Si la Ford Mustang est née Pony, elle est vite devenue Muscle puis… plus rien. Dès le milieu des 70’s, les normes antipollution allaient lui couper les pattes. Et à partir des 80’s, elle devenait aussi puissante qu’un tracteur. Un tromblon… si ce n’est que Ford va demander à McLaren d’aller y chercher des noises et donner naissance à la Mustang McLaren M81.

Ford et McLaren, c’est une longue histoire. Depuis 1966 qui a vu la naissance de l’écurie McLaren en F1, le constructeur à l’ovale bleu se charge de motoriser les monoplaces anglaises à coup de V8 revus chez Cosworth. Ce ne sera qu’en 83 que les V6 Turbo de chez TAG Porsche viendront le remplacer.

Du côté de chez Ford, depuis 1964, avec sa Mustang, la marque a lancé une nouvelle mode, celle des pony cars. Si ce n’est qu’au fil des millésimes, elle devient plus grosse, plus puissante et finit par glisser doucement dans la catégorie des Muscle Cars.

En 1970, entre les assureurs qui ne veulent plus couvrir les muscle cars et le gouvernement américain qui signe le « clean air act » pour sauver les ours et la banquise (40 ans plus tard on s’dit qu’ils avaient bien fait de brider les bagnoles, on voit les résultats !), c’est la fin de la récré. Les constructeurs doivent revoir la copie afin de rendre leurs sportives sûres et propres… autant dire que la messe est dite ! Les « survivantes » ne vont alors devenir que l’ombre d’elles mêmes. Les gros V8 sont bridés de tous les côtés, leurs rendements deviennent agricoles et les puissances chutent à en devenir ridicules.

Chez Ford – comme chez les autres constructeurs – les ventes de Mustang se cassent la gueule. A Detroit, on prend alors la décision de transformer la sportive en sorte de coupé compact et premium qui s’la joue européenne puisqu’elle est maintenant basée sur le châssis et les moteurs de la Capri… si ce n’est le V8 Windsor qui reste de la partie, un 4.9 l de… 140 ch ! Autant dire que niveau sport, c’est aussi excitant qu’un épisode de Derrick !

L’arrivée de la nouvelle génération en 78 n’y changera pas grand chose. Celle qu’on va surnommer la Fox affiche des lignes un peu plus viriles même si sous le capot, c’est toujours le calme plat. Un 4 cylindres 2.3 l atmo de 88 ch et turbo pour 130 ch, le V6 Cologne de 110 ch et un gros V8 de 5.0 l de 140 ch… à s’tailler les veines !

Pendant c’temps là sur les circuits, Ford et McLaren joue la gagne en F1. Depuis 72, l’écurie anglaise est dans le top 3 au championnat du monde, elle a même raflé le titre en 74 avec Emerson Fittipaldi. Il n’en faut pas plus pour donner un idée à l’état major de Ford. En 1980, une Mustang 2.3 l Turbo se retrouve chez McLaren dans le but de la rendre plus méchante…

Pour cela ils vont commencer par revoir le châssis. Suspensions Koni réglables, voies élargies, jantes larges BBS en 15″ chaussées en 255/55, kit large, lèvres avant et arrière, capot aéré, livrée bicolore noire et orange… dehors la Mustang devient impressionnante. Dedans, c’est pareil… les baquets sont signés Recaro, le tableau de bord reçoit des manos Stewart Warner et un demi arceau boulonné homologué SCCA remplace la banquette arrière.

Avec une telle gueule, fallait du copieux sous l’capot. Le 4 cylindres 2.3 l Lima voit son turbo souffler à 0,7 bars, sa culasse est revue, l’alimentation aussi et la ligne est libérée. De quoi le faire passer de 130 à 175 ch. Avec un peu moins de 1200 kg sur la balance, la bestiole mange le 0 à 100 en tout juste moins de 10 secondes… et shoote le 400 m en un peu plus de 17. On est loin des chronos d’un muscle car !

Ford prévoyait d’assembler 250 Mustang McLaren M81 (McLaren, millésime 81), il n’y en aura que 10. En même temps, à 25000 $ le bout, en 81, ça piquait ! Malgré sa gueule impressionnante et son nom qui cherchait à impressionner, les 175 ch allaient avoir du mal à séduire. Ford et McLaren voulaient créer un sportive, ils accoucheront d’un bide commercial, un foirage historique… mais un futur collector !

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