Je trouvais les premiers millésimes de la Ford Mustang un peu trop sages. Manifestement, je n’ai pas été le premier puisque Ford a dégaine dès le millésime 69 pour faire passer son best seller de pony car en muscle car. Enfin, j’ai noté « je trouvais » car quand je suis tombé sur cette Mustang Fastback de 66, j’ai rapidement changé d’avis…
Avant la Mustang, une sportive américaine c’était un paquebot dégoulinant de chrome et d’acier, posé sur un châssis assemblé chez Malabar, elles sont grosses, lourdes, massives, habillées d’ailerons et d’une calandre semblant vouloir dévorer l’asphalte et remuées par un V8 assez gros pour faire avancer le Nimitz ! Sauf qu’elles ont du mal à séduire la génération baby boom qui recherche un peu plus de dynamisme et de modernité.
En 64, Ford leur propose alors sa pony car, une coupé inspiré des sportives européennes. Présentée le 17 avril 64 à la foire mondiale de New York, la Mustang va aussitôt toucher sa cible avec 22000 commandes passée en une journée !
Il n’empêche que la Mustang, va doucement mais surement évoluer au fil des millésimes, pour finir par se transformer de pony car à muscle car, d’autant plus qu’à partir de 66, la Chevrolet Camaro vient rouler sur ses plates-bandes. Plus longue, plus basse, plus musclée… elle devient plus méchante et finit par cacher des big blocks sous son capot.
Aujourd’hui, notre compteur s’arrête donc en 66, l’année du Fasback qui défile sous vos yeux. ‘Fin, s’il a vu le jour en 66, il n’en a gardé que l’apparence… et encore, au niveau de la gueule, on voit que l’engin a pris l’tarif. Le pare-choc avant reprend le style Shelby. Il est accompagné d’une lèvre inférieure qui ne semble pas être là pour faire semblant. L’arrière est plus sobre avec des entourages de feux noirs, un crochet de remorquage et un double échappement qui traverse la jupe arrière. Le capot en fibre, maintenu par des attaches rapides, a pris de la hauteur afin d’évacuer le trop plein de calories. Robe blanche, bandes bleues, fins liserets rouges, en tout cas esthétiquement, le ton est donné !
Au niveau du châssis, fallait rouler plus bas et plus dur. Du coup, là aussi on retrouve c’qu’il faut pour pouvoir envoyer la sauce. Coilovers QA1 réglables dans tous les sens, train avant de Mustang II avec direction assistée, pendant qu’à l’arrière on peut compter sur un Heidt à quatre bras avec barre stab’. Le freinage abandonne le tambours pour des disques et étriers. Enfin tout est posé sur des répliques d’American Racing en 18″ chaussées en Toyo Proxes R888R.
Il fallait bien ça pour ne pas de vautrer au premier virage car l’engin se fait maintenant remuer par un V8 Coyote juste libéré via une ligne full inox. il envoie la cavalerie aux roues arrière à travers une boite 6 manuelle T56 accompagné d’un pont au rapport raccourci et équipé d’un DGL.
Dans l’habitacle, c’est rock’n roll. Un demi arceau a pris la place de la banquette arrière. A l’arrière, on retrouve deux baquets, une clim Vintage Air, une sono Retro Sound, un volant bois, une console centrale alu, un pommeau Ford Racing, des compteurs à éclairage LED et une sellerie… particulière. Un cuir marron avec couture en loange qui recouvre les sièges, les panneaux de portes et une partie du tableau de bord. Particulier mais tellement… américain.
Au final, on est devant une sorte de restomod qui a tué la sobriété pour y rajouter une touche racing. Une Ford Mustang roots qui a pour habitude d’aller se défouler sur l’asphalte chauffé à blanc de Willow Spring. Oui, toutes les ricaines péchues ne se limitent pas aux lignes droites, y’en a qui aiment les virages aussi…
© Liebre via BaT