Pour radicaliser une caisse, la plupart du temps, les constructeurs partent d’un coupé sportif ou d’une GT. Chez Aston Martin, on s’est dit que la grosse berline Rapide pouvait aussi dévoiler tout son potentiel en enfilant un jogging pour devenir Aston Martin Rapide AMR et être capable d’aller chasser la trajo… avec femme et enfants.
Depuis 2009, Porsche fait un carton avec sa Panamera qui s’écoule à plus de 10000 exemplaires par an. L’Allemande a révolutionné le marché des berlines premium sportives. A tel point que chez Aston, on se dit qu’il y avoir moyen de venir grignoter un peu de part du gâteau. La Rapide va donc être la réponse de Gaydon à Stuttgart. Mais pendant que la Porsche proposait une entrée de gamme accessible, Aston préférait rester élitiste, ciblant 2000 ventes par an…
Rien ne sert de tourner autour du pot… la Rapide sera un échec commercial. ‘Fin, toutes proportions gardées ! Elle n’a pas rempli les caisses outre mesure, mais si elle est restée au catalogue jusqu’en 2020 c’est qu’elle ne les a pas non plus vidées… dans le business, on dit alors qu’il s’agit d’un investissement pour développer le capital sympathie et l’image de marque.
Sa conception avait été intelligente en recyclant un maximum d’éléments de la gamme, empruntés aux DB9, DBS et Vantage. La berline repose sur la plateforme V/H en alu et carbone qui a juste été rallongée de 25 cm, accueillant à l’avant le V12 5.9 l de 477 ch. En 2013, elle devient Rapide S et voit son V12 passer à 558 ch. Malgré son poids qui dépasse les deux tonnes, et son gabarit, la grosse berline sait de montrer sportive et efficace, sans non plus jouer à la ballerine… ce n’est pas une Lotus non plus. M’enfin celui qui veut se défouler sur circuit ou sur une petite route sinueuse, il achète pas un Rapide… sinon, c’est qu’il a rien compris aux paroles !
Et pourtant… en 2018, alors que la Rapide s’apprête à prendre sa retraite, Gaydon décide d’y offrir un bouquet final. Un genre de pot de départ avec strip-teaseuses et alcool qui coule à flots ! Une série limitée de 210 Aston Rapide AMR… Aston Martin Racing.
La recette est la même que pour une bonne GT3… moins de poids, plus de watts, un châssis optimisé et le look qui va bien. Pour le premier, on abuse de carbone, juste histoire d’annoncer 1990 kg. Pour le second, une nouvelle admission et une ligne plus sonore libèrent le V12, qui passe maintenant à 603 ch et 630 Nm. La boite est accompagnée d’un DGL. Une nouvelle gestion des suspensions rabaisse la caisse et un freinage carbone/céramique de charge des excès d’optimisme. Le châssis est posé sur des jantes forgées en 21″ chaussées en Michelin Pilot Sport.
Enfin, l’aéro est revue avec une face avant modernisée, avec une calandre grillagée, un spoiler spécifique avec deux anti-brouillards ronds. Une lame inférieure avant coure également sous les bas de caisse avant de se terminer sur un diffuseur arrière. Le coffre est surplombé d’un ducktail en carbon qui vient apporter un peu d’appui… Dans l’habitacle, c’est carbone apparent et baquets Alcantara. Pour le reste, hors de question de sacrifier l’équipement… peut être sur demande. Du sport oui, mais une Aston doit rester une Aston. Bien entendu les peintures de guerre sont là puisque quelle que soit la couleur, les bandes et liserets inférieurs seront présents pour afficher le pedigree de l’engin.
Et quel pedigree… 0 à 100 en 4,4 secondes avant de scotcher l’aiguille à 330 km/h, bercé par les hurlements du V12 et les chansons des gosses en train de bouffer des biscuits au chocolat, sagement installés dans les baquets arrière… car malgré les apparences et les chiffres, l’Aston Virage AMR reste une berline avec tous les avantages qui vont avec. Sauf que là, papa peut aller s’amuser s’il en a envie. Alors bien sûr, une RS7, une M5, Panamera Turbo ou une E63 S AMG iront plus vite et seront probablement plus efficaces (j’ai pas dit légère), mais niveau classe…
Entre deux qui sait pas de quel coté il veut aller véritablement!!!