A Munich, avant elle, il y avait la BMW E3… Avec elle, il y aura la nouvelle BMW série 7, la famille des pullman venait de voir le jour. Et pour ne pas troubler les fidèles amateurs de sport, la BMW 745i allait proposer un 6 en ligne gavé au turbo pour aller chasser les étoiles de l’autobahn…
La BMW E3 (Bavaria aux USA) avait déjà bien posé les jalons. Elle montrait qu’on pouvait endosser le costume de berline haut de gamme sans pour autant sacrifier les performances. On peut même dire sportive puisque la grosse berline des 70’s (l’équivalent d’une A4 actuelle) accusait presque 200 ch et 1470 kg pour sa version la plus dévergondée. Au début des années 70, ça tenait en respect quasiment tout ce que vous croisiez sur la route.
Du coup en 77, quand BMW lance sa nouvelle E23, elle allait remplacer la E3 et inaugurer la famille des série 7. Plus grosse, plus premium, plus pullman, elle sacrifiait une partie du côté sportif pour venir se mette sur la route de la Mercedes W116 et attendre de roues fermes l’arrivée de la W126. Le combat s’annonce dans la catégorie poids lourds. Alors qu’à Stuttgart on mise déjà sur un V8, à Munich, on n’a qu’un 6 en ligne à se mettre sous le capot. Mais quel 6 en ligne, celui qui fera entrer la marque dans légende. Le M88 est en passe de sortir des bancs d’essai…
Pourtant, ce n’est pas lui qui ira animer le cul de la série 7 la plus virile, sauf en Afrique du sud, mais j’vous ai déjà raconté son histoire ! Sous le capot de la reine de la file de gauche, du M30 dans tous les sens… 2.3l, 2.5l, 3.0l, 3.2l, 3.5l… et un original M102 (qui deviendra ensuite M106) qui trônera tout là haut dans la BMW 745i. Vous pouvez d’ores et déjà prendre contact avec un mandataire auto car le bestiaux s’avère rare sur nos routes… Et si vous en trouvez un, furyroad.fr vous expliquera tout c’qu’il faut savoir pour l’homologuer et l’immatriculer. A partir de ce moment là, ce sera bienvenu dans le monde des haut de gamme. Vous pourrez profiter du 6 en ligne qui cube à 3.2l (il passera à 3.4l sur le M106) et est gavé par un turbo (le premier 6 en ligne turbo de la marque), d’où son nom. Eh oui, en fait, BMW a appliqué, comme en sport auto, le coefficient de 1,4 qui s’appliquait à l’époque sur les moteurs turbalisés. 3,2 x 1,4 = 4,48. Allez, vous m’arrondissez ça à 4,5 et vous y collez un 745 sur le cul, et avec un i parce qu’il y a une injection. C’est 252 ch qui déferlent sur les roues arrière via une boitoto ZF à trois rapports (le M106, en aura 4).
Avec plus d’1T700 sur la balance, n’allez pas essayer de la comparer avec une valseuse. Y’a pas forcément de sport. Ca marche, c’est posé sur ses appuis, ça tient la route, mais le poids, les lois de la physique et la boitoto sont là pour vos rappeler que c’est pas vraiment taillé pour les spéciales. Pourtant les 252 ch sont bien là, élevé par un turbo en mode on – off… Attention aux déhanchés ! Parce que d’origine, la grosse série 7 fait passer ses watts via des Michelin TRX en 220/55 VR 390… ça équivaut à du 15″ et demi… ouais, le TRX et ses spécificité !
Celle qui vous chauffe depuis le début de l’article, une 745i de 83, sort de restauration complète. Moteur (le M106), turbo, boite, freins, tout a été refait à neuf. Comme souvent, en y étant, et quitte à se délester d’un gros paquet de caillasse, autant se faire plaisir. La teinte Alpine White est celle d’origine, maintenant interrompue par un discret liseret noir latéral… le truc anodin mais qui change beaucoup de choses. Tout comme les nouvelles roues, de magnifiques Hartge (forgées chez OZ) en 8,5 x 17″ chaussées en Sumitomo affichant 235/40 et 255/40. La châssis est d’origine, seuls des barres stab’ réglables ST ont été posées et une barre anti-rapprochement prend place au dessus du bloc.
Le 3.4l turbo a retrouvé tous ses chevaux, 252 comme pour le 3.2l. En effet, quand les ingénieurs l’ont fait passer de M102 à M106, ils l’ont rendu plus souple mais n’ont pas voulu lui rajouter des watts, jugeant que les 252 étaient probablement suffisants. En attendant, les seules modifications sont sobres… Des flexibles avia pour le freinage, une gestion de la boite auto revue, un DGL, un filtre à air K&N dans la boite d’origine et une ligne libérée. Basta.
Pour le reste, il faut passer dans l’habitacle. Mais là encore, du clean, sans bouleverser l’alignement des planètes. Le cuir beige clair est d’origine et a juste été traité pour retrouver sa souplesse d’antan. Surtout que la caisse était équipée des rares sièges sport Scheel-Mann proposés en option. On note aussi le volant M en cuir noir, avec les coutures bleues et rouges ainsi que le centre vintage.
En tout cas, cette 745i E23 est juste parfaite. Classe, différente, sans tomber dans le « trop » ou le « pas assez ». Puis à un moment, merde ! autant se faire plaisir. Surtout que la E23 voit sa côte exploser. C’est l’heure d’en profiter… avant qu’il ne soit trop tard.
© RonP et ronhogan108 via BaT
Salut !
Excellent article mais j’aimerais y apporter une petite correction :
« Sous le capot de la reine de la file de gauche, du M30 dans tous les sens… 2.5l, 2.8l, 3.0l, 3.2l, 3.4l »
Car il n’y a pas eu de M30 en 2,3L contrairement au M20 (qui équipe la fameuse E21 323i), le plus petit sur la E23 est un 2,5 qui équipe les 728iS, S pour Spéciale, car elle faisaient 12 chevaux fiscaux contre 14 pour une 728i. Et les 735i étaient en réalité équipées d’un M30B34, il faudra attendre la E32 et la E34 pour voir des M30B35.
Merci beaucoup pour cet article sur la E23, une voiture que j’affectionne particulièrement, je possède 2 728i bien plus ghetto que la magnifique 745i présentée ici. 😉