Quand la 3ème génération de Mustang débarque en 78, le pony car n’est plus qu’un coupé devenu une sorte d’ersatz luxueux et sportif. Sportif juste dans le style puisque sous le capot, les plus exigeants devront se contenter de 150 ch pour la version la plus virile. Et malheureusement, la Mustang GT Enduro n’y changera pas grand chose…

Du pur sang au renard !

En 78, la Mustang rentre dans sa génération Fox. Ford a voulu la poser sur un châssis commun à d’autres Ford, Lincoln et Mercury. Une façon de réduire les couts de développement et de production. Pour ne rien arranger, depuis 77, tous les constructeurs doivent adopter la nouvelle réglementation du Clean Air Act qui voit les normes antipollution castrer les V8 de Détroit et leur offrir un rendement agricole ! C’est la fin des Muscle Cars en particulier… et des sportives ricaines en général. Pour la Mustang, ce n’est que la pathétique continuité d’une sale blague qui a débuté en 73 avec l’arrivée de la deuxième génération.

Toucher rectal…

Pourtant, si la route voit débarquer des Ford Mustang aussi excitantes qu’un toucher rectal, sur les circuits nord américains et les dragships, elle sait encore séduire les pilotes. Ils y greffent des quadruples corps, swappent des big blocks et des ponts courts pour la dévergonder.

Marketing

Chez Ford, on va alors surfer sur la vague. Et si les Cobra et King Cobra jouent aux pseudos sportives, le constructeur n’est pourtant pas avare d’idées pour débrider sa gamme. En 80, c’est McLaren qui va se charger de rendre la Mustang un peu plus énervée (mais juste un peu). Deux ans plus tard, Ford lâche trois protos, deux rouges et un bleu, et les baptise Mustang GT Enduro.

Pas là pour rigoler !

Les voitures reprennent le kit carrosserie en fibre qui équipait déjà les McLaren, kit imaginé et produit par Iron Horse. Il comprend les monstrueuses extensions d’ailes, l’aileron de type ducktail, la jalousie sur la lunette arrière et une face avant complète comprenant le capot, le pare-choc et les phares sous plexi. Aux quatre coins on retrouve des jantes BBS Mesh de 15″. Le châssis reçoit un kit de renfort et la suspension est maintenant signée Koni avec amortos, ressorts et barres stab’. Le freinage s’appuie sur 4 disques.

Débridé

Sous le capot, le V8 5.0 l est passé par la case AMS en Pennsylvanie. Le préparateur y a greffé des bielles et pistons forgés TRW, des arbres à cames CompuCam, de nouveaux culbuteurs, une nouvelle pipe d’admission ainsi que des collecteurs et lignes complètes de chez ANSA. Niveau puissance, Ford n’a rien annoncé… les théories les plus folles circulent, allant de 300 à plus de 400 ch. C’qui est sûr c’est qu’une fois débarrassé de ses brides, le 302 ci avait de quoi faire fondre les gommes. D’ailleurs les watts filaient aux roues arrière via une boite 5 manu BorgWarner associée à un pont court et un différentiel à glissement limité de chez Ford Motorsport.

Ambiance racing

Dans l’habitacle, l’ambiance est devenue plus virile. A l’arrière un arceau 4 points s’occupe de renforcer la caisse. La banquette a été conservée, si ce n’est qu’elle reprend le style des baquets Recaro LS avec harnais Simpson qui se chargent d’accueillir le pilote et son passager. La finition et l’équipement sont équivalents à une Ghia, complétés d’un volant cuir Racemark, d’un kit de manos Stewart Warner « Stage III », d’un levier de vitesse et pommeau SVO et d’une sono Blaupunkt de 200 W.

Sans suite…

Une fois devenue GT Enduro, la banale Mustang se transforme en véritable sportive et elle ne cherche absolument pas à le cacher. Pourtant, Ford n’ira pas au delà des trois voitures assemblées qui serviront de faire valoir marketing. On va même fini par s’en séparer… et aujourd’hui lorsqu’une d’entre elles pointe le bout de sa calandre, forcément, ça fait parler !

© Ryan Merrill via RM Sotheby’s