter que Treser commercialise sa voiture, mais seulement sous sa propre marque. Il va ainsi obtenir l’agrément après de la Federal Motor Transport Authority de Flensburg pour que Treser devienne une marque reconnue en tant que telle. L’un de ses premiers clients ne sera autre que le tennisman français Henry Leconte. Son roadster rouge lui sera livré à Paris en 83.
Histoire de ne pas se tordre dans tous les sens, la voiture a reçu de nombreux renforts. Pour ne pas trop pénaliser les perfs, Treser va jusqu’à proposer une préparation moteur qui fait grimper le 5 cylindres à 250 ch pour un 0 à 100 qui tombe à 6,6 secondes. En 85, Treser à vendu 39 roadster avant que la production soit stoppée. Walter s’est vu proposé un gros chèque par Mazda afin qu’il développe sa technique sur la Mazda 626. Le projet restera secret avant de donner naissance au concept Mazda Sunrise… qui restera concept.
Walter ne s’arrêtera pas en si bon chemin, les comptes remplis par Mazda, il va développer son propre véhicule, un petit roadster à toit rigide, la Treser TR1. Malgré un projet de coupe monomarque – la TR1 Cup – les ventes ne vont jamais décoller. Après 24 voitures vendues, le caisses à nouveau vides, Walter met fin à l’aventure Treser et rejoint Opel en 91 où il va prendre la direction du département sport auto et se charger de transformer la Calibra pour la faire courir en DTM. En 96, il est en charge du Opel Advance Development. Il prend sa retraite au début des années 2000 et en 2005, devient président d’honneur du Treser Club.
Inspire t’il au passage le rival Mercedes pour le toit de ce qui allait devenir le futur SLK??? Possible…