Lamborghini Diablo, Zinedine Zidane, Pamela Anderson… Voici grosso modo les 3 posters que l’on retrouvait à coup sûr dans une chambre d’ado mâle à la fin des 90’s. Vu que les ballons ronds ne sont pas la ligne éditoriale de la maison, je vais vous parler de la Diablo et vous laisse le soin d’aller vous documenter ailleurs pour le reste…
La firme de Sant’ Agata dévoile la Diablo en 1990. Cette incroyable Supercar a la lourde tâche de remplacer la légendaire Countach, à la fois au sommet de la chaîne alimentaire automobile et sur les murs des chambres d’ados. Mission dont elle s’acquitte avec brio, en effet, Lamborghini n’y a pas été de main morte et le nouveau taureau de combat pulvérise la concurrence. Mais voilà, en cette fin de XXème siècle, le monde accélère, et la Diablo ne tiendra sûrement pas le haut du pavé pendant 16 années comme sa grande sœur, il faut réagir !
En 1995, la situation est assez morose dans la banlieue de Bologne. Le consortium Indonésien qui a repris la marque l’année précédente se débat avec des chiffres de ventes faiblards et cette absence de rentabilité empêche de lever des fonds pour renouveler la gamme… Mais chez Lambo, on est habitués aux fins de mois difficiles et on sait comment les gérer : on accommode les restes avec un pot de sauce qui trainait au fond du placard. La série spéciale SV, pour Spinto Veloce, est née !
Bon, déjà c’est quoi ce blase incroyablement claqué ? Appeler une voiture de sport « Super Rapide », c’est un peu comme si Dacia nous pondait un Lodgy « Caisse de Beauf »: c’est une Lapalissade niveau grande section de maternelle. L’affaire semble mal engagée. Sur le plan esthétique, pas de quoi se rouler par terre non plus : deux stickers SV et une version XXL de l’aileron que Peugeot montait en option sur les 405 Srdt. On est clairement dans le lowcost, heureusement que de splendides jantes OZ en 18″ relèvent le niveau. Enfin, la Diablo étant déjà passablement monstrueuse d’origine, y avait-il besoin de plus ? Allons voir si les ingénieurs ont été payés en tickets resto comme les designers…
J’ai passé sous silence une spécificité esthétique de la SV : les deux grosses prises d’air qui pointent au dessus de l’habitacle. Manifestement le V12 a besoin de respirer plus que d’habitude ! La majestueuse cathédrale mécanique de 5.7 litres a été un peu dépoussiérée et sort désormais 520 poneys, presque 30 de plus qu’une Diablo « standard ». Autre différence par rapport à la VT, elle abandonne la transmission intégrale pour redevenir une simple propulsion, perdant au passage un peu de poids et gagnant en radicalité.
La radicalité, voilà la philosophie de la SV. Elle crache sa rage via une boite manuelle 6 rapports accompagnée de son légendaire embrayage fusible. Ses 520 chevaux semblent banals aujourd’hui, à l’époque c’était dingue, plus encore quand on pense à l’absence de toutes aide électronique moderne permettant au premier émir Qatari venu de se prendre pour un pilote !
Les portes en élytres, signature visuelle que l’on retrouvera plus tard sur de nombreuses Golf TDI du coté de Lens, s’ouvrent sur un habitacle dépouillé mais luxueux : cuir noir, baquets composites, c’est racing mais élégant. Touch of class, la hifi embarquée watte via un ampli Alpine… V12 !
Cette SV est une fin de race, la dernière d’avant Audi, qui amènera avec elle sa rigueur Germanique. La dernière avec un ADN 100% Lamborghini : Belle, performante et dangereuse. Et c’est ça qui l’a conduite sur les murs des chambres d’ados, son aura à la fois fascinante et intimidante… Comme l’a si bien résumé Richard Hammond en essayant l’Aventador : » Je me demande si une Lamborghini qui n’essaie pas de me tuer m’intéresse vraiment ? «