« La Porsche 924 ce n’est pas une vraie Porsche ! Déjà elle a un moteur à l’avant… en plus, il est d’origine VW ou Audi, j’sais plus. Puis avec seulement 125 ch, c’est une daube qui s’traine le fion. Pfffff, elle arrive même pas aux bielles d’une 911 ! Hein ? Quoi ? La Porsche 924 Carrera GTR ? Connais pas ! Mais ça doit rien changer, une merde reste une merde »…
Voilà grosso modo comment réagissaient les talibans Porschistes dans les 70’s et 80’s et les trépanés Facebookiens de nos jours, obligés d’exposer le vide sidéral qui habite le creux qu’ils ont entre les oreilles. Car même si la Porsche 924 avait des origines roturières (qu’elle n’a jamais cherché à cacher d’ailleurs), elle a su en remontrer à de plus sportives qu’elle.
En tout cas, en 1975, Porsche prend un nouveau pari. Alors que la 911 Turbo entre en jeu, la marque décide d’abandonner la 914 et son Flat central arrière, pour miser sur la 924 avec son 4 pattes devant et sa boite derrière, inaugurant l’architecture transaxle à Zuffenhausen. Une fois encore, les talibans 911 vont la condamner avant même qu’elle ait eu le temps de faire ses preuves…
Il n’empêche qu’elle va permettre aux sportifs d’accéder à la marque mais aussi trouver son salut de l’autre côté de l’Atlantique où depuis le milieu des 60’s, les américains qui voulaient rouler différent, préféraient miser sur les sportives et GT européennes plutôt que sur les gros muscle cars élevés à Detroit. Le phénomène s’amplifie encore plus au début des 70’s avec l’arrivée de la crise pétrolière mondiale. Les petits blocs énervés prennent l’ascendant sur les gros V8 bridés. Forcément, la Porsche 924 va y trouver sa clientèle.
C’est d’ailleurs grâce au marché américain que la 924 va rapidement se retrouver avec un turbo sous son capot à partir de 1978. En effet, les normes antipollution américaines étant de plus en plus contraignantes, la turbine KKK K26 s’est avérée être une solution pour gagner des watts sans énerver la grand mère de Greta. Si en Europe la 924 Turbo affiche 170 ch, aux USA, elle doit se contenter de 150 ch… normes obligent !
Mais revenons à Zuffenhausen où une vraie Porsche est une Porsche qui lime l’asphalte des circuits. Alors si la 911 y a forgé son image, il n’y a pas de raison pour que la 924 n’y arrive pas. Un programme va lui être alloué dès la sortie de la 924 turbo en 78 avec pour objectif un engagement aux 24h du Mans pour l’édition de 1980. Mais pour cela, il faut décocher le ticket d’entrée en Gr.3 et Gr.4, et pour cela produire 400 voitures qui serviront de base d’homologation.
En septembre 79, la Porsche 924 Carrera GT est dévoilée lors du salon de Frankfort. C’est une turbo hypertrophiée, renforcée, musclée, allégée et shootée à 210 ch. Elle va donner naissance à 59 Porsche 924 Carrera GTS, plus puissantes (245 ch), vidées, arceautées… 44 seront homologuées route et 15 deviendront des Carrera GTS Clubsport, versions radicales (280 ch pour 1060 kg)) prêtes à courir et qui serviront de base à la GTP, sa version course, dont le 4 cylindres 2.0 l turbo sera boosté à 320 ch et le poids baissé à 945 kg. Elle débarquera dans la Sarthe en juin 1980, bénéficiant d’une faveur de la FIFA et de l’ACO puisque les 400 exemplaires n’ont pas encore été tous assemblés. Les trois voitures engagées verront toutes le drapeau à damier, bouclant le tour d’horloge aux 6ème, 12ème et 13ème places.
Et la GTR dans tout ça ? Elle entre dans le game l’année suivante. Elle aussi découle de la Carrera GTS. Elle aussi reprend les specs de la GTP, si ce n’est que son petit 4 cylindres de 2.0 l est chargé à bloc (d’où le titre… ouais ils sont bons chez DLEDMV !). Il développe 380 ch alors que le poids chute encore à 930 kg. 17 voitures vont voir le jour pour aller courir en catégorie IMSA GTO en Europe, au Japon, aux States… catégorie qu’elle remportera aux 24h du Mans (7ème place au général) ainsi qu’au championnat IMSA aux USA. Elle renouvellera son titre en GT la saison suivante avant que Porsche décide de stopper son programme, préférant désormais tout miser sur le nouveau Gr.C. Une page se tourne, même si la 924 n’a pas changé son image auprès des porschistes, elle a quand même prouvé qu’elle n’usurpait pas son blason. D’autant plus que cette grande famille 924 Carrera GT, inspirera les ingénieurs pour le développement de la 944.
La plus noble de l’espèce nous est présentée içi!!!