Bon ok, cette Ford c’est un peu un truc de boomers, car eux seuls auront pigé la référence dans le titre… Mais c’est justement ce qui la rend intéressante. Cette Mustang de rallye a compté parmi ses jockeys un sacré petrolhead : l’idole des jeunes, monsieur Johnny Halliday ! Ceux qui trouvent ça ringard, allez écouter Pomme et Biolay sur votre trottinette électrique.
Sacré petrolhead oui, puisqu’au cours de sa longue carrière, le plus franchouillard des rockers aura claqué un bon paquet de blé dans les bolides à 2 ou 4 roues. Normal après tout, les grosses cylindrées sont une des pierres angulaires de la rock n’ roll attitude ! Ce que l’on sait moins, c’est que malgré le nombre de caisses pliées ayant fait les choux gras de la presse people, notre Johnny national avait un sacré coup de volant.
Johnny signe fin 1966 un contrat publicitaire avec Ford France. Un opération win/win, puisque le constructeur souhaite bétonner l’image glamour de sa Mustang, déjà mise en vedette par Claude Lelouch dans son film « Un homme et une femme », et que la carrière du chanteur traverse un creux : il doit faire parler de lui pour autre chose que son divorce et ses emmerdes avec le fisc !
Le deal prévoit de lui faire disputer le Monte Carlo 67 comme coéquipier d’Henri Chemin, PDG de Ford France, mais également qu’il fasse l’acquisition d’une Mustang Groupe 1 et s’engage dans au moins trois épreuves à son volant : c’est cette auto que vous avez sous les yeux.
Ce coupé 67 Wimbledon White reçoit une livrée racing aux couleurs de l’écurie Ford France, le capot et le panneau arrière virent au bleu et une bande racing tricolore court du toit au coffre. Posée sur ses jantes tôle noire elle transpire la compète et ce n’est pas de l’esbrouffe : on a affaire à un vrai pur sang !
Elle reçoit le V8 390ci, le plus gros proposé par Ford sur la Mustang à l’époque. Le big block de Dearborn cube 6,4 litres et sort 330 poneys d’origine. Mais celui-ci sûrement un poil plus, car la caisse est passée dans les ateliers d’Holman & Moody, préparateur renommé spécialiste de la marque à l’ovale bleu. Équilibré, poli et réalésé, le bouilleur est prêt à en découdre.
Le dresseur de chevaux sauvages s’est également occupé du châssis. Ouais, la caisse est quand même destinée à la compétition routière et nous savons tous que les standards en terme de tenue de route ne sont pas les mêmes dans le Nouveau Monde que sur le Vieux Continent ! La belle est donc légèrement rabaissée et posée sur des amortisseurs Koni.
Le bébé est ensuite refourgué au Garage GAO qui se charge d’adapter un poil la ponycar Ford à la pratique du rallye. Alternateur renforcé pour alimenter les gros oscars, batterie de manos Jaeger pour veiller à la santé du bloc et… C’est tout ! Oui, à l’époque la sécurité n’était pas une priorité : when sex was safe and motorsports were dangerous !
En même temps c’est normal, le Groupe 1 est à l’époque la « petite » classe, où les modifications par rapport au modèle de série demeurent légères. Oui, on est pas con chez Ford, c’est sympa de mettre un chanteur sur la piste, mais s’il y reste je vous raconte pas le bad buzz… Restons raisonnables !
L’opération fût un réel succès, médiatique et publicitaire, la presse ayant largement couvert les aventures motorisées de la vedette, mais aussi sportivement. Et oui, il avait beau être débutant, Johnny n’a pas laissé sa part aux chiens. Disputant deux courses de côtes et les Coupes ACIF à Monthléry, il a emmené par deux fois la belle américaine à la seconde place de son groupe ! Not bad pour un chanteur à minettes…
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